Publié le 2 décembre 2025 dans Actualités
Les 22 et 23 octobre 2025, Paris a accueilli la 4ᵉ Conférence ministérielle des diplomaties féministes, réunissant 450 personnes issues de 55 pays, 27 organisations internationales et plus de 100 ONG. Sous la présidence de la France, cet événement a marqué une nouvelle étape dans la construction d’une coalition internationale en faveur de l’égalité de genre, rassemblant à la fois les pays ayant déjà adopté une diplomatie féministe, et des États engagés ou souhaitant s’engager dans cette approche. La conférence s’est distinguée par sa forte représentation géographique, couvrant tous les continents et illustrant la portée mondiale du mouvement pour les droits des femmes. Elle s’inscrit dans la continuité des conférences précédentes tenues en Allemagne (2022), aux Pays-Bas (2023) et au Mexique (2024).
La conférence s’est conclue par l’adoption d’une déclaration conjointe, signée par 31 États, un texte ambitieux pour la promotion de l’égalité de genre et des droits des femmes et des filles. Parmi les avancées majeures, quatre nouveaux pays rejoignent le Groupe des politiques étrangères féministes (FFP+), dont le Maroc, le Royaume-Uni et le Népal, tandis que le Sri Lanka a annoncé son intention d’adopter une diplomatie féministe.
La déclaration réaffirme l’importance des engagements historiques et internationaux tels que la Plateforme de Beijing, la CEDAW, les Objectifs de développement durable et l’Agenda femmes, paix et sécurité. Elle rappelle également l’engagement des États à parvenir à des résultats ambitieux en matière d’égalité de genre et d’autonomisation de toutes les femmes et filles, en lien avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), l’Accord de Paris sur le climat, la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, tout en réaffirmant leur ferme soutien aux principes du Pacte pour la prospérité, les peuples et la planète (4P).
Les États signataires s’engagent à agir ensemble pour :
La déclaration réaffirme également l’importance du multilatéralisme face à la montée des crises et aux atteintes au droit international.
La conférence marque une étape supplémentaire dans la construction d’un mouvement diplomatique progressiste, capable d’unir un nombre croissant de pays autour de l’égalité de genre. La prochaine édition se tiendra en Espagne en 2026, poursuivant le travail collectif pour l’égalité de genre et l’autonomisation de toutes les femmes et filles.
Elle a montré que la diplomatie féministe n’est pas un concept isolé et a été la preuve tangible qu’un nombre croissant de pays peuvent s’unir, formant un mouvement international progressiste, prêt à défendre et promouvoir les droits des femmes face à la montée des conservatismes et au backlash mondial.
La société civile a joué un rôle central avant et pendant la conférence. En amont, près de 150 organisations ont publié une déclaration commune, formulant recommandations et attentes pour traduire les engagements politiques en actions concrètes. Pendant la conférence, elles ont rappelé que la diplomatie féministe ne peut se limiter aux déclarations : le financement durable, la participation effective et le suivi rigoureux sont essentiels pour transformer les engagements en résultats tangibles.
La pré-conférence “Avec Nous / Pour Toustes”, organisée par un collectif d’associations féministes de solidarité internationale a permis aux organisations féministes d’échanger et de renforcer la visibilité de leurs actions, soulignant la nécessité de mobiliser l’ensemble de la société pour défendre les droits des femmes et des filles à l’échelle mondiale.
Les messages clés des organisations féministes ont été clairs : il ne suffit pas d’adopter des déclarations, il faut s’assurer que les engagements soient mesurables, financés et suivis, tout en préservant un espace civique sécurisé pour les défenseures des droits humains.
Le Répertoire de Politique Étrangère Féministe (FFPR, pour Feminist Foreign Policy Repository en anglais) : Le Répertoire de Politique Étrangère Féministe rassemble et organise des ressources clés (analyses, outils et recommandations) pour accompagner les gouvernements, organisations internationales et acteurs de la société civile dans la mise en œuvre de politiques étrangères féministes.
Rapport « Définir une politique étrangère féministe 2025 » du Feminist Foreign Policy Collaborative : Ce rapport propose une analyse d’ensemble de l’état des politiques étrangères féministes en 2025. À partir de 14 profils pays, il évalue les progrès, reculs et dynamiques émergentes selon cinq dimensions — droits, ressources, représentation, connaissances et rayonnement. Il identifie également sept pays à suivre, dont l’engagement croissant laisse entrevoir un potentiel de leadership.
Rapport « Politique étrangère féministe et financement du développement pour l’égalité de genre : un élan menacé » du Feminist Foreign Policy Collaborative : Ce rapport examine l’évolution du financement international de l’égalité de genre et constate une réduction significative des ressources destinées aux organisations de défense des droits des femmes, en particulier dans le « Sud global ». Il met en garde contre l’expansion des acteurs anti-genre et actualise l’analyse de l’APD menée en 2022, en évaluant les engagements des pays adoptant des politiques étrangères et de développement féministes jusqu’en 2023.
Rapport « Mundializar la igualdad : política exterior feminista desde América Latina » du Feminist Foreign Policy Collaborative : Ce rapport montre comment la politique étrangère féministe peut devenir un levier de transformation en Amérique latine, en s’attaquant simultanément aux héritages du patriarcat, du colonialisme et du racisme. Porté par les contributions de diplomates, universitaires et activistes du Sud global, il met en avant les principes de reconnaissance, redistribution et intersectionnalité, et explore les opportunités d’alliances régionales pour renforcer la justice et l’égalité.
Note de recommandation « Pas de temps pour reculer : l’urgence d’une politique étrangère féministe » (rapport complet en anglais) d’Oxfam : Face au recul des droits des femmes, des filles et des personnes LGBTQIA+ dans un contexte de crises multiples et de montée des autoritarismes, ce rapport appelle les gouvernements à faire de la politique étrangère féministe un cadre d’action ambitieux. Oxfam y insiste sur la nécessité de traduire les engagements en décisions, ressources et partenariats centrés sur les droits humains, l’inclusion et la justice.
Rapport « Où est l’argent ? Un plaidoyer pour soutenir les organisations féministes » de AWID : Ce rapport analyse les tendances de financement des organisations féministes sur plus d’une décennie et met en évidence des progrès limités, des lacunes persistantes et des risques croissants liés à la contraction de l’aide et de la philanthropie. AWID appelle à un soutien massif, flexible et pérenne aux mouvements féministes, indispensables à l’avancée des droits et de la justice de genre.
Rapport « Why feminists should lead ? » de Womankind Worldwide : Ce rapport affirme que l’égalité de genre ne peut être atteinte sans un leadership féministe ancré dans les réalités des communautés. À partir d’expériences menées en Afrique de l’Est et en Asie, il documente les obstacles systémiques rencontrés par les femmes et les stratégies de transformation mises en œuvre. Womankind appelle à placer le leadership féministe au cœur des politiques publiques et des financements, dans un contexte de montée des mouvements anti-droits.
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