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Sommet de l’avenir des Nations Unies 2024 : vers un renouveau du multilatéralisme ?

Publié le 24 avril 2024 dans Décryptages , Actualités

 

 

Conséquences du changement climatique, fragmentation Nord-Sud, inégalités croissantes, malnutrition, tensions géopolitiques et endettement historique des pays en développement : ces enjeux mondiaux, de plus en plus interconnectés, sont autant de défis à relever qui exigent une action urgente et coordonnée. Alors que la coopération internationale est mise à l’épreuve et que seuls 17% des cibles des Objectifs de développement durables (ODD) sont en voie de réalisation, il est crucial que la communauté internationale se mobilise et prenne des mesures concrètes pour réaliser l’Agenda 2030.

Pour répondre à ces défis, le « Sommet de l’avenir » (ou Summit of the Future), qui se tiendra les 22 et 23 septembre 2024, réunira États, organisations de la société civile, du secteur privé et de la jeunesse. L’objectif de cette réunion de haut niveau est de réaffirmer l’engagement envers les Objectifs de développement durable et de renforcer la coopération multilatérale pour accélérer les progrès, en particulier pour les pays les plus vulnérables.

Décryptage.

 

Sommet de l’avenir : renouveler le multilatéralisme pour atteindre les ODD

En septembre 2020, lors du 75e anniversaire des Nations unies, les États membres ont reconnu que « le monde envisagé par les fondateurs de l’ONU il y a 75 ans ne s’est pas encore concrétisé ».

Fort de ce constat, le rapport « Notre programme commun » (2021) publié par le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a souligné l’importance d’une action collective urgente et appelé à un renforcement du multilatéralisme, en insistant sur l’adhésion à une méthode de coopération internationale fondée sur le respect d’un système partagé de normes et de valeurs. Le Sommet de l’avenir incarne cet appel, proposant une plateforme de discussion inclusive pour penser le monde de demain et s’engager pour relever les défis d’aujourd’hui.

 

Le Sommet de l’avenir est la concrétisation de décennies de rencontres internationales pour un avenir durable :
  • 1972, Conférence sur l’environnement humain, Suède : réunion de 179 pays pour réconcilier l’impact des activités socio-économiques et l’environnement.
  • 1992, Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, Rio de Janeiro : adoption d’une déclaration qui concède des droits et des responsabilités aux pays dans le domaine de l’environnement.
  • 2002, Sommet du Millénaire, New York : adoption des huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
  • 2012 : 1er Forum sur la Jeunesse organisé par le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).
  • 2013 : 1er Sommet de la Banque mondiale pour la jeunesse.
  • 2015, Sommet des Nations Unies sur le développement durable  : adoption de l’Agenda 2030 et des 17 Objectifs de développement durable.
  • 2021 : Organisation du premier Sommet Mondial de la Jeunesse de l’UICN.
  • 22-23 septembre 2024, Sommet de l’avenir, New York.

 

Les enjeux du Sommet : Vers un Pacte pour l’avenir

A l’issue du Sommet, les États membres des Nations unies devraient adopter un « Pacte pour l’avenir », un plan d’action détaillant des réformes et actions visant à bâtir des sociétés plus justes, inclusives et résilientes.

Ce document préparé en amont du sommet, propose un cadre visant à garantir une coopération internationale robuste et efficace pour les décennies à venir, en renouvelant un système international dont les fondations remontent à près de 80 ans. Il s’articule autour de cinq grands piliers :

  • Financement du développement et des ODD
  • Paix et sécurité
  • Science et technologie
  • Jeunesse et générations futures
  • Transformation de la gouvernance mondiale

À ce document seront annexés une « Déclaration sur les Générations Futures » détaillant une série d’engagements pour construire un avenir vivable, et un «  Pacte numérique mondial » établissant un cadre mondial pour orienter les nouvelles technologies vers un développement inclusif, fondé sur les droits humains.

En préparation du Sommet, une commission des Nations unies composée de 60 membres a élaboré et publié en février 2023 les principes de Maastricht sur les droits humains des générations futures « qui n’existent pas encore mais qui existeront et hériteront de la Terre ». Ce document indique que les droits humains tels que le droit à un environnement propre, sain et durable n’ont pas de limites générationnelles.

Le Secrétaire général des Nations Unies a publié onze notes d’orientation détaillant les propositions de « Notre programme commun » afin d’aider les États membres à préparer le Sommet :

  1. Un Nouvel agenda pour la paix : mettre l’accent sur la prévention des conflits à l’échelle mondiale, une approche actualisée des opérations de paix et un mécanisme de sécurité collective plus fort.
  2. Un système financier mondial fonctionnant au profit de tous : une architecture financière internationale qui investit les ODD, l’action climatique et les générations futures.
  3. Des indicateurs économiques autres que le PIB pour couvrir ce qui est nécessaire à la prospérité, au bien-être humain et à la protection de l’environnement.
  4. Un pacte permettant d’exploiter les avantages des technologies numériques et de l’intelligence artificielle et d’en gérer les risques.
  5. Un code de conduite volontaire sur l’intégrité de l’information en ligne, parfois utilisée à des fins de désinformation et de haine.
  6. De nouveaux protocoles permettant de mieux gérer les chocs mondiaux.
  7. Une coopération renforcée dans l’espace extra-atmosphérique : une gouvernance spatiale plus inclusive.
  8. Une transformation des systèmes éducatifs : reconnaitre l’éducation comme un bien public mondial et soutenir les engagements pris lors du sommet sur la transformation de l’éducation 2022.
  9. La véritable inclusion des jeunes dans la prise de décision à l’échelle mondiale grâce notamment à des organes consultatifs nationaux dédiés à la jeunesse et des moyens pour la participation des jeunes dans les processus de prise de décision de l’ONU, et un forum permanent de la jeunesse de l’ONU.
  10. Des moyens de préserver l’avenir et de faire respecter les droits des générations futures.
  11. Une « ONU 2.0 » afin d’améliorer l’expertise onusienne en matière d’innovation, de données, de numérique, de prospective stratégique et de sciences comportementales.

Campagnes et mobilisations en amont du Sommet de l’avenir

En amont du Sommet, les 20 et 21 septembre, des "journées d’action" s’attacheront à prendre en compte le sort de la jeunesse et des générations futures d’une part et se concentreront sur trois thèmes prioritaires d’autre part : le numérique et la technologie, la paix et la sécurité, le développement durable et son financement.t. Programme provisoire.

De nombreuses organisations dans le monde se mobilisent pour faire du Sommet de l’Avenir un événement qui pose les fondements d’une véritable réponse aux inégalités mondiales actuelles et d’un monde soutenable pour les générations futures.

  • En mai 2024, la conférence de la société civile des Nations Unies à Nairobi, a rassemblé 3 600 représentants de la société civile, 64 gouvernements et une centaine de journalistes. Les jeunes de 18 à 34 ans, représentant 40% des participants, ont placé la lutte contre le changement climatique au coeur des discussions, souligant l’urgence d’une action cohérente et coordonnée. Les participants ont également demandé à « lever la barre du multilatéralisme » afin de garantir un processus participatif et inclusif en amont du Sommet de l’avenir.

 

  • Les 17 et 18 juin, SDSN Portugal a organisé une conférence internationale intitulée « Préparer le terrain pour le Pacte pour l’avenir ». Cette conférence hybride a traité de plusieurs thèmes à l’agenda des Nations Unies en préparation du Sommet en mettant l’accent sur les défis pour accéder à un avenir durable, la transformation de l’éducation, l’implication des jeunes dans le processus de décision et l’élaboration des politiques ainsi que la valorisation d’indicateurs alternatifs au PIB.

 

  • Le HLAB, High-Level Advisory Board on Effective Multilateralism mobilise d’ancien·ne·s chef·fe·s d’Etat et de gouvernement et des représentants de haut niveau de la société civile afin de susciter des réformes ambitieuses en faveur d’un système multilatéral efficace et inclusif.

 

  • Plan international publie le rapport « Nos voix pour notre avenir » qui présente les visions et recommandations de jeunes du monde entier à l’occasion du Sommet de l’avenir. Parmi les répondant·es, 90% estiment que les jeunes seront la force motrice pour parvenir à l’égalité de genre plutôt que les gouvernements. Plan international appelle les décideur·euses politiques à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, à investir dans l’éducation des filles et les DSSR, et impliquer les jeunes dans les processus politiques.

 

  • People’s Pact for the Future : Cette plateforme de la société civile, issue de consultations menées par la Coalition pour l’ONU dont nous avons besoin (C4UNWN), a publié son propre Pacte des peuples pour l’avenir. Ce document de 35 pages propose des idées audacieuses et avant-gardistes, notamment la création d’une Assemblée parlementaire des Nations unies, une cour internationale pour l’environnement, un envoyé de la société civile et des mécanismes onusiens pour les générations futures.

 

  • Le Pacte des Filles pour le futur : Publié par Plan International, en partenariat avec l’UNICEF, en amont du Sommet de l’Avenir, le Pacte des Filles pour le futur met en avant les voix de jeunes filles de 15 à 24 ans qui croient en leur pouvoir collectif, réclament une participation significative dans les décisions, et proposent des recommandations concrètes pour y parvenir.

 

  • À l’occasion du Forum ECOSOC pour les jeunes qui a eu lieu du 16 au 18 avril 2024, le Bureau de la jeunesse des Nations Unies a appelé à signer sa lettre ouverte appelant à une plus grande représentation des jeunes dans les rôles décisionnels des secteurs public et privé, de la société civile, du monde académique et de l’ONU.