Focus 2030
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La majorité des Français·es en faveur d’une taxation des profits réalisés par les multinationales

Publié le 5 juillet 2021 dans Sondages , Décryptages

et de la lutte contre l’évasion fiscale

En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyens sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Royaume-Uni.

Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes pour mettre en œuvre leurs activités de communication, de mobilisation et de plaidoyer.

2066 adultes représentatifs de la population française ont été interrogés entre le 21 et le 28 juillet 2020, soit à la sortie de la première vague de la pandémie de Covid-19, à propos de la fiscalité qui devrait être imposée aux entreprises multinationales mais aussi à propos de la lutte contre l’évasion fiscale.

75% des Français·es souhaitent que le gouvernement français s’implique pour faire en sorte que les multinationales qui opèrent dans les pays pauvres paient leurs impôts dans ces pays.

Cette opinion très majoritairement partagée, dès lors que seuls 6% des Français s’y opposent, signifie que, selon les Français, la France, au même titre que d’autre pays industrialisés, doit soutenir les pays en développement affectés par la pandémie en leur permettant de lever un impôt qui jusqu’alors échappait au budget des États.

La pandémie ayant contribué à faire prendre conscience que nous étions tous, sur terre, confrontés à un même mal nécessitant une lutte concertée à l’échelle nationale et internationale, il n’est pas étonnant d’imaginer qu’il apparait juste et équitable aux yeux des Français que les pays en développement puissent aussi être en mesure de financer leurs services de santé en s’appuyant sur une taxation des profits réalisés sur leur propre territoire, c’est à dire reposant sur l’activité de leurs travailleurs et les dépenses de leurs consommateurs.

Cette opinion en faveur d’une taxation internationale plus équitable susceptible de corriger les inégalités flagrantes entre les pays riches et les pays en développement est davantage soutenue par les répondants déclarant être au moins titulaires d’un Bac en comparaison avec ceux qui n’ont pas le Bac (écart de 6 points) et par les sympathisants de gauche (écart de 14 points avec les sympathisants de droite et de 10 points avec les sympathisants du centre).

74% des Français souhaitent que la France fasse davantage d’efforts pour lutter contre l’évasion fiscale

Cette opinion fait l’unanimité dans un sondage réalisé entre le 30 avril et le 5 mai 2021, soit au moment où la France commence à retrouver des formes de la liberté à l’occasion du déconfinement d’une part et de la campagne de vaccination d’autre part, après trois vagues épidémiques coûteuses en vie et en euros qui forcent à questionner le financement du budget de l’État. Les 3% de Français estimant que la France fait déjà trop d’efforts dans ce domaine ne représentent, de fait, personne compte tenu de la marge d’erreur retenue à -/+ 2%.

Il se trouve que le souhait que la France s’implique davantage dans la lutte contre la fraude fiscale dans le monde a rapidement une forme d’écho favorable lor de la décision prise, un mois après ce sondage, à l’occasion du G7 finances (Londres, 4 et 5 juin 2021) en faveur d’un impôt minimal mondial (15%) calculé sur les bénéfices réalisés par les multinationales dans les pays où ils ont été réalisés, c’est à dire aussi dans des pays en développement. Ce point de vue est particulièrement partagé par les répondants de plus de 55 ans (écart de 17 points) et par les sympathisants de gauche (+12 points) et du centre (+ 6 points).