Publié le 25 mars 2024 dans Sondages
En partenariat avec Stack Data Strategy, Focus 2030 a mené une enquête par sondage en février 2024 dans trois pays : France, Allemagne et Italie. En amont des élections européennes, cette étude vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales), relais d’opinion et journalistes afin de permettre de mieux saisir les attentes citoyennes vis-à-vis du rôle de l’Europe dans le monde. Les résultats présentés ci-dessous sont issus de sondages réalisés entre le 16 et le 22 février auprès d’échantillons représentatifs de la population adulte respective de chacun des trois pays (environ 1500 répondants par pays). |
En amont des prochaines élections au Parlement européen qui se tiendront du 6 au 9 juin 2024, Focus 2030 a souhaité interroger les citoyen·ne·s en France, en Italie et en Allemagne sur leurs perceptions du rôle de l’Union européenne vis-à-vis de la solidarité internationale. Décryptage.
L’Union européenne, qui réunit 27 États membres, est un acteur incontournable du multilatéralisme dans un monde toujours plus divisé et instable comme en ont témoigné la pandémie de Covid-19, les guerres et crises humanitaires en cours sans compter les ravages des dérèglements climatiques. L’Union européenne exerce une influence non-négligeable sur la scène internationale, notamment à travers sa représentation dans les instances multilatérales et son aide à destination des pays en développement en tant que premier donateur mondial (93 milliards de dollars de ses pays membres et 27 milliards de dollars des institutions de l’UE en 2023). La puissance économique de ce regroupement régional (16 % de la richesse produite mondialement) suppose enfin une responsabilité particulièrement vis-à-vis du reste du monde, et particulièrement des pays en développement.
Dans ce contexte, Focus 2030 a souhaité interroger les citoyen·ne·s en France, en Italie et en Allemagne afin de prendre connaissance de leur aspiration, ou non, à davantage d’engagement de l’Union européenne en faveur du développement international.
Ce sondage met en évidence un fort sentiment d’appartenance à une citoyenneté européenne (69 % en moyenne dans les trois pays), bien que le sentiment d’appartenance nationale, non exclusif, demeure plus important (84 %). 73 % des personnes interrogées en France, en Allemagne et en Italie soutiennent un maintien ou une augmentation de l’aide de l’Union européenne (UE) à destination des pays en développement, démonstration d’une aspiration collective en faveur d’une solidarité avec les pays les plus pauvres, qui constitue d’ailleurs l’une des valeurs de l’UE pour la majorité des citoyen·ne·s (58 %). Les personnes interrogées se positionnent également en faveur d’une taxe sur les transactions financières européenne (57 %) et d’un plus grand soutien financier de l’UE à l’égard de l’égalité femmes-hommes dans le monde (63 %).
Décryptage.
En France, en Allemagne et en Italie, les personnes interrogées se considèrent-elles davantage citoyen·ne·s de leur propre pays, de l’Union européenne ou du monde ? Cette question permet de saisir les tendances au repli national en termes d’identité, l’adhésion au projet européen et la prise de conscience des interdépendances d’une société globalisée.
Dans les trois pays, le sentiment d’appartenance nationale est le plus marqué (84 % en moyenne), viennent ensuite dans deux pays sur trois la citoyenneté européenne (69 %) puis mondiale (60 %). La citoyenneté européenne est moins revendiquée parmi les personnes interrogées en France (-13 points de pourcentage par rapport à l’Allemagne et l’Italie).
Plus en détail, on observe que la citoyenneté « nationale » est particulièrement ressentie dans la tranche des personnes interrogées de plus de 55 ans, par rapport aux personnes de 18 à 44 ans (+18 points en France et en Allemagne, +11 points en Italie).
Le sentiment d’appartenance à une citoyenneté européenne, quant à lui, ne varie pas en fonction de l’âge, mais en fonction de l’orientation politique et du niveau d’étude.
Le sentiment d’appartenance à une citoyenneté mondiale est également fortement dépendant de l’orientation politique. Il est davantage revendiqué par les sympathisant·e·s de gauche dans les trois pays que par les sympathisant·e·s du centre ou de droite (+18 points en France, +17 points en Allemagne, +15 points en Italie).
73 % des personnes interrogées en France, en Allemagne et en Italie considèrent que le soutien de l’Union européenne en faveur de la santé, de l’éducation et du développement des pays les plus pauvres devrait être maintenu ou augmenté. Seule une minorité (15 %) s’oppose à cette idée.
Les sympathisant·e·s de gauche et de centre gauche sont plus susceptibles de se positionner en faveur de ce soutien que les sympathisant·e·s de droite (+17 points en France, +9 points en Allemagne, +12 points en Italie).
En moyenne, 58 % des personnes interrogées en France (56 %), en Allemagne (53 %) et en Italie (64 %) sont en accord avec l’affirmation selon laquelle « soutenir le développement des pays les plus pauvres fait partie des valeurs de l’Union européenne ». Seuls 13 % affirment être en désaccord avec ce principe.
C’est en Italie que l’on trouve la plus forte adhésion au fait que soutenir le développement des pays les plus pauvres dans le monde représente une valeur de l’Union européenne.
Les personnes interrogées en Allemagne sont - proportionnellement - davantage en désaccord avec cette affirmation qu’en France.
Une fois encore, le principal discriminant sur cette question est l’orientation politique des répondant·e·s : être « de gauche » (« très à gauche » et « de gauche ») est associé avec le fait de reconnaitre la valeur de solidarité à l’échelle mondiale (+14 points que la moyenne des personnes interrogées en Italie, +16 points en France et +17 points en Allemagne).
80 % des personnes interrogées en France, en Allemagne et en Italie sont en faveur ou ne s’opposeraient pas à l’instauration d’une taxe sur les « transactions effectuées sur les marchés financiers » (TTF) pour financer la lutte contre la pauvreté dans le monde et les changements climatiques. Seule une minorité de répondants s’opposeraient à cette mesure (13 % en moyenne dans les trois pays).
À l’occasion de la campagne électorale en amont de la prochaine élection européenne en juin 2024, cette initiative d’ordre fiscal ne représente donc pas un risque politique.
C’est en France que le soutien à une taxe sur les transactions financières européenne est le plus élevé (82 %) et que l’opposition est la plus faible (9 %). Ce soutien des Français·es à l’égard d’une TTF pour financer le développement des pays les plus pauvres confirme ce que Focus 2030 a régulièrement mesuré dans le cadre du projet DEL.
Bien que la majorité des personnes interrogées ne s’oppose pas ou soutient l’idée d’une TTF européenne, cette mesure demeure plus populaire auprès des personnes se déclarant « à gauche » (très à gauche, de gauche ou centre-gauche) que celles sur le reste de l’échiquier politique (+11 points en Italie, +12 points en France, +22 points en Allemagne).
L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas exclusivement perçue comme un enjeu domestique mais bien comme une préoccupation mondiale devant être, entre autres, traitée à l’échelle européenne par des engagements financiers appropriés. Ce que Focus 2030 avait régulièrement identifié auparavant dans le cadre du projet DEL, notamment à l’occasion du Forum Génération égalité.
63 % des personnes interrogées dans les trois pays de cette étude estiment (plutôt ou tout à fait) que l’Union européenne devrait financer la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes à l’échelle du monde.
Si cette opinion est majoritaire, les femmes sont un peu plus nombreuses que les hommes à souhaiter que l’Europe s’engage financièrement en faveur de la lutte pour l’égalité femmes-hommes (écart de 6 points de pourcentage en France, 4 en Allemagne et 3 en Italie).
Même si, quelles que soient les sympathies politiques, la majorité des personnes interrogées se positionne en accord avec cette idée, celles qui se positionnent de « très à gauche » à « centre gauche » sont proportionnellement plus nombreuses que celles de « centre droit » et « très à droite » (+19 points en Italie, +18 points en Allemagne et +16 points en France).
Ces données sont issues d’un sondage réalisé par Stack Data Strategy et analysés par Focus 2030. Pour plus d’information, consulter la méthodologie. |