Publié le 5 janvier 2020 dans Actualités
De juin à octobre 2019, Solidarité Sida et ses partenaires ont mené la campagne Treatment4All (« Traitements pour tou·tes ») en amont de la Conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui se tenait à Lyon le 10 octobre. Une campagne hautement stratégique pour un enjeu de taille auquel Focus 2030 a apporté son soutien technique.
Les Objectifs du développement durable envisagent de mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme d’ici 2030 (cible 3.3 de l’ODD 3). À ce titre, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme joue un rôle prépondérant. De la capacité de ce fonds à bénéficier des ressources financières nécessaires à la réalisation de ses programmes se joue la vie de millions d’êtres humains. Depuis sa création en 2002, plus de 60 pays ont investi dans le Fonds mondial et plus de 32 millions de vies ont pu ainsi être sauvées.
Selon les dernières données recueillies, le Fonds mondial permet chaque année :
• à 18,9 millions de personnes de bénéficier de traitements antirétroviraux contre le VIH ;
• à 5,3 millions de personnes d’être traitées contre la tuberculose ;
• de distribuer 131 millions de moustiquaires dans les pays les plus touchés par le paludisme.
Néanmoins, malgré ce bilan prometteur et même si l’avènement des trithérapies a permis d’améliorer le quotidien de très nombreux patient·s, des populations entières en sont privées et plus d’un million d’enfants séropositifs attendent toujours un traitement pédiatrique. Le nombre de nouvelles infections au VIH augmente au Maghreb, en Europe de l’est et en Asie centrale. La tuberculose, quant à elle, fait plus de 1,6 million de nouvelles victimes tous les ans et devient de plus en plus résistante. Et pour la première fois depuis une décennie, le nombre de cas de paludisme a augmenté très fortement. Cette résurgence est pour le moins préoccupante, raison pour laquelle il importe de mobiliser la communauté internationale afin que pays donateurs et pays dit "en développement" mobilisent les fonds nécessaires à la lutte contre ces trois pandémies.
Le combat est donc loin d’être gagné : aujourd’hui encore, ces trois pandémies tuent 8 000 personnes par jour. Chaque jour, 5 000 personnes contractent le VIH et 2 800 en meurent, 1 enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes, et la tuberculose est la maladie infectieuse la plus meurtrière à l’échelle mondiale.
Afin d’accélérer le mouvement contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Fonds mondial a évalué ses besoins de financement à 14 milliards de dollars pour les trois prochaines années. Le 10 octobre 2019, se tenait, en France, la conférence de reconstitution du Fonds mondial où les cheff·es d’État des principaux pays donateurs annonçaient leurs contributions.
C’est dans ce cadre que, de juin à octobre 2019 - en amont de la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial - Solidarité Sida et ses partenaires ont fait vivre et rendu visible un mouvement d’adhésion populaire pour l’accès universel aux traitements, intitulé Treatment4All (« Des médicaments pour tous »). Grâce à de nombreux relais d’opinion, la campagne a réussi à faire émerger cette problématique dans l’agenda médiatique et politique et a pu ainsi soutenir le leadership de la France en matière de santé mondiale et de lutte contre le sida.
Cette campagne avait les objectifs suivants :
Solidarité Sida a fait le pari d’une mobilisation grand public et de grande ampleur, déployée conjointement avec les acteurs de la société civile française et internationale. Afin de bénéficier d’un large soutien et d’une couverture médiatique inédite, la campagne s’est appuyée sur le festival Solidays et ses 230 000 festivaliers, et sur la mobilisation de plus de 300 influenceurs (artistes, personnalités médiatiques, youtubers, etc.). La campagne a été lancée pendant les principales réunions de préparation du G7 (présidé cette année par la France) et animée durant toute la période estivale. Ainsi, la campagne s’est calée sur les calendriers respectif des États en amont des arbitrages financiers et législatifs visant à déterminer le niveau de leurs contributions au Fonds mondial.
La Conférence de reconstitution du Fonds mondial accueillie par la France a atteint son objectif avec 14 milliards de dollars collectés auprès des États du monde entier mais aussi auprès de partenaires du secteur privé et de fondations. Ces 14 milliards permettront, selon le cas d’investissement du Fonds mondial du Fonds mondial, de sauver 16 millions de vies et d’éviter 234 millions nouvelles infections liées au sida, la tuberculose et le paludisme entre 2021 et 2023.
Treatment4all a participé à la réussite de la 6ème Conférence du Fonds mondial en imposant le sujet dans la sphère médiatique et en accompagnant positivement les efforts de la France dans son travail diplomatique de mobilisation des ressources financières.
Solidarité Sida et ses partenaires sont parvenus à créer un mouvement de soutien populaire, médiatique et politique autour d’un enjeu relativement "technique" (financer une organisation internationale) et assez éloigné de notre quotidien (le Fonds mondial lutte exclusivement dans les pays du "Sud"), un enjeu par ailleurs moins visible que par le passé et en concurrence avec d’autres grands défis, climatiques et environnementaux notamment. À cet effet, Solidarité Sida s’est focalisée sur un message simple, l’égalité de traitements pour tout·es, et sur la nécessité des chef·fes d’État, menés par la France, de mettre plus de volonté (et d’argent !) pour lutter contre les trois grandes pandémies.
1. Le timing parfait : la campagne est lancée fin juin 2019 pendant le Festival Solidays, festival à la communication parfaitement rodée permettant à la campagne de partir sur d’excellentes bases générant une couverture médiatique importante quatre mois avant la conférence.
2. Un message simple et positif : #Treatment4All, orienté principalement sur le soutien à la lutte contre le sida (même si le Fonds mondial lutte également contre la tuberculose et le paludisme, moins bien connus par les Français·es) fondé sur le principe de l’égal accès de tout·es à la santé.
3. La mobilisation de personnalités influentes a permis de rendre l’appel à action visible, notamment avec un visuel efficace permettant des prises de photos avec les soutiens de la campagne et des personnalités engagées, notamment le Président Macron et Elton John.
4. Une campagne soutenue par les ONG françaises et internationales.
5. La combinaison musique, enthousiasme et messages positifs (« un monde sans sida, c’est possible »), avec des images/visuels qui rappellent l’urgence d’agir.
6. L’expérience, le savoir-faire, les moyens et le réseau de l’organisation derrière la campagne. Solidarité Sida et ses partenaires sont capables de monter rapidement des évènements d’une envergure exceptionnelle, de lever des fonds importants, d’obtenir des soutiens logistiques et de communication à titre gracieux, de mobiliser des milliers de bénévoles, d’accéder au plus près des décideurs politiques et des journalistes.