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Base de données : quel est l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les inégalités de genre ?

Publié le 8 septembre 2021 dans Faits et chiffres , mis à jour le 18 janvier 2023

Si sur le plan médical, les hommes semblent globalement plus touchés que les femmes par la pandémie de Covid-19, ces dernières sont plus affectées par ses conséquences à de nombreux égards. Le Forum économique mondial estimait ainsi en mars 2021 que la pandémie avait d’ores et déjà retardé l’atteinte de l’égalité femmes-hommes de plus d’une génération.

Retrouvez ci-dessous un recensement des sources de données illustrant ce constat à l’échelle de la planète.

Les données présentées dans cet article ont été mises à jour le 8 septembre 2021. Pour des informations plus récentes, veuillez consulter directement la source originale.

Retrouvez plus de faits et chiffres dans nos articles recensant les bases de données sur :


Suivre l’évolution de la pandémie

Le Sex, Gender and COVID-19 Project est un partenariat entre Global Health 50/50, le Centre africain de recherche sur la population et la santé (APHRC) et le Centre international de recherches sur les femmes (ICRW). Il comprend le COVID-19 Sex-Disaggregated Data Tracker, qui agrège les données désagrégées par sexe existantes sur les cas confirmés, les hospitalisations, les admissions en soins intensifs, les décès ou encore les vaccinations. À noter qu’au 24 août, sur 197 pays, seuls 92 rapportaient le nombre de cas et de décès désagrégés par sexe. Il est complété par le Sex, Gender and COVID-19 Health Policy Portal, une analyse de l’intégration du sexe et du genre dans les réponses sanitaires nationales à la pandémie.

Le Global Dashboard for Vaccine Equity, du PNUD, de l’OMS et de l’Université d’Oxford, permet également de visualiser les pays communicant des données sur la pandémie désagrégées par sexe.

Source : Sex, Gender and COVID-19 Health Policy Portal.


Saisir les conséquences genrées de la pandémie sur d’autres enjeux de santé

L’UNFPA évalue que durant la première année, la pandémie a perturbé l’accès de 12 millions de femmes à leurs méthodes de contraception, entraînant 1,4 million de grossesses non désirées.

En avril 2020, l’UNFPA estimait que six mois de confinement pourraient entraîner 31 millions de cas supplémentaires de violence domestique contre des femmes, qui concernait déjà chaque année une femme sur sept dans le monde (243 millions). S’il ne s’agit que d’approximations et que des données fiables ne sont pas encore disponibles au niveau mondial, des preuves de la « pandémie de l’ombre » existent déjà. Une enquête de ONU Femmes dans 49 pays a par exemple révélé que dans 80 % des pays, les appels aux services d’assistance téléphonique ont augmenté. Ils ont jusqu’à quintuplé dans certains pays.

En mars 2021, l’UNICEF estimait que 10 millions de filles supplémentaires pourraient être mariées d’ici à 2030 du fait des conséquences directes et indirectes de la pandémie (décès parentaux, fermetures d’écoles, perturbation des services, hausse de la pauvreté, etc.).

Les inégalités entre femmes et hommes en matière d’insécurité alimentaire se sont creusées en 2020 selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : pour 10 hommes en situation d’insécurité alimentaire en 2020, on comptait 11 femmes dans la même situation (contre 10,6 en 2019).

Source : UNICEF.


Mesurer les retombées économiques genrées de la pandémie

Le COVID-19 and gender monitor d’ONU Femmes est un tableau de bord présentant les données disponibles renseignant l’impact de la pandémie sur l’atteinte des Objectifs de développement durable liés à l’égalité des genres. En 2021, 47 millions de filles et de femmes supplémentaires pourraient vivre sous le seuil de pauvreté.

À travers le monde, les femmes ont subi dans une plus grande mesure les conséquences économiques de la crise. Comme le rapporte l’Organisation internationale du Travail (OIT), à l’échelle mondiale, elles sont surreprésentées dans les emplois informels sans protection sociale, et les secteurs les plus touchés par le ralentissement de l’économie mondiale :

  • avant la pandémie, plus de femmes que d’hommes occupaient un emploi informel dans 90 % des pays d’Afrique subsaharienne, 89 % des pays d’Asie du Sud, et 75 % des pays d’Amérique latine
  • 40 % des employées travaillent dans des secteurs durement affectés par la crise, contre 36,6 % des employés
  • entre 2019 et 2020, la pandémie a détruit 4,2 % des emplois féminins mondiaux, contre 3 % des emplois masculins. En 2021, le nombre de femmes occupant un emploi restera inférieur de 13 millions à son niveau de 2019, tandis que le niveau d’emploi des hommes aura rattrapé celui de 2019.

Une enquête de la Banque mondiale auprès de 45 000 entreprises de 49 pays révèle qu’au printemps 2020, les entreprises dirigées par des hommes ont enregistré une baisse de 60 % de leurs ventes anticipées par rapport à 2019, contre 68 % pour celles dirigées par des femmes.

Mc Kinsey estimait ainsi en 2020 que, sans mesures pour combler l’écart additionnel de participation au marché du travail entre les femmes et les hommes, la croissance du PIB mondial pourrait être inférieure de 1 000 milliards de dollars en 2030 à ce qu’elle serait si l’écart était simplement maintenu.

Alors qu’avant la pandémie, les femmes dédiaient en moyenne trois fois plus de temps que les hommes aux responsabilités domestiques et de soin non-rémunérées, les mesures pour limiter la diffusion de la pandémie (confinements, fermetures d’écoles, etc.) ont aggravé cet écart.

À l’été 2020, Focus 2030 et Women Deliver ont mené un sondage représentatif de la moitié de la population mondiale pour, entre autres, saisir l’impact genré de la pandémie de Covid-19. Les femmes interrogées sont ainsi 48 % à déclarer une hausse du temps qu’elles ont consacré aux tâches ménagères, contre 38 % des hommes. Mais 82 % soutiennent que les femmes devraient être impliquées à tous les niveaux de la réponse sanitaire mondiale, y compris dans le développement des politiques publiques et des traitements. Un explorateur de données permet de consulter et télécharger les résultats en accès libre.

Le Center for Global Development estime qu’en 2020, du fait des fermetures d’écoles dans le monde, les femmes en âge de travailler ont alloué en moyenne 173 heures supplémentaires de leur temps aux soins des enfants, soit environ trois fois plus que les hommes en âge de travailler (59 heures supplémentaires).

Selon Oxfam, la pandémie de COVID-19 a entraîné une perte de revenus d’au moins 800 milliards de dollars US pour les travailleuses du secteur formel dans le monde en 2020.


Surveiller la prise en compte du genre dans les réponses apportées

Le COVID-19 Global Gender Response Tracker, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), effectue le suivi des réponses apportées par les gouvernements pour lutter contre la pandémie, mettant en évidence celles qui ont intégré une perspective de genre. Sur 225 cellules de crise contre la Covid-19 dans 137 pays, seulement 24 % des membres sont des femmes.

Selon le projet Les femmes, l’entreprise et le droit de la Banque mondiale, les pays ayant mis en place des mesures pour supporter spécifiquement les travailleuses face à la pandémie étaient déjà plus avancés que les autres en termes d’égalité économique. Les données par pays sont disponibles ici.

PARIS21, partenariat hébergé par la Direction des Statistiques de l’OCDE, a analysé l’aide publique au développement (APD) orientée vers le renforcement des statistiques dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Le rapport PRESS 2020 révèle que jusqu’en août 2020, à peine 11 % de l’APD en faveur de meilleures données Covid-19 comportait une dimension de genre.

Le Global Institute for Women’s Leadership a analysé près de 150 000 articles sur la pandémie, publiés entre mars et juillet 2020 en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Elle révèle que seulement 5 % des experts cités pour leurs connaissances en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM) étaient des femmes.


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