Quels pays donateurs soutiennent l’égalité femmes-hommes dans leur aide au développement ?
Publié le 13/03/2024, modifié le 04/11/2025.
| Dossier spécial sur l’état des inégalités femmes hommes-dans le monde en 2025 :Ce décryptage des financements consacrés à l’égalité femmes-hommes est l’une des composantes d’un dossier spécial consacré aux inégalités de genre dans le monde en 2025. |
En 2015, tous les pays de la planète ont pris l’engagement d’atteindre 17 Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030. Parmi ces objectifs, l’ODD 5 ambitionne de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles du monde entier. Mais atteindre l’égalité des genres nécessite des investissements suffisants, en particulier dans les pays les plus pauvres.
L’aide publique au développement (APD) du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE constitue à cet égard une source importante de financement. À quelle hauteur les pays membres du CAD prennent-ils en considération la promotion de l’égalité femmes-hommes dans leur APD ? Quelle tendance est observée ces dernières années ? Décryptage.
L’égalité femmes-hommes, un enjeu sous-financé par les bailleurs
Le suivi de l’aide publique au développement (APD) en faveur de l’égalité est assuré par le CAD de l’OCDE, à l’aide du marqueur de la politique d’aide à l’appui de l’égalité femmes-hommes (voir encadré).
Objectif significatif, objectif principal : définitions
Source : OCDE (2016) |
Engagements, décaissements : clarification |
En volume, les premiers donateurs d’APD en faveur de l’égalité femmes-hommes sont également les plus importants donateurs d’APD totale (Allemagne, Japon, États-Unis, France).
Pour autant, seuls les Pays-Bas ont atteint l’objectif international d’orienter au moins 85 % de son APD en faveur de l’égalité femmes-hommes, et seuls les Pays-Bas et l’Espagne consacrent au moins 20 % de leur APD à la promotion directe de l’égalité.
Des engagements pour l’égalité femmes-hommes en hausse, mais des décaissements qui stagnent depuis 2020
Les engagements d’APD en faveur de l’égalité femmes-hommes suivent une trajectoire ascendante. Une baisse temporaire a été observée en 2021, un an après le début de la pandémie de Covid-19, période durant laquelle les pays donateurs ont concentré leurs ressources sur d’autres priorités liées à la crise sanitaire et ses répercussions économiques. Cette diminution a été inversée en 2022, lorsqu’ont été comptabilisés les engagements du Forum Génération Égalité, où les acteurs internationaux ont collectivement promis de mobiliser 40 milliards de dollars pour la promotion de l’égalité.
Il est à noter que les décaissements en faveur de projets et programmes visant l’égalité femmes-hommes stagnent depuis 2020.
La France, future championne de la promotion de l’égalité femmes-hommes dans le monde ?
La France se classe au 17e rang des pays donateurs d’APD genrée, ayant alloué 46 % de ses engagements d’aide bilatérale à l’égalité femmes-hommes en moyenne en 2022-2023. 6 % des montants alloués visaient la poursuite de l’égalité de genre comme objectif principal (0,5 milliard de dollars), et 40 % comme objectif significatif (3,4 milliards de dollars).
La France a promulgué le 4 août 2021 une nouvelle loi pour encadrer sa politique d’aide au développement : la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales. Cette loi consacre l’égalité femmes-hommes et filles-garçons en tant qu’objectif transversal de l’APD française. Elle prévoit ainsi que 75 % des projets financés par l’APD de la France aient comme objectif principal ou significatif l’égalité femmes-hommes (selon le marqueur genre de l’OCDE) d’ici 2025, dont 20 % l’aient pour objectif principal. Cet engagement pourrait se traduire par 3,3 milliards d’euros alloués à la promotion directe de l’égalité en 2025, une somme cinq fois supérieure à celle consacrée en 2021. Pour autant, la France ayant depuis 2024 engagé des coupes massives dans son APD, cet objectif apparaît aujourd’hui hors d’atteinte.
La France se distingue cependant par son niveau de soutien aux organisations et mouvements de défense des droits des femmes et institutions gouvernementales, partie intégrante de sa diplomatie féministe. En moyenne en 2022-2023, elle leur a alloué 105 millions de dollars, derrière l’Allemagne qui se classe première avec 129 millions de dollars.

Base de données de l’OCDE : projets d’aide visant l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (2002-2022) | OCDE




