Publié le 1er juin 2021 dans Sondages
En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyens sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Royaume-Uni.
Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes pour mettre en œuvre leurs activités de communication, de mobilisation et de plaidoyer.
C’est dans ce cadre que 2 066 Français·es ont été questionné·es, entre le 30 avril et le 5 mai 2021, sur leur compréhension ou incompréhension de ce qui se vit dans les pays en développement.
Une majorité des Français·es estiment comprendre la situation des pays en développement
57% des Français·es ont ainsi déclaré comprendre (parfaitement ou un peu) "ce que c’est de vivre dans un pays en développement". Ce pourcentage s’élève à 67% chez les répondant·es qui par ailleurs déclarent être déjà allé·es (une fois ou plus) dans un pays africain.
A l’opposé, seuls 23% des répondant·es ont déclaré (ou reconnu) ne pas comprendre la situation des populations dans les pays en développement.
Cette question ne permet pas d’appréhender ce que les Français·es comprennent précisément de la vie des populations dans les pays pauvres à propos de pauvreté, de santé, d’éducation, d’économie, etc. En revanche, ces résultats nous renseignent sur une relative compréhension qui s’apparente à une sensibilité spontanément reconnue à l’égard de vies dont les conditions sont diamétralement opposées avec les existences menées en France.
Malgré la distance géographique, les différences culturelles et le fossé parfois énorme entre les niveaux de développement - qui déterminent, au quotidien, des conséquences majeures en termes de confort et d’espérance de vie, de possibilité d’acquisition ou d’éducation, de rapport au travail, au futur ou à la citoyenneté - les Français·es ne se disent pas étrangers·ères à la cause des populations vivant dans les pays pauvres. En creux, tout se passe comme s’ils·elles se disent conscient·es des inégalités à l’échelle du monde, entre les pays industrialisés comme la France, et les pays en développement. Dans ces réponses, on peut imaginer un terreau propice à la solidarité internationale, tant en soutien aux efforts mis en place par les gouvernements qu’en termes d’engagements personnels (dons, bénévolat, etc.)
Des possibilités d’empathie à géométrie variable selon les Français·es
Dans le détail, on observe que les Français·es plus âgé·es (à partir de 55+ ans) sont plus nombreux·ses à déclarer comprendre ce que c’est de vivre dans les pays en développement (+ 7 points de pourcentage). De même, cette "impression de comprendre" est davantage partagée par ceux·elles qui ont déclaré avoir atteint ou dépassé le Bac, en comparaison de ceux·elles qui n’ont pas le Bac (écart de 9 points de pourcentage). Enfin, les sympathisant·es du centre semblent les plus susceptibles de comprendre ce à quoi font face les populations dans les pays en développement (+ 10 points).
De l’effet d’être sensibilisé à la situation des pays en développement
Comprendre la situation dans les pays en développement est associé au fait de souhaiter une augmentation de l’aide publique au développement. Selon une cohérence attendue, les Français·es déclarant comprendre ce que c’est que vivre dans un pays en développement sont parallèlement plus nombreux·ses à souhaiter que la France augmente son aide au développement. A contrario, et selon la même logique, les Français·es déclarant ne pas comprendre ce que c’est que vivre dans les pays en développement sont moins nombreux·es à souhaiter une augmentation de l’aide au développement.
Les opinions françaises en faveur des efforts pour lutter contre la pauvreté à l’échelle du monde sont donc étroitement corrélées au niveau de sensibilité individuel à l’égard de la situation des populations qui font face à la pauvreté dans les pays en développement. Selon ces chiffres, il ne s’agit pas nécessairement de connaissance objective du quotiden dans les pays pauvres, mais bien du sentiment de comprendre une situation distincte de la vie en France. Cette compréhension est potentiellement nourrie par des informations perçues dans les médias, par des campagnes émanant de la société civile ou par des expériences personnelles en matière de développement. À noter aussi, qu’indépendamment d’identifier l’origine de ce degré de sensibilisation, des discriminants sociodémographiques peuvent éclairer cette corrélation. Ainsi, les Français·es se déclarant de gauche ou du centre sont à la fois plus nombreux·ses parmi ceux·elles qui pensent comprendre la situation dans les pays en développement et parmi ceux·elles qui souhaitent une augmentation de l’aide au développement.
Ces données sont issues de notre sondage réalisé par l’Institut YouGov et piloté par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab. Information et méthodologie disponible ici.