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Garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau : faits et chiffres sur l’ODD6

Publié le 22 mars 2023 dans Décryptages

En 2010, l’Assemblée générale des Nations unies a reconnu le droit universel à l’eau et à l’assainissement : chaque individu dans le monde a droit à un approvisionnement suffisant, continu, sûr, acceptable, accessible et abordable à l’eau pour un usage personnel et domestique.

La deuxième Conférence mondiale des Nations unies sur l’eauorganisée 46 ans après la première, se tient à New-York du 22 au 24 mars 2023. Face aux défis mondiaux auxquels nous faisons face, cet événement d’envergure internationale est une occasion majeure de dresser un bilan des progrès accomplis quant à la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 6, mais également de revoir la gouvernance mondiale sur l’eau. Quand bien même la conférence n’aboutira pas sur un accord contraignant, elle devrait déboucher sur un programme d’action pour l’eau, the Water Action Agenda, à savoir un ensemble d’engagements pour garantir la sécurité de l’eau dans le monde. 

 

Chiffres clés

D’après un rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé et de l’UNICEF, un tiers de la population mondiale - soit environ 2,1 milliards de personnes - n’ont pas accès à l’eau potable et au moins 1,7 milliard d’individus ne disposent pas de services d’assainissement de base, tels que des toilettes privées ou des latrines.

L’ONU estime que plus de 800 000 personnes meurent chaque année de maladies directement liées à l’eau insalubre, à un assainissement inadéquat et à de mauvaises pratiques d’hygiène.

Les difficultés d’accès à l’eau propre et le manque d’équipements d’assainissement et d’hygiène s’observent principalement dans les pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

Il s’avère que, plus de 2 milliards de personnes vivent dans des pays en situation de stress hydrique lorsque la demande en eau dépasse les ressources disponibles - un phénomène que le dérèglement climatique et la croissance démographique devraient exacerber dans certaines régions du monde.

 

Source : WHO/UNICEF JMP (2021), Progress on household drinking water, sanitation and hygiene 2000-2020 : Five years into the SDGs. Visualisez la carte interactive sur le site de l’UNICEF

Interdépendance entre les Objectifs de développement durable

Les ODD sont tous interdépendants : la question de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène (ODD 6) est liée à la pauvreté (ODD 1) et à la faim (ODD 2), et influe également sur les résultats en matière de santé, d’éducation et d’égalité de genre (ODD 3ODD 4 et ODD 5). Il est également un déterminant essentiel de la production alimentaire durable, du développement industriel et de l’urbanisation (ODD 2, ODD 9 et ODD 11), mais aussi un potentiel facteur de conflits, pouvant compromettre le maintien de la paix (ODD 16). 

 

Eau et santé publique (ODD 3)

Garantir le droit à la santé des individus suppose de disposer facilement d’eau salubre, destinée à être bue, à un usage domestique, à la production alimentaire ou aux loisirs. L’insalubrité de l’eau, le manque d’assainissement et d’hygiène accroissent la transmission de nombreuses maladies comme le choléra, la dysenterie, l’hépatite A, ou encore la diarrhée - qui demeure un facteur majeur de mortalité dans le monde. En 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que, chaque année, plus de 829 000 personnes meurent de diarrhée alors même qu’une grande partie de ces morts sont évitables.

Enfin, selon le dernier rapport du Programme commun OMS/UNICEF de surveillance de l’eau et de l’assainissement publié en 2022, la moitié des établissements de soins dans le monde n’ont pas accès aux services d’hygiène de base, et notamment à l’eau, au savon et aux produits hydroalcooliques, que ce soit sur le lieu de soins ou dans les sanitaires. Environ 3,85 milliards de personnes dépendent de ces installations de santé aux services d’hygiène limités, voire inexistants, ce qui expose les patients et le personnel à un plus grand risque d’infection et de maladie.

 


Eau et inégalités de genre (ODD 5)

Dans les pays en développement particulièrement touchés par les difficultés d’accès à de l’eau salubre et le manque d’équipements d’assainissement, ce sont généralement les femmes qui sont chargées d’aller chercher l’eau, ce qui représente pour elles un coût d’opportunité élevé et peut engendrer des problèmes de santé (longues distances à marcher, zones dangereuses, charges lourdes, etc). 

De plus, les femmes sont plus affectés par les effets d’une mauvaise qualité de l’eau en raison de leurs rôles domestiques assignés tels que la cuisine, le nettoyage et la garde des enfants. Elles ont également des besoins particuliers en matière d’hygiène, et sont plus vulnérables face aux infections autour de la menstruation et de la reproduction. Le manque d’installations sanitaires convenables constitue également une cause d’absentéisme scolaire chez les filles, en particulier au moment de leurs règles.

 


Eau et sécurité alimentaire (ODD 2)

La demande d’eau des populations progresse en même temps que la demande alimentaire. Alors que l’agriculture représentait plus de 70 % de la consommation mondiale d’eau douce en 2019, on estime à 15 % l’augmentation des prélèvements d’eau qui sera nécessaire pour nourrir les 9 milliards d’habitant·e·s de la planète en 2050 et la demande mondiale d’eau devrait dépasser l’offre de 40 % dès 2030 d’après le nouveau rapport de la Global Commission on the Economics of Water. 

La FAO estime qu’un niveau élevé à très élevé de pénurie d’eau ou de rareté de l’eau touche actuellement près de 3,2 milliards de personnes vivant en zone rurale, et un sixième de la population mondiale vit dans des régions agricoles gravement touchées par des contraintes hydriques

Les sécheresses menacent la sécurité alimentaire alors que leur nombre et leur durée a augmenté de 29 % depuis 2000. Sévissant notamment sur le continent africain, la région de la corne de l’Afrique connaît actuellement sa pire période de sécheresse depuis 73 ans. D’après un rapport récent de l’OMS et l’UNICEF, la sécheresse a causé la mort de 43 000 personnes en Somalie en 2022, dont la moitié seraient des enfants de moins de 5 ans.

 


Eau et éducation (ODD 4)

À l’heure actuelle, près d’une école sur trois ne dispose ni d’eau potable ni d’installations sanitaires de base. Pourtant, l’accès à ces services de base a une incidence sur la fréquentation scolaire.

Selon le dernier rapport de l’UNICEF « Apprendre et s’épanouir : Santé et nutrition scolaires dans le monde », la présence de services de santé et de nutrition à l’école contribue à la scolarisation des enfants, alors d’autant que les écoles jouent un rôle essentiel dans la promotion de la formation d’habitudes d’hygiène et de comportements sains. 
 


Eau et maintien de la paix (ODD 16)

Selon certains expert·e·s, le dérèglement climatique et la croissance démographique pourraient entraîner une augmentation de la concurrence pour les ressources en eau et être à l’origine de nouveaux conflits. Un rapport publié en 2018 par un groupe de scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne indiquait qu’il existe une probabilité de 75 à 95 % que des conflits liés à l’eau surviennent au cours des 50 à 100 prochaines années, sans qu’il soit possible d’anticiper leur ampleur. 

 

Historique de la gouvernance de l’eau

La question de l’accès aux ressources de base et au droit à l’eau a été soulevée dès les années 1970 à l’occasion de conférences internationales portant sur l’environnement ou sur l’eau, notamment en 1977 lors de la première Conférence des Nations Unies sur l’eau

En 2010, l’Assemblée générale des Nations unies a reconnu le droit universel à l’eau et à l’assainissement : chaque individu a le droit à un approvisionnement suffisant, continu, sûr, acceptable, accessible et abordable à de l’eau pour un usage personnel et domestique.

En 2015, l’ensemble des gouvernements de la planète ont pris l’engagement de réaliser 17 Objectifs de développement durable d’ici 2030, dont l’ODD 6 qui consiste à « garantir l’accès de tous et toutes à l’eau et à l’assainissement, et assurer une gestion durable des ressources en eau ». 

Les accords les plus récents relatifs à l’eau comprennent le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), le Programme d’action d’Addis-Abeba, et l’Accord de Paris 2015.

La Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » a commencé le 22 mars 2018 et a pour objectif de renforcer la coopération et d’établir des partenariats au niveau international afin de contribuer, entre autres, à la réalisation des ODD et cibles relatifs à l’eau.