Focus 2030
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Ce que les Français·es comprennent (ou savent) des défis et des progrès en Afrique

Publié le 1er juin 2021

En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyens sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Royaume-Uni.

Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes pour mettre en œuvre leurs activités de communication, de mobilisation et de plaidoyer.

C’est dans ce cadre que 2066 Français ont été invités, entre le 30 avril et le 5 mai 2021, à évaluer, à partir de deux listes, d’une part les problèmes spécifiques auxquels le continent africain est confronté, et d’autre part les progrès réalisés en Afrique.

LES PROBLÈMES MAJEURS AUXQUELS FAIT FACE LE CONTINENT AFRICAIN AUJOURD’HUI SELON LES FRANÇAIS·ES

L’instabilité politiques et les conflits armés : des enjeux plus importants que la pauvreté ?

Il est toujours difficile, en écho à la sempiternelle question de l’origine première de l’œuf ou de la poule, si la pauvreté génère des instabilités politiques et des conflits armés (ou des menaces djihadistes), ou si la pauvreté dans la plupart des pays africains, est au contraire imputable à ces deux types de problèmes préalables.

Les Français semblent avoir tranché la question en ne positionnant la pauvreté qu’en troisième position parmi une liste de problèmes auxquels l’Afrique est aujourd’hui confrontée. Le premier désordre identifié par 44% de Français est donc l’instabilité politique et la corruption, une opinion particulièrement partagée par les hommes (écart de 16 points de pourcentage par rapport aux femmes) et par les électeurs du centre.

Selon les mêmes répartitions d’opinions, les conflits armés et les menaces djihadistes représentent un problème sélectionné en second par 41% des Français. A noter cependant que les sympathisants de gauche sont nettement moins nombreux que les sympathisants de droite à avoir identifié ce problème (écart de 13 points de pourcentage).

Les jeunes sont moins nombreux que leurs aînés à avoir sélectionné ces deux problèmes, tandis qu’ils sont plus nombreux à souligner la question de l’accès à l’éducation ou de la dégradation de l’environnement.

La pauvreté et les inégalités sociales représentent des enjeux identifiés de façon égale quel que soit le sexe ou l’âge, tandis que les sympathisants de gauche sont nettement plus nombreux que les sympathisants du centre ou de droite à avoir sélectionné ce problème (écart de 9 points).

L’accès à la santé en Afrique en période de Covid-19 : un problème inégalement perçu par les Français

Sélectionné à égalité avec le manque d’infrastructures (eau, route, etc.), le problème de l’accès à la santé en Afrique n’arrive, pour la moyenne des Français qu’en 4ème/5ème position parmi la liste des enjeux proposés. En détail, on observe que les femmes sont nettement plus nombreuses que les hommes (écart de 16 points) à avoir priorisé cette question, de même que les sympathisants de gauche par rapport aux sympathisants du centre (écart de 11 points) ou de droite (écart de 8 points).

Les problèmes d’importance secondaire auxquels l’Afrique est confrontée selon les Français

Le problème de l’accès à l’éducation est perçu dans des proportions plutôt similaires par tous les Français, tandis que l’égalité entre les sexes est légèrement plus identifiée par les femmes et les répondants de plus de 44 ans.

Les questions environnementales ne sont que très peu associées au registre des problèmes qui concernent l’Afrique (classé en 8ème position sur une liste de 9 items). En la matière, les opinions des Français demeurent basées sur des stéréotypes qui font reposer les enjeux du continent africain sur des questions d’ordre ou d’organisation de la société et de la gouvernance (corruption et conflits armés), sans que les répondants se semblent au courant des perturbations climatiques, qui, dans les faits, sont pourtant à l’origine d’exodes, d’épisodes de sécheresse, de malnutrition, d’instabilités politiques et de migration. Autrement dit, quand il s’agit d’identifier les problèmes auxquels l’Afrique est confrontée, par manque de connaissances, les Français semblent facilement enclins à sélectionner des symptômes que des causes originelles.


LES PROGRÈS RÉALISÉS SUR LE CONTINENT AFRICAIN SELON LES FRANÇAIS·ES

L’éducation et la santé apparaissent comme les premiers progrès réalisés en Afrique

Interrogés en pleine pandémie de Covid-19, les Français ont considéré que les domaines dans lesquels on pouvait identifier des progrès en Afrique étaient principalement l’accès à l’éducation (32%) et l’accès à la santé ou la baisse de la mortalité (29%). Ces opinions reflètent l’ensemble des Français quels que soient leur âge, leur genre ou leurs sympathies politiques. A noter cependant que les répondants de 18 à 44 ans sont moins nombreux à avoir sélectionné les progrès en matière de santé.

La technologie pour tous, même en Afrique

En troisième position pour 24% des Français, l’accès aux technologies de l’information, c’est à dire à Internet et aux téléphones portables, représente un progrès majeur du continent africain. Cette opinion est davantage partagée par les hommes que par les femmes (écart de 5 points de pourcentage) et par les sympathisants du centre (+ 11 points).
La vision d’une population africaine complètement déconnectée des technologies a laissé la place à la conscience supposée, que partout sur la planète régnaient désormais les technologies numériques permettant de se relier au monde. Sur ce sujet, il y a donc probablement une modification des stéréotypes tendant à ne plus associer le sous-développement avec l’absence totale de modernité.

La réduction de la pauvreté apparait comme un progrès relatif (ou incomplet)

En quatrième position sur une liste de 9 progrès, 15% des Français ont sélectionné la réduction de la pauvreté comme une des avancées sur le continent africain. Ce choix ne varie pas suivant l’âge ou les sympathies politiques, en revanche, les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes (écart de 8 points) à identifier ce progrès. Derrière ce chiffre, il y a bien sûr la conscience que tout reste à faire, mais aussi le sentiment que la lutte contre la pauvreté porte au moins quelques fruits, dès lors qu’il semble malgré tout possible d’identifier des progrès en la matière.

Des progrès sociaux moins perceptibles : l’autonomie des femmes et l’émergence de la société civile

L’autonomisation des femmes n’est reconnue comme un progrès sur le continent africain que par 14% des Français, soit dans les mêmes proportions que le poids des mouvements associatifs et l’engagement de la jeunesse (13%) ou l’émergence de voix influentes (13%). Ce dernier est davantage identifié par les répondants de 18 à 44 ans en comparaison avec leurs aînés (écart de 5 points).

Aux yeux des Français, la transition démocratique apparait comme un échec sur le continent africain

Les progrès en matière politique et plus précisément en matière de transition démocratique n’ont été sélectionnés que par 8% des répondants, c’est à dire que les Français ont classé cette option en dernière position. L’organisation de la vie politique apparait comme un défi majeur en Afrique, un défi non résolu que les Français identifient d’ailleurs comme un des problèmes majeurs auxquels le continent fait face aujourd’hui en matière de développement.

Ces données sont issues de notre sondage réalisé par l’Institut YouGov et piloté par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab. Information et méthodologie disponible ici.

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