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Ce que l’expérience du COVID-19 révèle

Publié le 24 juillet 2020 dans Sondages

A l’occasion de la pandémie de Covid-19, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, 4 milliards d’individus ont fait simultanément l’expérience inédite du confinement. Pendant quelques semaines, comme si subitement, la Terre avait cessé de tourner, le monde entier a suspendu ses activités économiques, les avions ont cessé de décoller, les gares se sont vidées tandis que les jours étaient régulièrement ponctués par le décompte lancinant des contaminations par pays, des hospitalisations et des décès. Un peu à la manière d’une répétition générale avant des catastrophes planétaires annoncées en conséquence du changement climatique, en faisant face à un ennemi commun, l’Humanité s’est souvenue qu’elle partageait un même destin, faisant face à un même risque sur une même planète. Ainsi, à la manière d’une évidence, 67% des Français déclarent être davantage conscient qu’un événement à l’autre bout de la planète peut avoir des conséquences sur leur quotidien personnel.

Au contraire de crises sanitaires précédentes, le caractère inédit de cette pandémie réside sans doute dans l’incroyable interconnexion des pays et des peuples, notamment autorisé par l’usage d’Internet et par extension, l’univers numérique. La transmission immédiate des images et des informations, la capacité à se sentir virtuellement ailleurs tout en restant chez soi, le flux des communications entre les citoyens d’ici et de là-bas a renforcé le sentiment que devant l’inéluctable qui ne connaît pas de frontière, les coopérations internationales sont nécessaires. D’un autre côté, la tentation de replis nationaux ou régionaux, faisant écho au confinement qui représente, en soi, l’expérience du repli à l’échelle individuelle, est une option bien réelle. Le virus venant toujours d’ailleurs, pour un certain nombre de Français, c’est bien des autres qu’il faut se protéger.

Cette ambivalence opposant le repli d’un côté à une collaboration internationale à grande échelle de l’autre, se révèle dans la mesure des opinions que nous avons réalisée entre le 3 et le 7 juin 2020 dans le cadre du projet Development Engagment Lab. Ainsi, à choisir entre deux options volontairement marquées (et qui peuvent être complémentaires dans la réalité), les individus intérrogés se déclarent en moyenne un peu plus nombreux à penser que la pandémie de Covid-19 souligne la nécessité de reprendre le contrôle des frontières (44%), qu’à considérer que la pandémie souligne plutôt la nécessité de renforcer la coopération internationale (38%).

Ces opinions varient au gré des orientations politiques et du niveau d’éducation. Quand 21% des Français se déclarant spontanément du « Centre » optent pour le contrôle des frontières, ce pourcentage s’élève à 43% chez ceux qui se déclarent « très à gauche », à 50% chez ceux qui se déclarent à « droite » et culmine à 78% chez ceux qui se positionnent « très à droite ».

De la même façon, quand 57% des Français disposant au minimum d’un Bac+5 privilégient la nécessité de renforcer la coopération internationale, ce pourcentage chute à 16% chez ceux qui n’ont aucun diplôme, à 29% chez ceux qui ont un CAP-BEP et à 38% chez ceux qui n’ont que le Bac.

Par ailleurs, il semble clair pour 56% des Français que dans le contexte de la Covid-19, la France doit soutenir les pays en développement pour leur permettre d’avoir accès aux tests, traitement et vaccins. Seuls 13% des Français sont en désaccord avec cette mesure de solidarité qui vise à considérer, dans le cadre d’une épidémie mondiale, que la santé (et donc la survie) des individus a la même valeur ici que là-bas et qu’il est donc de la responsabilité des pays les plus riches, comme la France, de soutenir les populations qui vivent là où les systèmes de santé sont les plus fragiles.

Là encore, ces opinions varient en fonction des orientations politiques de chacun, tout en restant plutôt dominantes chez tous les Français. Ainsi, en moyenne, 68% des électeurs de Benoît Hamon, Jean Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 s’accordent avec cette idée, tandis que ce pourcentage chute à 39% chez les électeurs de Marine Le Pen. Néanmoins, seuls 26% de ces derniers s’opposent à une solidarité Nord-Sud à propos de la pandémie de Covid-19, comme si les défis sanitaires mondiaux constituaient finalement une dimension plutôt fédératrice en matière de solidarité internationale.

Les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement sensibles à la nécessité d’un soutien de la France (65%) pour s’assurer que les traitements, tests et vaccins soient à disposition des pays en développement. On peut observer la même progression de ce soutien chez les Français qui disposent d’un niveau d’éducation plus élevé. A bien y regarder de près, ceux qui s’opposent à cette solidarité restent très minoritaires (13% en moyenne) quel que soit le niveau d’études. On remarque donc que les questions de santé, dans le cadre d’une pandémie dont les effets reposent sur une perception commune partagée à l’échelle du monde, représentent un territoire plutôt consensuel pour penser l’idée d’une solidarité internationale en France.

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