Publié le 26 novembre 2019 dans Sondages
Focus 2030 publie son 6ème Baromètre de la solidarité internationale intitulé « Les Français·e·s, le climat et l’environnement » à télécharger ici.
Alors que Paris accueillait la reconstitution du Fonds vert pour le climat le 25 octobre 2019, un certain nombre d’États, dont la France, ont mobilisé 9,8 milliards de dollars, envoyant un signal fort selon lequel les pays riches doivent aider les pays en développement à faire face aux dangers croissants causés par les changements climatiques.
C’est dans ce cadre que nous avons souhaité en savoir plus sur les ressorts de l’engagement des citoyen·ne·s en faveur d’une plus grande solidarité internationale pour protéger la planète, thème de notre Baromètre de la solidarité internationale n°6, ce, alors que s’est tenue la COP25 à Madrid et en amont de la COP26 désormais reportée en 2021 du fait de l’épidémie du COVID-19.
Au cœur de notre monde contemporain, l’écologie est longtemps demeurée un impensé politique, médiatique et individuel. C’était sans compter sur la dérive incontrôlable de tous les paramètres de notre planète. En moins de deux siècles, les êtres humains ont rendu leur propre environnement nocif et imprévisible, jusqu’à ce qu’une certitude s’installe : le pire est à venir.
Le projet Development Engagement Lab auquel contribue Focus 2030, s’évertue à mesurer les transformations à l’œuvre chez les Français·e·s. Que comprennent nos concitoyen·ne·s aux urgences qui se présentent ? Qui tenir pour responsables quand il s’agit de gérer ces urgences ? Face à leurs préoccupations environnementales grandissantes, comment la société prend-elle conscience de l’interdépendance des peuples et des économies, mêlant les intérêts souvent divergents des pays « riches » et des pays en développement ? Cette réflexion questionne les tentations de repli autant que les nécessités d’accepter un monde aux besoins globalisés.
En l’occurrence, les données présentées dans ce Baromètre de la solidarité internationale attestent d’une prise de conscience désormais prioritaire des Français·e·s à l’égard des questions environnementales.
Aujourd’hui, on remarque qu’une majorité de Français·e·s s’identifient à ceux qui prennent soin de la nature et de l’environnement. Ces chiffres suggèrent que les Français semblent prêts à penser à faire plus et mieux pour sauvegarder la planète. En revanche, ils ne permettent pas de mesurer les efforts auxquels les Français seraient réellement prêts à consentir en matière de coût de la transition vers une existence plus compatible avec la nature.
Quand on identifie les renoncements que les Français·e·s déclarent être en mesure d’accepter autant que les réticences qu’ils ont à modifier leurs modes de vie et de consommation, le panorama des efforts déclarés (ce qui, de fait, engage peu les répondants) procure à la fois de l’optimisme et des inquiétudes faisant écho à des opinions ou des comportements paradoxaux.
Le sentiment de préoccupation à l’égard de la pauvreté dans les pays en développement est corrélé au souci des Français à l’égard de la nature et de l’environnement. Ces deux dimensions se conjuguent comme si le fait de se soucier de la nature ou le fait de se préoccuper de la pauvreté dans le monde, dessinait, dans les deux cas, une conscience commune des enjeux collectifs sur une planète en partage. En d’autres termes, soutenir le développement des pays pauvres ne doit pas passer par la duplication du modèle qui a prévalu dans les pays riches dès lors que personne n’ignore plus aujourd’hui que ce modèle s’avère néfaste pour la planète.
L’orientation politique des Français fait varier leur appréciation des impacts des changements climatiques. Plus les répondants se déclarent à gauche de l’échiquier politique et plus ils sont enclins à considérer que les pays pauvres seront les premières victimes des changements climatiques. A l’inverse, les sympathisants de droite sont plus nombreux à considérer que tous les pays seront affectés de la même manière. Les sympathisants du centre partagent plutôt le même point de vue que les sympathisants de gauche sur cette question.
Il faut noter qu’en regardant la situation contemporaine opposant l’économie à l’écologie, deux temporalités s’affrontent. D’un côté, il s’agirait de privilégier la croissance économique (l’immédiat), celle qui permet de nourrir les populations dans le monde (à la fois ici et ailleurs), d’assurer la santé et l’éducation. De l’autre, il s’agirait de protéger l’environnement (le demain ou l’après-demain).
Pour les Français·e·s, les politiques internationales sont identifiées comme étant la meilleure réponse pour réduire les impacts du changement climatique. En réalité, devant la complexité du dérèglement climatique et de ses conséquences, la répartition de ces réponses nous montre que pour les Français, il n’y a pas "une" réponse, mais "des" interlocuteurs et "des" approches différentes qu’il s’agit de conjuguer.
Paradoxalement, les Français considèrent (presque) à égalité l’engagement à l’échelon international (conférences de type COP 21) et à l’échelon individuel (changements de comportements) comme les solutions les plus à même de répondre au défi climatique. En revanche, l’échelon européen ne retient que peu de suffrage (19%) et surtout l’échelon national n’est que très peu perçu (9%) comme étant le niveau de décision pertinent pour avoir un impact.