À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Development Engagement Lab dévoile les résultats d’un sondage comparatif mené par Yougov entre le 20 février et le 1er mars 2023 en Allemagne, France, Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Enseignements sur les messages testés
- Le fait d’avoir ajouté « lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes » parmi une liste d’autres priorités (pauvreté, climat, santé) ne provoque pas une baisse du soutien des personnes interrogées à l’aide publique au développement. Que la question comprenne ou non une référence à la lutte contre les inégalités de genre dans son intitulé, le soutien en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’aide au développement demeure compris entre 51% (en Grande-Bretagne) et 71% (Allemagne).
- Associer les termes « féministe » ou « inclusive » pour qualifier la politique de développement a un coût en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis (et non en France). Le soutien à cette politique décroit de 7 à 15 points de pourcentage en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis quand on emploie ces termes, une corrélation non observée en France.
- On observe un soutien moins important en faveur d’une politique de développement lorsqu’il n’est pas fait mention de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ne pas détailler l’intérêt d’adopter une approche favorable à l’égalité de genre lorsque l’on parle de « politique féministe d’aide internationale » ou « politique de développement intégrant les enjeux de l’égalité entre les femmes et les hommes » réduit le soutien à l’aide au développement de 14 points de pourcentage en France et jusqu’à 30 points en Allemagne. S’il fallait ici ne retenir qu’une leçon, elle serait la suivante : toujours expliquer les motivations qui guident une politique publique.
- On notera toutefois que tant les notions de « politique féministe de développement » que « intégrant les enjeux de l’égalité entre les femmes et les hommes » bénéficient d’un soutien de la majorité de la population dans chacun des pays étudiés, avec un taux moyen de soutien de l’ordre de 55% à 60% lorsque ces politiques sont associées à une explication des motivations qui les guident.
- Près d’une personne sur trois en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et aux États-Unis considèrent l’égalité femmes-hommes comme un enjeu pouvant déterminer leur vote. Parmi les actions que les répondants seraient prêts à faire pour inciter leur gouvernement à lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes, le fait de voter en faveur d’un candidat qui soutient cette cause a été classé parmi les deux actions qu’ils feraient en priorité.
Enseignements sur le soutien du public en faveur de l’égalité de genre et des femmes et des filles
- Une personne sur deux en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, considère que mettre fin aux discriminations à l’égard des femmes et des filles est indispensable pour mettre fin à la pauvreté dans le monde et une proportion encore plus élevée (de 54 % aux États-Unis à 75 % en France) considère que « lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes est moralement ce qui doit être fait ».
- Lorsqu’on leur demande d’identifier les problèmes auxquels sont confrontées les femmes et les filles, les personnes interrogées en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et aux États-Unis désignent toutes le harcèlement sexuel, le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines comme les problèmes dont elles sont les plus conscientes et qui devraient être pris en considération en priorité.
- Quand on les interroge sur la manière d’améliorer la vie des femmes et des filles, dans les quatre pays, les personnes interrogées ont d’abord cité l’accès à l’éducation, puis l’accès à la santé et au planning familial.
- Quand on les interroge sur « comment faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes » (au lieu d’ « améliorer les vies des femmes et des filles »), toutes les personnes interrogées ont également sélectionné
« l’accès à l’éducation » en premier, avec, en second choix, une variété d’autres secteurs tels que la santé, l’accès à l’eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, etc.
- Interrogés sur les actions que les individus seraient prêts à réaliser pour encourager leur gouvernement à lutter contre les inégalités de genre dans les pays en développement, les personnes interrogées en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis ont toutes classé les propositions suivantes dans le trio de tête : « signer une pétition », « voter pour un(e) candidat(e) qui soutient l’égalité entre les femmes et les hommes » et « boycotter les entreprises dont les pratiques ou les investissements aggravent les inégalités entre les femmes et les hommes ».
- La majorité des personnes interrogées en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et aux États-Unis considèrent la religion et l’importance de la culture et de l’histoire comme les principaux obstacles à l’égalité entre les femmes et les hommes dans les pays en développement, suivis de près par le fait que « les hommes résistent à cette évolution ». Interrogées sur les obstacles auxquels font face les femmes et les filles dans leur propre pays, les personnes interrogées en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis ont cité en premier lieu la culture et l’histoire, puis la résistance des hommes, tandis qu’en France on pointe également du doigt le manque de lois garantissant l’égalité.
Communiqué de presse - Development Engagement Lab