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Sondage - Inégalités femmes-hommes, constitution, IVG, diplomatie féministe : quelles opinions en France, Allemagne, Italie ?

Publié le 1er mars 2024 dans Sondages

 

 

Dossier spécial sur l’état des inégalités femmes hommes-dans le monde en 2024 :

Ce sondage est l’une des composantes d’un dossier spécial consacré aux inégalités de genre dans le monde en 2024.

 

En amont du 8 mars 2024, Focus 2030 a commissionné l’institut de sondage Stack afin de sonder les opinions des personnes en France, Allemagne et Italie à propos de l’état des inégalités de genre dans leur pays et dans le monde, et sur les mesures à prendre pour y remédier.

Ce sondage a été réalisé en ligne selon la méthode des quotas. L’enquête a été menée entre le 16 et le 22 février 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 1 496 adultes en France, 1 499 en Italie et 1 534 en Allemagne. Les données sont pondérées et la marge d’erreur est de ±2,5 %.

 

Une faible conscience de l’état des inégalités de genre à l’échelle nationale

 

Si les données objectives dont on dispose révèlent qu’aucun pays du monde n’a atteint l’égalité femmes-hommes, la mesure des opinions des répondant·e·s révèle des perceptions contrastées des inégalités.

En moyenne, 51 % des personnes interrogées estiment que l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas atteinte dans leur pays, tandis que 43 % déclarent qu’elle l’est. En France et en Italie, plus de personnes estiment (ou sont conscientes) que l’égalité n’est pas atteinte que l’inverse, tandis qu’en Allemagne, la situation opposée est observée.

Dans les trois pays, plus de femmes (58 %) que d’hommes (44 %) déclarent que l’égalité n’est pas atteinte (« plutôt pas » ou « pas du tout »). La probabilité que les répondant·e·s soient conscients des inégalités de genre augmente avec une orientation politique à gauche et, de façon peut-être contre-intuitive, l’âge (44 % parmi les 18-24 ans contre 57 % parmi les plus de 65 ans).

 

 

 

 

La perception d’une stagnation des progrès en matière d’égalité femmes-hommes, tant au niveau national qu’international

 

Interrogées sur l’évolution de l’égalité entre les femmes et les hommes dans leur propre pays ces cinq dernières années, qui ont vu l’émergence d’un débat public international avec le mouvement #MeToo, les personnes interrogées en France, Allemagne et Italie s’accordent plutôt sur le constat d’une stagnation (46 %), que d’un progrès (34 %). Là encore, les femmes (62 %) sont plus susceptibles que les hommes (54 %) de juger que l’égalité a stagné ou régressé.

Les perceptions des personnes diffèrent selon qu’elles sont interrogées sur la situation des femmes dans leur propre pays ou à l’échelle mondiale. Lorsque la question mentionne l’évolution de l’égalité femmes-hommes à l’échelle mondiale, les opinions sont plus pessimistes encore, sans doute influencées par la médiatisation de récentes crises ayant affecté les femmes et les filles de manière disproportionnée : Afghanistan, Iran, Pologne, Ukraine, annulation de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis…

 

 

 

 

Féministes sans vouloir le nommer

 

Dans les trois pays, le terme « féministe » suscite autant d’adhésion que de rejet. En France, les opinions sont partagées ; en Allemagne, plus de personnes ne se considèrent pas féministes ; tandis qu’en Italie, une courte majorité se déclare féministe. Dans les trois pays, et peut-être sans surprise, plus de femmes (47 %) que d’hommes (36 %) se considèrent féministes, et les plus jeunes sont légèrement plus susceptibles de déclarer l’être que leurs aînés (45 % des 18-24 ans contre 38 % des 55-64 ans et 41 % des plus de 65 ans en moyenne).

En revanche, interrogées sur leur adhésion au principe que défend la cause féministe (faire en sorte que les femmes et les hommes aient les mêmes droits et opportunités et lutter contre les discriminations basées sur le genre), une large majorité des personnes en Allemagne, France et Italie soutiennent ce principe (71 %), avec un contraste moins marqué entre les réponses des femmes (72 %) et celles des hommes (67 %).

Ces données donnent à voir une dissociation entre le terme et le principe et incitent à s’interroger sur les raisons d’un tel décalage, qu’il s’agisse d’une mécompréhension ou d’une association d’idées et de représentations négatives associées au terme « féministe ». Pour autant, l’on retient que sept personnes sur dix s’accordent sur le principe et qu’il convainc presque tout autant, quelles que soient les caractéristiques socio-économiques des répondant·e·s.

 

 

 

 

Un fort soutien au principe d’une diplomatie féministe pour promouvoir les droits des femmes dans le monde

 

Consécutivement à la Suède en 2014, plusieurs pays ont officiellement adopté une politique étrangère féministe, ou « diplomatie féministe », c’est le cas de la France et de l’Allemagne. À l’inverse, d’autres pays choisissent de promouvoir des valeurs traditionalistes et conservatrices par le biais de leur politique étrangère, à l’instar de l’Italie.

Pour autant, les personnes interrogées en France, Allemagne et Italie déclarent un soutien majoritaire à l’adoption d’une diplomatie féministe. C’est en France que ce soutien est le plus marqué (71 %), suivi de l’Italie (59 %) et de l’Allemagne (48 %). En considérant la proportion importante de personnes ne se déclarant ni favorables, ni opposées (28 % en moyenne), l’opposition nette à une telle mesure est finalement très modeste (9 %).

En France, les femmes se déclarent plus favorables à l’adoption d’une diplomatie féministe que les hommes (+7 points de pourcentage), ainsi que les personnes âgées de plus de 65 ans (+6 points par rapport à la moyenne). Le niveau d’éducation et de revenu n’influencent que peu les réponses.

 

 

 

 

Constitutionnaliser l’IVG : un soutien marqué et un signal fort pour les autres pays

 

Le 4 mars 2024, la France est devenue le premier pays à garantir le droit à l’avortement dans sa Constitution. Une mesure à laquelle une large majorité des personnes interrogées en France, Allemagne et Italie se déclarent favorables (64 % en moyenne).

La constitutionnalisation de l’avortement ne suscite de rejet marqué chez aucune catégorie de population dans les trois pays, hormis parmi les personnes se déclarant à l’extrême droite de l’échiquier politique en Allemagne (19 % s’y opposent) et en Italie (18 %).

 

 

 

En outre, selon 61 % des personnes interrogées dans les trois pays, en adoptant cette mesure, la France pourrait inciter d’autres pays à garantir le droit à l’avortement. 67 % en France reconnaissent un possible effet d’entraînement.