Publié le 14 octobre 2025 dans Décryptages, Actualités
Le 14 octobre 2025, le gouvernement français a présenté son Projet de loi de finances (PLF) pour 2026. Pour la 4e fois consécutive, la mission « aide publique au développement » (APD), qui ne représente pourtant que 0,6 % du budget de l’État, figure parmi les plus affectées.
Le PLF2026 prévoit une baisse de 704 millions d’euros du budget de la mission APD par rapport à la loi de finances 2025 (sans toutefois tenir compte d’un décret d’avril 2025 qui l’amputait de 134 millions d’euros), qui passerait de 4,373 milliards d’euros à 3,669 milliards (-16 %). En outre, cette proposition de budget confirme l’abandon des financements innovants de l’APD par la France depuis 2025 (cf. encadré).
En moyenne, les missions du budget de l’État seraient rabotées de 2 %. La mission APD est la 4e plus coupée en volume (-704 millions), derrière les missions « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » (-2,4 milliards), « Cohésion des territoires » (-894 millions) et « Solidarité, insertion et égalité des chances » (-827 millions), et la 3e la plus coupée en proportion (-16 %) après « Transformation et fonction publiques » (-27 %) et « Sport, jeunesse et vie associative » (-18 %).
Il s’agit de la quatrième coupe consécutive dans le budget de la mission Aide publique au développement en un peu plus d’un an. Depuis 2021, date de l’adoption d’une loi prévoyant l’augmentation progressive des moyens de cette politique, ils ont au contraire été réduits de 46 %. Si cette trajectoire était adoptée, l’aide publique totale de la France, telle que comptabilisée par l’OCDE, pourrait retomber à 0,38 % du RNB en 2026 – un niveau équivalent à celui de 2016 après des années de progrès.
À titre d’illustration, 700 millions d’euros pourraient permettre au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme d’éviter 750 000 décès.
La fin des financements innovants du développement Outre les coupes via les lois de finances et des décrets, la loi de finances 2025 a mis fin aux financements innovants de l’APD par la France. Une partie (738 millions d’euros) des recettes de la taxe sur les transactions financières et de la taxe de solidarité sur les billets d’avion était jusque-là affectée chaque année au Fonds de solidarité pour le développement (FSD) pour soutenir le financement par la France d’instruments multilatéraux (Fonds mondial, Gavi, Unitaid, Fonds vert climat, Partenariat mondial pour l’éducation). La LFI 2025 a officialisé la suppression du FSD : l’ensemble du produit des deux taxes alimente désormais le budget général, abrogeant ainsi le seul instrument qui soutenait directement l’APD de manière pérenne chaque année. Le FSD est remplacé par une nouvelle ligne budgétaire du même nom, qui ajoute 738 millions d’euros de crédits de paiement à la mission APD depuis 2025, limitant artificiellement la baisse des crédits.
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