Publié le 24 février 2021 dans Décryptages
Cette note propose une lecture de l l’articulation entre sécurité et développement dans le cadre des politiques publiques et dans le but d’atteindre l’Objectif de développement durable n°16 (ODD 16), avant de faire un focus sur le cas de la France.
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Kofi Annan affirmait « qu’il n’y a pas de sécurité sans développement et pas de développement sans sécurité ». Les Objectifs de développement durable (ODD) incluent d’ailleurs un objectif spécifique sur la « paix, sécurité et justice » (ODD 16) en plus des habituels objectifs de nature économique, sociale et environnementale.
Les liens entre aide, développement et sécurité ont grandement évolué avec la multiplication des zones de conflits et la mise en œuvre d’une « approche globale » des crises, alliant aide humanitaire, développement de long terme et sécurité.
Mais les modalités opérationnelles d’une telle approche sont toujours en débat. C’est notamment le cas de la militarisation des opérations humanitaires ou de la comptabilisation de certaines dépenses liées à la sécurité au sein de l’aide publique au développement (APD). Les critères régissant la comptabilisation dans l’APD ont ainsi été revus début 2016 pour inclure des dépenses liées à certaines activités militaires et de sécurité.
Les ONG craignent que cette définition élargie du développement ne permette pas de réorienter des fonds initialement destinés aux populations les plus pauvres. Les ONG redoutent aussi de « politiser » un peu plus l’aide, au détriment du travail des acteurs humanitaires et de développement. De fait, dans les pays ou les régions en crise, l’approche sécuritaire semble prendre le pas sur les politiques de développement, tant en matière de priorité politique que de contributions financières.
En France, malgré les annonces récentes d’augmentation des dons pour les pays pauvres en crise, les ONG s’inquiètent de la politique des 3D (Défense, Diplomatie, Développement) prônée par le gouvernement. Cette politique prend le risque d’aboutir à une focalisation accrue de l’aide au développement sur les enjeux directement liés à la sécurité nationale. C’est pourquoi de nombreuses ONG travaillent sur la révision du tandem sécurité-développement, en associant les regards respectifs des acteurs de la recherche, de la diplomatie, de la défense, de l’humanitaire et du développement, sans pour autant confondre les rôles de chacun.