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COP28 : bilan des engagements pour le financement du climat et du développement, la santé mondiale et l’égalité femmes-hommes

Publié le 13 décembre 2023 dans Décryptages , Actualités

Du 30 novembre au 12 décembre, 2023 s’est tenue à Dubaï la 28ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP28), rendez-vous annuel qui vise à examiner les stratégies, politiques et actions à entreprendre pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cet événement a accueilli cette année plus de 80 000 personnes, dont 154 chef·fe·s d’État et de gouvernement, des membres d’organisations internationales, représentants de la société civile et acteurs du secteur privé.

Cette rencontre fut l’occasion de dresser le premier Bilan mondial des décisions prises par les États lors de la COP21 en 2015 à Paris, qui visaient notamment à limiter le réchauffement de la température planétaire à +1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Alors qu’une récente étude alerte sur la possibilité d’atteindre cette limite d’ici 5 ans et que les pays en développement souffrent déjà des conséquences des changements climatiques de manière disproportionnée, cette COP28 constituait une étape cruciale pour intensifier les efforts climatiques.

Afin de prendre la mesure des progrès observés à cette occasion, Focus 2030 a recensé les annonces et évolutions majeures dévoilées lors de la COP28 en matière de climat, mais également de financement des ambitions climatiques et du développement humain, d’égalité femmes-hommes et de santé mondiale, avec un focus sur les engagements de la France. Décryptage.

 

Financement du climat et du développement

  • Pertes et dommages :
    • Un texte d’opérationnalisation du Fonds pertes et dommages, mécanisme dont la mise en œuvre est demandée depuis 30 ans par les pays en développement, a été adopté par les États parties. Il indique notamment que le Secrétariat intérimaire du Fonds sera hébergé par la Banque mondiale pour une durée de quatre ans et ne définit aucune cible financière à atteindre pour son approvisionnement.
    • Le montant des engagements formulés par les pays industrialisés pour ce Fonds s’élève à ce jour à 655 millions de dollars US, auxquels s’ajoutent 115 millions en financements destinés à mobiliser des fonds supplémentaires pour faire face aux pertes et dommages. Les besoins financiers estimés pour les pertes et dommages sont pourtant estimés entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030.
    • Dans le même temps, un accord sur le réseau de Santiago a été conclu. Ce réseau, créé en 2019, a pour objectif de minimiser les pertes et les dommages dans les pays en développement aux niveaux local, national et régional. Les décisions prises à l’occasion de la COP28, en particulier son accueil au sein du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes et du Bureau des Nations unies pour les services d’appui aux projets, permettent de lancer officiellement le réseau de Santiago.

 

 

  • La France, le Kenya, la Barbade, Antigua-et-Barbuda et l’Espagne, appuyés par la Fondation européenne pour le climat, ont conjointement lancé une taskforce dédiée à la recherche de nouvelles pistes de fiscalité internationale (taxe carbone sur le commerce des combustibles fossiles, le transport maritime et l’aviation, taxe sur les transactions financières à l’échelle mondiale, etc.) pour financer le développement et l’action climatique. La taskforce présentera un point d’avancée de ses travaux à l’occasion de la COP29, et des propositions concrètes de nouvelles sources de fiscalité internationale seront formulées lors de la COP30. La constitution de cette taskforce est le résultat d’un engagement pris au Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial.

 

  • Réforme de l’architecture financière internationale :
    • La Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque interaméricaine de développement, la France et le Royaume-Uni ont annoncé l’élargissement de l’offre de clauses suspensives de la dette en cas de catastrophe climatique dans leurs contrats de prêts.
    • Les banques multilatérales de développement ont publié une déclaration commune dans laquelle elles s’engagent à développer une approche conjointe pour la notification des résultats en matière climatique. Elles lanceront un programme pour aider les acteurs aux niveaux nationaux et local à élaborer des stratégies à long terme en matière de climat et de développement et à augmenter le montant des capitaux privés consacrés aux investissements climatiques, notamment en travaillant sur les réglementations et en développant de nouveaux instruments.
    • Les Émirats arabes unis ont annoncé la réallocation de 200 millions de dollars US en droits de tirage spéciaux (DTS), qui seront versés au fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST) du Fonds monétaire international (FMI). Cette annonce porte le total des promesses de réallocation à 87,1 milliards de dollars, qui demeure en-deçà de la promesse d’atteindre 100 milliards formulée en 2021 par les pays du G20.
    • Le FMI a réaffirmé son soutien à la réallocation des droits de tirage spéciaux via les banques multilatérales de développement. La France et le Japon ont indiqué leur soutien à ce principe, en particulier via la Banque africaine de développement.
    • Le Groupe de la Banque mondiale s’est engagé à consacrer 45 % de ses financements au climat d’ici 2025, soit 40 milliards de dollars annuels, dont 50 % pour l’atténuation et 50 % pour l’adaptation.
    • La Banque interaméricaine de développement a annoncé un triplement de ses investissements en faveur du climat, pour les porter à 150 milliards de dollars dans les dix prochaines années.

 

  • La seconde campagne de reconstitution du Fonds vert pour le climat, qui s’est ouverte en octobre 2023, fut l’occasion de nouveaux engagements lors de la COP28 pour atteindre un montant record de 12,8 milliards de dollars. Parmi les annonces recensées, on note une contribution de 3 milliards de dollars de la part des États-Unis, 2,2 milliards d’euros de l’Allemagne, 2 milliards de dollars du Royaume Uni, 1,6 milliard d’euros de la France, ou encore 1,2 milliard de dollars du Japon.

 

  • Treize pays, dont l’Inde, la France, le Kenya, la Barbade, les États-Unis ou le Royaume-Uni, se sont accordés sur une Déclaration sur un cadre financier mondial, dont l’objectif est de rendre les financements pour le climat et le développement plus disponibles, accessibles et abordables. L’action collective, au cœur de cette stratégie, s’accompagne d’une nécessité de ne laisser aucun pays de côté et de mobiliser davantage de financements publics et privés pour relever les défis mondiaux actuels. Les Émirats arabes unis ont en outre annoncé la tenue d’un forum sur le financement de la lutte contre le changement climatique en 2024.

 

  • Une étude proposant un nouveau cadre de financement du climat, produite par Vera Songwe, Nicholas Stern, Amar Bhattacharya et Eléonore Soubeyran, a été rendue publique afin d’identifier de nouvelles étapes pour financer la transition écologique. Ces étapes comprennent des mesures pour réformer les banques multilatérales de développement, favoriser la soutenabilité de la dette, optimiser les politiques fiscales et mobiliser davantage de financement privé.

 

  • Plusieurs banques multilatérales de développement et organisations internationales ont publié une déclaration commune et lancé un groupe de travail visant à stimuler le financement souverain pour la nature et le climat. Ces mécanismes visent à répondre aux besoins des pays du Sud global en fournissant des solutions budgétaires à long terme pour la nature et le climat.

 

  • Les Émirats arabes unis ont initié Altérra, un fonds visant à mobiliser, d’ici à 2030, 250 milliards de dollars d’investissements privés dans des solutions climatiques à l’échelle mondiale.

 

Égalité femmes-hommes

 

  • À l’occasion de la journée de la COP28 dédiée à l’égalité des genres, 68 pays se sont engagés à mettre en œuvre un partenariat visant à mener des transitions énergétiques sensibles au genre et à renforcer le leadership et la participation des femmes et des filles dans leurs actions climatiques.

 

  • Lors de la Conférence mondiale sur les données relatives au genre et à l’environnement, qui s’est tenue à Dubaï à la veille de la COP28, 200 membres de gouvernements, d’organisations internationales, d’organisations de la société civile et d’universités ont lancé un appel à l’action pour financer, promouvoir et accélérer la production de données sur le genre et l’environnement d’une manière éthique et transparente.

 

Santé mondiale

 

  • Lors de la première journée consacrée à la santé lors d’une COP, 143 pays ont approuvé la déclaration sur le climat et la santé, qui vise à renforcer la collaboration intersectorielle, à réduire les émissions dans le secteur de la santé et à accroître le financement de la lutte contre le changement climatique. Malgré les demandes des groupes et experts du secteur de la santé, la déclaration ne fait aucune référence à l’élimination progressive des combustibles fossiles. Les Émirats arabes unis ont annoncé un financement initial de 1 milliard de dollars pour mettre en œuvre cette déclaration, soutenue par le Fonds vert pour le climat, la Banque asiatique de développement, le Fonds mondial et la Fondation Rockefeller.

 

  • Des donateurs publics et fondations ont annoncé la mobilisation de 777 millions de dollars afin de combattre les maladies tropicales négligées, qui posent un risque grandissant en raison de l’augmentation de la température planétaire.

 

  • La journée dédiée à la santé a également vu l’adoption de principes directeurs sur le financement des solutions en matière de climat et de santé. Ces orientations incluent notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le soutien aux pays et communautés les plus affectées, la co-construction de politiques adaptées avec les pays, les communautés et les institutions de financement et l’intégration des objectifs en matière de climat et de santé dans les stratégies de financement.

 

Focus sur la France 🇫🇷

  • À l’occasion de la COP28, la France s’est engagée à verser un total de 173 millions d’euros en faveur de différents enjeux climatiques :
    • Jusqu’à 100 millions d’euros seront dédiés au Fonds pertes et dommages, en fonction des modalités de gouvernance du Fonds, qui restent à établir, et du ciblage des pays vulnérables
    • Un nouvel engagement de 20 millions d’euros au bouclier mondial contre les risques climatiques (« Global Shield »)
    • Une contribution de 35 millions d’euros au fonds pour les pays les moins avancés
    • 10 millions d’euros en faveur du fonds d’adaptation
    • 8 millions d’euros par an pour le programme CREWS (Climate risks and early warning systems) sur les alertes précoces
  • De plus, 10 millions d’euros ont été promis à l’initiative PREZODE pour renforcer l’identification et la surveillance des zoonoses (maladies transmissibles des humains aux animaux et vice versa) au Mexique, au Costa Rica, en Haïti, au Laos, en Thaïlande et en République du Congo.
  • L’Agence française de développement s’est engagée à proposer dès 2024 des clauses de suspension de la dette en cas de catastrophes climatiques dans ses contrats de prêts.

👀 Sur X [anciennement Twitter] Focus 2030 a recensé les réactions des acteurs de la société civile à l’annonce des conclusions de cette COP28 

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