Rapport sur le développement durable 2024 : Recommandations du SDSN en amont du Sommet de l’Avenir
Publié le 19 septembre 2024
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Le Rapport sur le développement durable 2024 : Les ODD et le Sommet de l’Avenir publié par le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies (SDSN) dresse un tableau préoccupant des progrès mondiaux vers l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD). Ce rapport met l’accent sur les défis persistants à six ans de l’échéance fixée pour atteindre les ODD, soulignant l’urgence d’une action renforcée à l’échelle mondiale.
Des avancées globales trop lentes : état des lieux des ODD au niveau mondial
Le rapport révèle que seulement 16 % des cibles des ODD sont en voie d’être atteintes d’ici 2030. Les 84 % restantes accusent des progrès limités voire même une régression, en particulier pour les ODD 2 (Faim zéro), 11 (Villes et communautés durables), 14 (Vie aquatique), 15 (Vie terrestre) et 16 (Paix, justice et institutions efficaces). Parmi les reculs les plus marqués, on trouve l’augmentation du taux d’obésité, la baisse de la liberté de la presse, et la réduction de l’espérance de vie, conséquence de la pandémie de Covid-19.
Inégalités de progrès entre les pays
Les pays nordiques continuent de dominer l’indice des ODD, avec la Finlande en tête, suivie de la Suède, du Danemark, de l’Allemagne et de la France (voir le profil complet de la France). Toutefois, même ces pays rencontrent des difficultés à atteindre certains objectifs. En revanche, les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et BRICS+ (Égypte, Éthiopie, Iran, Arabie saoudite et Émirats arabes unis) affichent une progression significative, dépassant la moyenne mondiale. Cette progression est toutefois moins marquée pour les pays les plus pauvres, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), qui accusent un retard croissant.
Le rapport insiste sur la nécessité de réformer l’architecture financière mondiale pour permettre aux pays à revenu faible et intermédiaire d’accéder à des prêts de long terme à des conditions favorables pour pouvoir investir massivement dans l’atteinte des ODD. Mais également, l’importance du multilatéralisme et de la coopération internationale pour relever les défis mondiaux. Ces deux thématiques seront abordées lors du Sommet de l’Avenir qui se tiendra du 22 au 23 septembre 2024, en marge de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies.
Les recommandations du SDSN en amont du Sommet de l’Avenir :
Le rapport dresse des recommandations pour contribuer à la réflexion autour des « Nations unies 2.0 » et du renouvellement du multilatéralisme en vue d’atteindre les ODD d’ici 2030 :
1. Développement durable et financement du développement
Les ODD à l’horizon 2050 : Adopter une vision à long terme pour les ODD, aligner les politiques internationales, y compris en matière de commerce et d’investissement. Les ODD doivent rester au cœur de la coopération internationale jusqu’en 2050.
Financement du développement durable : Investir dans le capital humain, les infrastructures et la durabilité environnementale, en particulier dans les pays les plus pauvres, et réformer l’architecture financière mondiale afin de mobiliser des financements à hauteur des besoins et de qualité.
Stratégies nationales :Élaborer des stratégies nationales et régionales de développement durable à moyen terme, axées sur des plans d’investissement public à long terme et assortis de réformes concrètes.
2. Paix et sécurité internationale
Non-intervention : Renforcer les principes de non-intervention de manière à proscrire toute ingérence d’un État dans les affaires intérieures d’un autre par des moyens militaires, économiques ou politiques.
Renforcement du Conseil de sécurité : Améliorer l’efficacité du Conseil de sécurité grâce à diverses réformes, telles que le vote à la super-majorité, l’interdiction d’approvisionnement d’armes vers les zones de conflit et le renforcement des efforts de consolidation de la paix.
Désarmement nucléaire : Renouveler les engagement en faveur du désarmement et respecter les traités internationaux tels que le traité de non-prolifération et le traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Suivi du multilatéralisme : Renforcer la coopération internationale en engageant la responsabilité de chaque pays à l’égard de la Charte, des règles, des normes et des procédures des Nations unies.
3. Science, technologie, innovation et coopération numérique
Gouvernance des risques technologiques :Attenuer les risques liés aux technologies avancées telles que l’intelligence artificielle, la biotechnologie et la guerre de l’information et garantir leur développement responsable.
Accès universel aux technologies : Garantir l’accès aux technologies essentielle pour toutes les régions et investir dans des centres d’excellence mondiaux pour la recherche et le développement, en particulier dans les régions les moins développées.
Science ouverte et R&D publique : Renforcer l’accès ouvert aux connaissances scientifiques et accroître les investissements publics dans la recherche et le développement, en particulier dans les domaines négligés par le secteur privé.
4. Les jeunes et les générations futures
Investissement dans le capital humain : Garantir l’accès universel à l’éducation, à la nutrition, à la santé et à l’apprentissage tout au long de la vie, en comblant le déficit de financement annuel de 400 milliards de dollars pour l’atteinte des ODD.
Éducation à la citoyenneté internationale : Renforcer l’éducation au développement durable, en promouvant la citoyenneté mondiale, les droits humains et la diversité culturelle.
Conseil de la jeunesse et des générations futures : Créer un nouvel organe des Nations unies pour permettre aux jeunes de faire entendre leur voix dans la gouvernance mondiale et de veiller à ce que leurs intérêts soient représentés.
5. Transformer la gouvernance mondiale
Assemblée parlementaire des Nations unies : Créer une Assemblée parlementaire représentative de la population mondiale afin de superviser le budget des Nations unies et la fiscalité internationale.
Organes subsidiaires de l’ONU : Créer de nouveaux conseils de l’ONU représentant les régions, les villes, les peuples indigènes et d’autres populations clées afin d’améliorer la représentation et de promouvoir les ODD.
Réforme du Conseil de sécurité des Nations unies : Élargir le Conseil de sécurité, notamment en ajoutant l’Inde en tant que membre permanent, en introduisant un droit de veto à la super-majorité et en garantissant une meilleure représentativité de la population mondiale.