Focus 2030
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Edito

À l’occasion du 8 mars 2024, journée internationale des droits des femmes, Focus 2030 dresse un état des lieux de l’égalité des genres dans le monde

L’ensemble de la communauté internationale s’est engagée à atteindre l’égalité femmes-hommes d’ici 2030. Or, les multiples crises mondiales à l’œuvre nous rappellent chaque jour l’urgence d’agir de manière coordonnée en faveur de l’égalité à l’échelle du monde : conflits armés, pandémies, dérèglements climatiques, crises économiques affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles. 

Ainsi, en 2024, aucun pays n’a atteint l’égalité des genres. Un tiers des pays n’ont connu aucun progrès en la matière depuis 2015, et la situation des femmes s’est même dégradée dans 18 pays, à l’instar du Venezuela, de l’Afghanistan ou de l’Afrique du Sud.

Au rythme des progrès actuels, il faudra encore patienter 131 ans pour atteindre l’égalité femmes-hommes à l’échelle du monde

En 2024, selon le Center for Reproductive Rights, 40 % des femmes dans le monde vivent dans des pays où la législation sur l’avortement est restrictive. En outre, même après la légalisation du droit à l’IVG, il reste susceptible d’être remis en question, comme en témoigne l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour Suprême des États-Unis en 2022 qui a entraîné l’interdiction de l’IVG dans 14 États. De nombreux obstacles à l’accès effectif à ce droit demeurent même dans les pays ayant légiféré en la matière.

Aussi, la lutte féministe sera internationale ou ne sera pas. 

Pour prendre la mesure de l’enjeu, il importe d’ouvrir la focale car partout dans le monde les droits des femmes sont menacés. Dans ce contexte de backlash généralisé, la France, en devenant le premier pays à inscrire dans sa Constitution la liberté garantie aux femmes de recourir à l’IVG suscite l’espoir de nombreux mouvements féministes de par le monde pour la préservation et l’expansion des droits et de la santé sexuels et reproductifs. 

Cette mesure, soutenue par près de 70 % des Français·es selon notre dernier sondage, pourrait influencer d’autres pays à garantir ce droit fondamental. C’est d’ailleurs ce qu’estiment deux-tiers des personnes interrogées. 

Mais les droits des femmes demeurent largement sous-financés à l’échelle internationale. La 68e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW 68), rendez-vous régulier organisé à New York du 11 au 22 mars cette année, sera particulièrement scruté par les organisations de la société civile. Cet événement pourrait constituer une opportunité unique pour financer durablement la réalisation de l’égalité des genres. 

Focus 2030 s’est engagée à offrir un panorama aussi complet que possible des droits des femmes dans le monde, en mettant en avant des données factuelles et en donnant la parole aux acteurs et actrices du changement.

Ainsi, cette journée internationale est l’occasion de rappeler que l’égalité des genres n’est pas seulement un droit fondamental, mais également un enjeu de développement et de paix mondiale, pierre angulaire des Objectifs de développement durable. 


Sommaire

- Inégalités femmes-hommes : 10 faits et chiffres pour saisir l’ampleur des défis

- État mondial des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR) 

- Des financements insuffisants pour promouvoir l’égalité des genres à l’international

- Interviews exclusives de personnalités mobilisées sur les inégalités de genre

- Campagnes, mobilisations et publications à l’occasion du 8 mars

- Sondage : opinions et attitudes sur les inégalités femmes-hommes en France, Allemagne et Italie 

- S’informer et s’engager pour l’égalité femmes-hommes dans le monde

 


 Inégalités femmes-hommes : 10 faits et chiffres pour saisir l’ampleur des défis

 

131 ans nous séparent de l’atteinte de l’égalité des genres dans le monde au rythme des progrès actuels - Forum économique mondial, 2023

 


- 10 % des Chef·fe·s d’État dans le monde sont des femmes - ONU Femmes, 2024.

- Dans près d’un pays sur deux, la loi ne prescrit pas une rémunération égale pour un travail de valeur égale entre les femmes et les hommes - Banque mondiale, 2024.

- L’écart salarial entre les femmes et les hommes est de 20 % à l’échelle mondiale - Organisation Internationale du Travail (OIT), 2022.


- 1/3 des femmes dans le monde ont déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles - OMS, 2021.

- Toutes les 11 minutes, une femme ou une fille est tuée par un membre de sa propre famille - ONU Femmes, 2022.


- 800 femmes meurent chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement - OMS, 2023.

-  40 % des femmes dans le monde vivent dans des pays où la législation sur l’avortement est restrictive - Center for Reproductive Rights, 2024.

- 270 millions de femmes dans le monde n’ont pas accès à une méthode moderne de contraception - OMS, 2023.

- Plus de 12 000 filles risquent chaque jour de subir des mutilations génitales féminines - OMS, 2024.


- Seuls 4 % des flux d’aide au développement ont pour objectif de contribuer directement à l’émancipation des femmes - OCDE, 2020-2021.


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 État mondial des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR) : des besoins essentiels non satisfaits 

Droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) dans le monde : état des lieux, financements et stratégie de la France

Les droits et la santé sexuels et reproductifs (DSSR) sont des piliers cruciaux de l’émancipation féminine et du développement durable. Ils désignent l’ensemble des droits garantissant aux individus de disposer de leur corps et de prendre librement toute décision qui relève de la sexualité et de la procréation.

En dépit des avancées observées au cours des deux dernières décennies, d’importants défis persistent, parmi lesquels un accès à l’avortement encore illégal ou restreint dans de nombreux pays ou un accès à la contraception soumis à de nombreux défis, tout particulièrement dans les pays les plus pauvres dépendant de l’aide internationale.

Or, seulement 6 % de l’aide publique au développement des pays donateurs est consacrée aux DSSR.

Sans mobilisation financière accrue ainsi qu’une prise de conscience de la communauté internationale, les inégalités d’accès à ces droits fondamentaux persisteront. Pour répondre à ces enjeux, la France, qui se classe actuellement au 16e rang des pays donateurs en la matière, a lancé en 2023 une nouvelle stratégie internationale pour les DSSR pour la période 2023-2027.

 

 

🔗 Pour en apprendre davantage sur les DSSR

 

Un droit à l’avortement restrictif dans de nombreux pays : cartographie

En 2024, alors que l’avortement sur demande est légal dans 77 pays, il demeure illégal ou soumis à des conditions restrictives dans 112 autres. 753 millions de femmes en âge de procréer vivent ainsi dans des pays où la législation sur l’avortement est restrictive.

Les restrictions entourant l’accès à l’avortement mettent en danger la vie des femmes et peuvent même entraîner leur décès. Ainsi, 39 000 femmes au moins meurent chaque année du fait d’avortements exercés dans des conditions non sécurisées.

Même lorsqu’il est légal, le droit à l’avortement peut être remis en question, à l’image de l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour Suprême des États-Unis en 2022, qui a conduit à l’interdiction de l’IVG dans 14 États, menaçant directement l’accès des femmes et filles aux services de santé sexuelle et reproductive. Même dans les pays où le droit à l’avortement est légalisé, il n’est pas pleinement effectif en raison de multiples obstacles : clauses de conscience des professionnels de santé, manque de ressources humaines et financières, délai légal, pressions sur des groupes sociaux particuliers...

En réaction à ce recul des droits des femmes, plusieurs parlementaires français·es ont proposé une loi visant à inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. La France a ainsi marqué l’histoire le lundi 4 mars en devenant le premier pays au monde à inscrire dans sa Constitution « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».

Un sondage commandité par Focus 2030 et mené par Stack en février en France, en Italie et en Allemagne, révèle que seul·e·s 8 % des Français·es s’opposent à la constitutionnalisation du droit à l’avortement. Ils sont 66 % à estimer que cette mesure pourrait même avoir un effet d’entrainement dans d’autres pays (60 % en Allemagne et 61 % en Italie).

 

 

🔗 En savoir plus sur l’état du droit à l’avortement dans le monde en 2024

 

Un accès à la contraception dans le monde soumis à de nombreux défis

Si l’utilisation de la contraception s’avère essentielle pour prévenir les risques que peuvent entrainer une grossesse non désirée, son accès reste conditionné aux disparités géographiques, économiques et sociales. Parmi les 1,9 milliard de femmes en âge de procréer (entre 15 et 49 ans) dans le monde en 2021, 9 % ont des besoins non satisfaits en matière de contraception.

Chaque année, selon l’OMS, 74 millions de femmes vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire deviennent enceintes de façon accidentelle, 25 millions d’avortements sont pratiqués dans des conditions à risques, qui sont à l’origine d’au moins 39 000 décès et de l’hospitalisation de millions de femmes en raison de complications.

 

🔗 Pour en apprendre davantage sur l’accès à la contraception dans le monde

 

La persistance des mutilations génitales féminines en 2024 en dépit de progrès notables

Même si les mutilations génitales féminines (MGF) sont de moins en moins pratiquées et légitimées d’une génération à l’autre, cette pratique persiste. La plupart du temps exercées durant l’enfance, les MGF désignent toutes les procédures impliquant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales. Si des cas de MGF sont reportés partout dans le monde, la pratique est précisément recensée dans 31 pays, principalement situés en Afrique subsaharienne, mais également au Moyen-Orient et dans certains pays d’Asie comme l’Indonésie.

Selon l’UNFPA, plus de 12 000 filles risquent quotidiennement de subir des mutilations génitales en 2024. Ces pratiques ont des conséquences sévères sur leur santé physique et mentale, pouvant même conduire au décès et représentent une violation grave de leurs droits fondamentaux.

L’UNFPA estime que 275 millions de dollars seront consacrés à la lutte contre les MGF d’ici à 2030, alors que 2,4 milliards de dollars seraient nécessaires pour atteindre l’objectif zéro mutilation génitale dans 31 pays prioritaires.

 

🔗 En savoir plus sur l’état du combat contre les mutilations génitales féminines dans le monde

 

 

 

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 Des financements insuffisants pour promouvoir l’égalité des genres à l’international 

Quels pays donateurs soutiennent l’égalité femmes-hommes dans leur aide publique au développement ?

Depuis la mise en place par l’OCDE en 2016 d’un marqueur dédié à la comptabilisation de l’aide publique au développement en faveur du genre, les 30 pays donateurs du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE indiquent le degré de prise en compte du genre dans l’ensemble de leurs projets et programmes.

Malgré la nécessité de renforcer les financements pour progresser vers l’égalité des genres, on observait en 2022 une diminution de 5 % de l’aide publique au développement contribuant directement à l’égalité femmes-hommes dans le monde, atteignant 5,5 milliards de dollars contre 5,8 milliards en 2021 (objectif principal - marqueur 2 de l’OCDE). Parallèlement, les engagements en faveur de projets ayant l’égalité comme objectif significatif (marqueur 1 de l’OCDE) ont enregistré une hausse de 21 %, augmentant de 53 milliards de dollars en 2021 à 64 milliards en 2022.

 

En 2021, la France s’est engagée à allouer 75 % de son aide bilatérale à l’égalité de genre, dont 20 % l’ayant pour objectif principal. Selon les dernières données disponibles, la France ne tient encore pas ses engagements.

 

🔗 En savoir plus sur les pays donateurs qui soutiennent l’égalité femmes-hommes via leur aide publique au développement

 

Renforcement des institutions et du financement pour accélérer la réalisation de l’égalité entre les genres : perspectives sur la CSW68

La 68e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies  (CSW 68), le rendez-vous international annuel des droits des femmes, se tient à  New York du 11 au 22 mars 2024. Cette année, le renforcement des institutions et du financement pour accélérer la réalisation de l’égalité entre les genres est au cœur des discussions des États parties et des nombreuses ONG participantes.

Une délégation de 15 député·e·s français·es sera présente pour la première fois à New York dans le cadre de la CSW. Alors que le droit à l’IVG vient d’être inscrit dans la Constitution française, ce déplacement constitue une occasion de porter haut la voix de la France et d’offrir une nouvelle orientation pour les droits et la santé sexuels et reproductifs à l’international.

🔗 En savoir plus sur la 68e CSW

 

Diplomatie féministe, où en est-on  ?

Quinze pays se sont récemment engagés en faveur d’une diplomatie féministe visant à influencer et faire progresser les droits des femmes et des minorités de genre via leur politique étrangère.

La France a rejoint ce club restreint en 2019 en s’engageant via sa diplomatie féministe à accroître son aide au développement en faveur de l’égalité femmes-hommes, à soutenir les mouvements féministes dans les pays du Sud et accroître durablement l’accès du plus grand nombre aux DSSR.

Passant de la parole aux actes à l’occasion du Forum Génération Égalité, la France est devenue le premier pays soutenant les organisations de défense des droits des femmes et des mouvements féministes.

Elle alloue par ailleurs 400 millions d’euros par an en faveur des DSSR.

 

 

🔗 En savoir plus sur l’aide publique au développement de la France en matière d’égalité femmes-hommes

Le dernier rapport de l’Institut du Genre en Géopolitique ouvre la focale sur les engagements de l’Espagne, de la France et de l’Italie en matière d’égalité de genre et souligne un certain nombre de lacunes des politiques publiques menées en la matière, notamment leur manque de cohérence entre mesures domestiques et actions internationales.

Alors que certains pays, comme la France et l’Espagne, ont officiellement adopté une politique étrangère féministe, d’autres, tels que l’Italie, tendent à promouvoir des valeurs traditionalistes et conservatrices. Le rapport met en garde contre les dangers du nationalisme et du conservatisme en Europe, tout en appelant l’Union européenne à jouer un rôle dans l’harmonisation et la promotion des politiques étrangères féministes parmi ses États membres.

🔗 Découvrir la synthèse du rapport de l’Institut du genre en géopolitique

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 Campagnes, mobilisations et publications à l’occasion du 8 mars 

 

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 Sondage : opinions et attitudes sur les inégalités femmes-hommes en France, Allemagne et Italie

En amont du 8 mars 2024, Focus 2030 a commissionné l’institut de sondage Stack afin de sonder les opinions et attitudes en France, Allemagne et Italie à propos de l’état des inégalités de genre dans leur pays et dans le monde, et sur les mesures à prendre pour y remédier.

Enseignements clefs :

 70 % des personnes interrogées en France, Italie et Allemagne considèrent que l’égalité entre les femmes et les hommes devrait être une priorité politique (France 74 %, Allemagne 64 %, Italie 71 %)

 Dans les trois pays couverts, les personnes interrogées estiment que l’égalité des genres progresse plus rapidement dans leur propre pays que dans le reste du monde.

 71 % des personnes interrogées en France se déclarent favorables à l’adoption d’une diplomatie féministe afin de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde (48 % en Allemagne, 59 % en Italie).

 70 % des personnes interrogées en France se positionnent en faveur de la protection du droit à l’avortement dans la Constitution française (50 % en Allemagne, 61 % en Italie), 66 % estiment que cette mesure pourrait inciter d’autres pays à garantir davantage ce droit (60 % en Allemagne, 61 % en Italie)

🔗 Découvrir l’intégralité des résultats du sondage

 
 
 
 
 
 

🔗 Découvrir l’intégralité des résultats du sondage


Base de données sur l’égalité femmes-hommes : des data pour mesurer les défis et progrès à l’échelle mondiale

Du Forum Génération Égalité, conférence mondiale sur les droits des femmes organisée en 2021, ont émergé six domaines d’action prioritaires pour faire avancer les droits des femmes et des filles dans le monde.

Focus 2030 a recensé les sources existantes de données portant sur les six coalitions d’action du Forum : la violence basée sur le genre, la justice et les droits économiques, le droit à disposer de son corps et la santé et les droits sexuels et reproductifs, l’action des femmes en faveur de la justice climatique, les technologies et l’innovation au service de l’égalité entre les femmes et les hommes, et les mouvements et le leadership féministes. Deux sections, sur l’éducation et sur le financement d’actions en faveur de l’égalité, complètent ce panorama.

🔗 Découvrez notre recensement des bases de données sur les inégalités de genre dans le monde


 S’informer et s’engager pour l’égalité femmes-hommes dans le monde