Publié le 13 septembre 2022 dans Décryptages , Faits et chiffres , Actualités
« Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation » : Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publie son nouveau « Rapport sur le développement humain 2022 », avec un constat clair : les multiples crises mondiales de ces deux dernières années ont eu des conséquences alarmantes sur le développement.
Depuis 1990, le PNUD calcul l’indice de développement humain (IDH), une mesure globale du niveau de vie d’une nation, de la santé et du niveau d’éducation. Le Rapport sur le développement humain est une publication annuelle, basée sur des données chiffrées sur les politiques, tendances et enjeux du développement humain.
Bien que l’IDH soit une image simplifiée de ce que représente le développement humain, il permet de comparer les différences de développement entre pays ayant des niveaux de RNB/habitant similaires, permettant ainsi de questionner, orienter et mieux prioriser les politiques publiques à mettre en œuvre. Le bureau en charge du rapport du développement humain met en avant d’autres indices afin de prendre en compte et mettre en lumière d’autres aspects clés tels que les inégalités, la pauvreté, la sécurité ou encore les inégalités de genre. La combinaison de ces différentes composantes permet une lecture globale du niveau de développement humain dans chaque pays couvert par le rapport. |
Selon le PNUD, nous observons un déclin presque universel de l’IDH : 90% des pays ont vu leur IDH baisser au cours de la période 2020-2021, revenant aux niveaux de 2016 et retardant d’autant la réalisation des ODD d’ici 2030. Cette baisse sans précédent est principalement due à une baisse continue de l’espérance de vie à la naissance et du revenu national brut par habitant.
Autre constat alarmant, une personne sur huit souffre d’un trouble mental à travers le monde, la situation ayant été aggravée par la pandémie de Covid-19, avec une hausse du stress, des problèmes de santé mentale (anxiété, dépression, hyperactivité, etc.), soit 10 points de pourcentage de plus qu’il y a 10 ans, mais également du sentiment d’insécurité (plus de 6 personnes sur 7).
Cette hausse du sentiment d’insécurité engendre une polarisation politique, des divisions et de la méfiance avec moins de 30% des personnes dans le monde qui indiquent avoir confiance dans les autres. Ceci est exacerbé par un sentiment de faire face à des menaces toujours plus proches et nombreuses telles que les inégalités, les conflits violents, les menaces sanitaires, ou encore les menaces des technologies et du numérique tel que mis en avant par le Rapport spécial pour la sécurité humaine 2022.
Le rapport met en lumière les raisons pour lesquelles les changements nécessaires pour faire face aux multiples crises ne sont pas menés, et constate qu’un ensemble de nouvelles incertitudes viennent s’ajouter aux défis partagés déjà existants :
Malgré les conséquences dramatiques quelle a engendré, la pandémie de Covid-19 est un exemple de ce qui peut être accompli à travers la coopération :
Le rapport du PNUD nous invite à prendre en compte ces nouvelles incertitudes et à adopter de nouvelles pratiques et comportements à travers la mise en place de politiques ambitieuses en matière d’innovation, d’assurance (y compris de protection sociale), et d’investissements. Dans le même temps, il s’agit d’accompagner les changements culturels de la société à travers l’éducation, et une meilleure représentativité et reconnaissance des besoins pour prendre en compte les droits de toutes et tous.
Les mouvements sociaux ont un rôle important à jouer pour ouvrir la marche. Le rapport prend l’exemple des mouvements féministes, qui par leurs actions, ont eu un impact significatif dans l’évolution des comportements et la réduction des inégalités femmes-hommes. Le PNUD révèle que les pays dans lesquels les mouvements féministes sont les plus actifs et autonomes, sont ceux qui ont le plus évolué en matière de biais liés au genre.
Un multilatéralisme renouvelé et une plus grande coopération entre les pays sont cruciaux pour relever ces défis communs. Le PNUD alerte également sur la baisse de l’aide publique au développement constatée de la part de certains pays, et appelle la communauté internationale à accentuer ses efforts en la matière.
Pour aller plus loin, le rapport contient également un nouvel indice expérimental introduit en 2020, qui ajuste l’IDH des pays en fonction de l’impact environnemental qu’ils ont sur la planète : « l’Indice de développement humain ajusté aux pressions planétaires » (IDHP).
L’IDHP est le niveau de développement humain pondéré en fonction des émissions de dioxyde de carbone par personne (basées sur la production) et de l’empreinte écologique par habitant. Il mesure le niveau de développement humain lorsque sont prises en compte les pressions excessives des modes de vies humains sur la planète, et est utilisé par le PNUD comme une incitation au changement.
En prenant en compte cet ajustement, une autre réalité est mise en évidence : des pays comme la Norvège (classée 2e en IDH), l’Islande (3e) ou encore l’Australie (5e), perdent respectivement 34, 91 et 87 places dans le classement de l’IDH si cette variable est prise en compte.
Pour aller plus loin :