Publié le 8 mars 2023 dans Décryptages , mis à jour le 11 mars 2024
Dossier spécial sur l’état des inégalités femmes hommes-dans le monde en 2024 : Ce décryptage du combat contre les mutilations génitales féminines dans le monde est l’une des composantes d’un dossier spécial consacré aux inégalités de genre en 2024. |
230 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi des mutilations génitales féminines (MGF). La plupart du temps pratiquées durant l’enfance, plus précisément entre 0 et 15 ans, les MGF désignent toutes les procédures impliquant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales.
Si des cas de MGF sont reportés partout dans le monde, la pratique est précisément recensée dans 31 pays, principalement situés en Afrique subsaharienne, mais également au Moyen-Orient (notamment au Yémen et en Irak) et dans certains pays d’Asie comme l’Indonésie. Dans neuf pays, plus de trois femmes et filles sur quatre ont subi des MGF : la Somalie, la Guinée, Djibouti, le Mali, l’Égypte, le Soudan, l’Érythrée, le Sierra Leone et le Burkina Faso.
L’ablation partielle ou totale du clitoris (MGF type I) et l’excision (type II) sont les deux types de MGF les plus fréquemment pratiqués.
Au-delà de la mutilation en elle-même, très rarement réalisée sous anesthésie, les MGF ont de graves répercussions sur la santé mentale et la santé sexuelle et reproductive des filles et des femmes. Selon le type de pratique, les conditions d’hygiène ou encore l’expertise de la personne pratiquant l’acte, des complications peuvent subvenir pouvant également entraîner la mort ou augmenter le risque de transmission du VIH. Les MGF sont généralement pratiquées par des personnes âgées de leur communauté ou par des accoucheuses traditionnelles. Plusieurs enquêtes rapportent l’implication croissante de professionnels de santé dans cette pratique, conférant à ces mutilations une apparence de légitimité et d’innocuité sur le plan de la santé. Selon des estimations de l’UNFPA - l’agence de l’ONU chargée de la santé sexuelle et reproductive - sur l’ensemble des femmes de 15 à 49 ans ayant subi une MGF, environ une sur quatre a été excisée par du personnel de santé. C’est notamment le cas pour plus d’un tiers des Égyptiennes et deux tiers des Soudanaises. |
Combien de filles et de femmes sont concernées ?
Si 230 millions de filles et de femmes dans le monde aujourd’hui auraient subi des MGF, la pratique des MGF a diminué au cours des trois dernières décennies. Dans les 31 pays disposant de données de prévalence représentatives au niveau national, aujourd’hui, environ une fille sur trois a subi cette pratique contre une sur deux dans les années 1990.
Cependant, malgré un déclin général, tous les pays n’ont pas progressé. On estime que 4,4 millions de filles, soit plus de 12 000 chaque jour, risquent de subir une MGF en 2024. À ce rythme, ce nombre pourrait atteindre 4,6 millions en 2030.
Aujourd’hui, la plupart des pays ont interdit cette pratique. Les MGF constituent une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes et sont condamnées par plusieurs conventions et traités internationaux, tels que la Convention internationale sur les droits de l’enfant, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes, ou encore le protocole de Maputo, ratifié par 42 pays africains.
Malgré des sommations de l’ONU de prohiber cette pratique à l’échelle mondiale, certains États n’ont toujours pas légiféré sur le sujet, comme le Mali ou l’Indonésie. La majorité (80 %) des pays pour lesquels les MGF font partie des coutumes locales ont interdit cette pratique. Pour certains d’entre eux, cette interdiction n’est pas toujours respectée : c’est le cas notamment du Sénégal, où près de 24 % des filles âgées de 15 à 19 ans ont été victimes de MGF, malgré leur interdiction formelle depuis 1999.
Sur l’ensemble des pays pour lesquels des données sont disponibles, la majorité des filles et des femmes déclarent que la pratique devrait cesser, mais de grandes variations persistent : la quasi-totalité des Tanzaniennes (98 %) considèrent qu’il faut mettre un terme aux MGF, tandis que moins d’une Malienne sur cinq (17 %) estime qu’il faudrait cesser ces pratiques. Une corrélation existe entre la pratique des MGF et leur acceptation sociale : dans les pays où elles sont plus répandues, moins de femmes déclarent que la pratique devrait cesser.
En 2008, L’UNFPA et l’UNICEF ont créé le Programme commun de lutte contre les mutilations génitales féminines, le plus grand programme mondial visant à accélérer l’élimination de cette pratique et à prendre en charge ses conséquences. Celui-ci travaille aux niveaux communautaire, national, régional et mondial pour sensibiliser aux effets des MGF.
L’UNFPA estime que 275 millions de dollars seront consacrés à la lutte contre les MGF d’ici à 2030, alors que 2,4 milliards de dollars seraient nécessaires pour atteindre l’objectif zéro mutilation génitale dans les 31 pays prioritaires.
Engagements de la France
En 2022, la France avait appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre fin à ces pratiques et avait annoncé une augmentation de 300 000 euros de soutien financier à ce domaine d’action par rapport à 2021 dans le cadre du Plan national d’action contre les mutilations sexuelles féminines lancé en 2019.
La France apporte également son soutien à des acteurs de la société civile et à des fonds notamment :