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    Décryptage : les nouvelles orientations de l’action de la France en matière de partenariats internationaux

    Publié le 28/04/2025, modifié le 02/12/2025.

    Le 6 avril 2025 s’est tenu le dernier Conseil présidentiel pour les partenariats internationaux, instance ayant vocation à fixer les grandes orientations de la France en matière de développement et de solidarité internationale. Les conclusions du Conseil révelent de nouvelles ambitions de l’action de la France à l’international, envisageant rien de moins qu’un changement de paradigme de l’aide publique au développement, dont le changement de dénomination illustre à lui-seul cette volonté. Décryptage.

    Une nouvelle politique pour les partenariats internationaux de la France ?

    Le Conseil présidentiel pour les « partenariats internationaux », anciennement « pour le développement », dévoile les nouvelles priorités stratégiques de la France avec pour ambition de sortir des « dépendances de l’aide au développement » en s’attaquant à la réforme de l’architecture financière internationale et aux causes structurelles de la pauvreté et des inégalités.

    A l’heure où la France fait face à une contraction inédite de son espace fiscal (avec un déficit public et une dette publique respectivement à hauteur de 6 % et 113 % du PIB à l’heure où nous écrivons ces lignes), les conclusions du Conseil présidentiel sont sans équivoque : il faudra faire mieux avec moins en maximisant efficience organisationnelle, effets de levier et impact sur le terrain.

    Une concentration des efforts financiers vers les pays les plus vulnérables qui mériterait d’être détaillée

    En dépit de ce contexte contraint, l’Etat s’engage désormais à consacrer au moins 60 % de ses dons aux pays les plus fragiles, entendus comme les pays les moins avancés, ou PMA, et les pays particulièrement vulnérables au changement climatique ou en situation de grande fragilité financière selon l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle de l’ONU (MVI). La liste des pays retenus selon ces critères n’a toutefois pas été rendue publique. La France réaffirme par ailleurs son soutien aux pays en conflit, tout particulièrement l’Ukraine. 

    Cette volonté de concentration de l’effort financier de l’Etat à destination des pays les plus vulnérables mériterait d’être saluée dans la mesure où l’action de la France entend relever le défi de la pauvreté dans les pays les plus fragiles, respectant ainsi l’esprit de l’Agenda 2030 visant à ne « laisser personne de côté ».

    Toutefois, la mise en oeuvre d’une telle ambition interroge. Les PMA comptent à ce jour pas moins de 44 Etats, auxquels la France entend ajouter une série de pays vulnérables selon les définitions qu’en donne le nouvel indicateur des Nations unies. Dans la mesure où la France a réduit de 37 % le budget dédié à l’aide publique au développement (où se concentre la part des dons) entre 2024 et 2025, élargir le nombre de pays récipiendaires aura vraisemblablement pour conséquence, mathématique, un accroissement du dispersement de l’APD de la France, ce, à l’encontre de l’effet recherché…

    Vers de nouvelles priorités géographiques et thématiques ?

    Les priorités géographiques affichées se concentrent sur le continent africain, la région Indopacifique, et le voisinage européen.

    L’action de la France en matière de solidarité internationale demeure orientée vers 10 objectifs sectoriels, parmi lesquels la protection de l’environnement et du climat, l’éducation, la santé, l’entreprenariat, les infrastructures stratégiques, la jeunesse, la souveraineté alimentaire, les droits humains, l’égalité femmes-hommes et la lutte contre l’immigration irrégulière.

    Ces objectifs devront s’appliquer à tous les opérateurs, instruments et financements. 

    Dans le cadre de ses relations bilatérales, trois de ces objectifs devront être pris en compte en priorité dans chacune des stratégie-pays (à l’exception notable de la lutte contre l’immigration clandestine, qui pourra être incluse en plus).

    A l’échelle multilatérale, la France entend désormais revoir ses engagements à l’aune de dix priorités stratégiques et de son influence afin de renouveler ou non son soutien aux organisations internationales.

    Une approche transactionnelle assumée ?

    Ces nouvelles orientations assument désormais sans détour la recherche d’un « retour sur investissement », tant d’un point de vue économique que diplomatique et sécuritaire. Cette approche mériterait toutefois d’être scrutée avec attention pour ne pas voir resurgir les démons de « l’aide liée », pratique prohibée par l’OCDE et autres démarches « transactionnelles » actuellement en vogue outre-Atlantique…

    Ces grandes orientations seront déclinées opérationnellement lors d’une réunion du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID), qui se tiendra d’ici juin 2025 sous l’autorité du Premier ministre.

     

    Pour aller plus loin
  • Conseil présidentiel sur les partenariats internationaux - Un engagement attendu pour la lutte contre les inégalités - Coordination SUD
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