Publié le 16 juillet 2025 dans Décryptages, Actualités
En marge du dévoilement des orientations en vue de l’élaboration du Projet de loi de finances (PLF) pour 2026, le gouvernement a présenté un « tiré à part », un rapport indiquant les plafonds de dépenses et de crédits pour chaque mission budgétaire du PLF 2026. Pour la 4e fois consécutive, la mission « aide publique au développement » (APD), qui ne représente pourtant que 0,6 % du budget de l’État, figure parmi les plus affectées.
Le PLF tel qu’envisagé par le gouvernement prévoit une baisse de 700 millions d’euros du budget de la mission APD par rapport à la loi de finances 2025 (sans toutefois tenir compte d’un décret d’avril 2025 qui l’amputait de 134 millions d’euros), qui passerait de 4,4 milliards d’euros à 3,7 milliards. Toutefois, ces montants prennent en compte l’abandon des financements innovants de l’APD par la France depuis 2025 (cf encadré). En réalité, 738 millions d’euros qui étaient auparavant directement affectés à l’APD chaque année sont depuis artificiellement maintenus, sans garantie de leur pérennité, pourtant cruciale pour la mise en œuvre de projets pluriannuels.
La mission APD passerait ainsi de 3,6 milliards d’euros en LFI 2025 à 2,9 milliards en 2026, soit -19 %.
En moyenne, les missions ont été coupées de 3 %. La mission APD est la 4e plus coupée en volume (-700 millions), derrière les missions « Solidarité, insertion et égalité des chances » (–1,7 milliard), « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » (-1,3 milliard) et « Cohésion des territoires » (-900 millions) et la 2e la plus coupée en proportion (-19 %) après « Transformation et fonction publiques » (-29 %).
Il s’agit de la quatrième coupe consécutive dans le budget de la mission aide publique au développement en un peu plus d’un an. Depuis 2021, date de l’adoption d’une loi prévoyant l’augmentation progressive des moyens de cette politique, ils ont au contraire été réduits de 46 %. À titre d’illustration, 700 millions d’euros pourraient permettre au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme d’éviter 1 million de décès.
La fin des financements innovants du développement Outre les coupes via les lois de finances et des décrets, la loi de finances 2025 a mis fin aux financements innovants de l’APD par la France. Une partie (738 millions d’euros) des recettes de la taxe sur les transactions financières et de la taxe de solidarité sur les billets d’avion était jusque-là affectée chaque année au Fonds de solidarité pour le développement (FSD) pour soutenir le financement par la France d’instruments multilatéraux (Fonds mondial, Gavi, Unitaid, Fonds vert climat, Partenariat mondial pour l’éducation). La LFI 2025 a officialisé la suppression du FSD : l’ensemble du produit des deux taxes alimente désormais le budget général, abrogeant ainsi le seul instrument qui soutenait directement l’APD de manière pérenne chaque année. Le FSD est remplacé par une nouvelle ligne budgétaire du même nom, qui ajoute 738 millions d’euros de crédits de paiement à la mission APD depuis 2025, limitant artificiellement la baisse des crédits.
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