Publié le 23 novembre 2020 dans Sondages
Interrogé·es sur l’action de la France et de la communauté internationale pour répondre à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 , les Français·es attestent d’une compréhension singulière des enjeux épidémiques, des conséquences sanitaires et des réponses politiques et scientifiques à apporter, témoignant implicitement, d’un fort soutien en faveur d’une plus grande solidarité internationale.
Les spécificités d’un contexte
Les résultats de ce sondage à propos de la pandémie de Covid-19 ne peuvent s’interpréter sans prendre en considération trois facteurs contextuels susceptibles de nourrir les opinions et les perceptions des répondants à propos d’un événement mondial sans aucun précédent connu des générations actuelles :
La conscience partagée que l’impact de la crise sanitaire est mondial
Interrogés quant à savoir si la Covid-19 affectait davantage les pays pauvres ou les pays riches, 48% des Français considèrent que les conséquences de la crise sanitaire touchent tous les pays, quel que soit leur niveau de développement. C’est la perception de l’aspect mondialisé d’une épidémie planétaire davantage remarquée par les sympathisants de gauche (+ 5 points de pourcentage) que par les sympathisants de droite (- 5 points).
Selon toute vraisemblance, ces réponses ne veulent pas dire que les conséquences de la pandémie sont nécessairement identiques en matières sanitaires, économiques, sociales et politiques selon les Français. Elles semblent signifier que la majorité des citoyens réalisent que la population mondiale fait face à un enjeu historique impliquant un même virus, affectant indifféremment les citoyens du monde, dans une même unité de temps.
En cela, les Français perçoivent, sans en connaitre les détails, que l’ensemble des pays sont indifféremment touchés à l’échelle de la planète.
D’une certaine manière, les Français ont pris conscience qu’à des degrés divers, aucune population n’est épargnée. Ces réponses soulignent le fait que les Français ne regardent pas la pandémie de Covid-19 qu’à partir d’un prisme domestique voire européen.
Ces réponses témoignent de la compréhension du caractère mondial de la situation qui prévaut. Cet événement est perçu comme tel par un grand nombre de citoyens et pourrait constituer à l’avenir une "Génération Covid", plus à même de saisir nos interdépendances avec le monde.
La lutte contre la pandémie du Covid-19 est un combat mondial auquel la France doit participer
Tout se passe comme si la pandémie du Covid-19 contribuait à considérer la santé comme un bien commun à l’échelle de la planète.
Interrogés sur la manière dont la France devrait soutenir les initiatives prises dans d’autres pays pour lutter contre la Covid-19, une très grande majorité de Français estiment que les efforts de la France doivent être associés aux acteurs internationaux pour un bénéfice commun.
Pour souligner cette affirmation partagée, seuls 13% des répondants s’opposent à ce point de vue. Ces chiffres dénotent également la conscience, que la France à sa (petite) échelle nationale, ne peut rien seule contre une telle pandémie mondiale.
Il ne s’agit pas là de l’expression d’une générosité, mais bien d’une certitude quant à l’impossibilité de faire front sans travailler conjointement, au-delà des frontières et des intérêts nationaux, pour mener une victoire au bénéfice de tous.
En matière de pandémie, ces réponses témoignent de la négation de l’échelle nationale comme niveau d’intervention politique pertinent pour résoudre un tel défi.
On peut voir dans ces chiffres l’affirmation d’un soutien au multilatéralisme qui ne serait pas nécessairement d’origine idéologique (d’ailleurs les orientations politiques des répondants ne font pas, en l’occurrence, varier les réponses de façon significative), mais davantage d’origine pragmatique.
Tout se passe comme si la lecture des événements permettait aux opinions publiques de se décentrer d’une vision privilégiant les intérêts nationaux pour mieux se concentrer sur la nature planétaire des enjeux sanitaires, politiques, économiques et sociaux.
Un vaccin pour toutes et tous
Il est manifeste que les Français n’imaginent pas qu’un vaccin contre la Covid-19 puisse être réservé aux Français en priorité.
Derrière ces chiffres, pointe la certitude que les Français ne se considèrent pas comme des victimes particulières qu’il s’agirait de protéger avant d’autres populations. Le vaccins est plutôt considéré comme un bien commun, une l’approche vaccinale est comprise comme une solution hors du marché qui ne peut fonctionner qu’à condition que tous les pays puissent mettre en commun leurs savoirs et que toutes les populations puissent en bénéficier au même moment dans les mêmes conditions.
L’ensemble de ces réponses traduisent une absence de parti pris autre que la volonté unanimement partagée d’une stratégie pertinente qui favorise l’efficacité de la réponse vaccinale à l’échelle planétaire. Derrière ces opinions, tout se passe comme s’il y avait l’affirmation qu’au niveau mondial, soit on s’en sortira tous, solidairement, soit personne ne s’en sortira. Ce constat ne semble pas souffrir d’état d’âme.
Un ennemi extérieur qui rend plus solidaire : à la manière d’un plébiscite pour une réponse coordonnée à l’échelle mondiale les opinions à propos de la recherche d’un vaccin contre la Covid-19 démontrent à quel point la pandémie est perçue comme un fléau et que le salut ne pourra passer par des égoïsmes nationaux.
Une relative défiance du monde politique
36% des Français ne font pas confiance aux dirigeants politiques pour faire en sorte de partager la découverte d’un vaccin avec les autres pays.
Pour autant, 50% des Français font confiance à « certain »s chefs d’États pour partager les découvertes scientifiques qui émaneraient de leur propre pays avec d’autre pays.
Sur ce sujet, les femmes sont plutôt plus confiantes que les hommes.
Les avis quant à savoir si la France est leader mondial dans la découverte d’un vaccin contre la Covid-19 sont très partagés. 28% des Français ne connaissent pas le rôle de la France en matière de recherche scientifique contre la Covid-19, soit 42% de ceux qui n’ont aucun diplôme contre 18% des répondants titulaires d’un Bac+5.
Ces données sont issues de notre sondage réalisé par l’Institut YouGov et piloté par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab qui mesure l’évolution des opinions et comportements sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays.