En dépit de l’engagement de la communauté internationale de garantir l’accès à la santé au plus grand nombre d’ici 2030, les inégalités vaccinales persistent.
Aujourd’hui, au moins 2 millions de personnes meurent tous les ans de maladies qui pourraient être évitées par la vaccination.
À l’échelle de la planète, 14 millions d’enfants n’ont reçu aucun vaccin de routine, soit un enfant sur cinq dans les pays à faible revenu.
Au plus fort de la pandémie de Covid-19, 70 % des vaccins ont été administrés dans les pays riches, contre 0,3 % dans les pays les plus pauvres.
Le continent africain ne compte que 13 entreprises productrices de vaccins, soit de quoi couvrir 1 % des besoins de sa population, le rendant dépendant du bon vouloir des autres nations.
Ces inégalités vaccinales affectent la vie de millions d’enfants, de femmes et de familles à travers le monde, renforcent la fracture Nord-Sud et créent les conditions favorables à l’émergence de pandémies dont on connaît désormais les conséquences en cascade à l’échelle mondiale.
La vaccination constitue pourtant l’une des interventions les moins coûteuses au regard de son impact sur la santé des populations et leur devenir.
Ainsi, depuis les 50 dernières années, les vaccins ont permis de préserver au moins 154 millions de vies à travers le monde grâce aux avancées de la recherche et à la coopération internationale.
Cette action en faveur d’un accès équitable aux vaccins doit être poursuivie et amplifiée.
C’est précisément l’objet de Gavi, l’Alliance du vaccin, partenariat international qui ambitionne de soutenir la vaccination de 500 millions d’enfants entre 2026 et 2030. Lors du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, co-organisé le 20 juin 2024 à Paris par la France, l’Union africaine et Gavi, le partenariat a annoncé que neuf milliards de dollars seraient nécessaires pour mener à bien sa mission.
Le Forum a également vu le lancement de l’Accélérateur pour la production de vaccins en Afrique (AVMA), une initiative visant à produire des vaccins « made in Africa ».
Jusqu’aux 19 et 20 mars 2025, date à laquelle se tiendra la conférence finale de reconstitution des ressources de Gavi, des efforts seront déployés pour répondre aux besoins financiers identifiés le 20 juin et ainsi accélérer l’atteinte des Objectifs de développement durable en santé.
La France et la communauté internationale seront-elles au rendez-vous ?
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Le 20 juin dernier à Paris, la France, l’Union africaine et Gavi ont organisé l’événement de lancement de la campagne de reconstitution de Gavi, lors duquel ont été présentés les besoins de financement de l’alliance pour la période 2026-2030 afin de lutter contre au moins 20 maladies et soutenir l’accès à des programmes de vaccination dans 54 pays.
L’Opportunité d’Investissement de Gavi 2026-2030 détaille des besoins à hauteur de 9 milliards de dollars, dont 1,7 milliard pour la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFIm), afin de vacciner 500 millions d’enfants supplémentaires d’ici à 2030, préservant 8 à 9 millions de vies.
2,9 milliards de dollars ont d’ores et déjà été promis par les États contributeurs et organisations philanthropiques, dont 1,58 milliard de la part des États-Unis et au moins 813 millions de la France. La reconstitution de Gavi se poursuivra jusqu’en 2025, et les bailleurs publics et privés sont invités à faire part de leurs contributions financières. L’événement final de reconstitution des ressources sera co-organisé par l’Union européenne et la Fondation Gates et se tiendra à Bruxelles les 19 et 20 mars 2025.
Le Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinales a également marqué le lancement de l’initiative AVMA (Accélérateur de la production des vaccins en Afrique) visant à soutenir le continent africain afin qu’il puisse produire ses propres vaccins. Dans ce cadre, des engagements de 1,2 milliard de dollars en faveur d’AVMA ont été confirmés par la communauté internationale, notamment 318 millions de l’Allemagne, 233 millions de la Commission européenne, 150 millions de l’Italie, 150 millions des États-Unis et 100 millions de la France. Sur l’ensemble de ces engagements, approximativement 1 milliard de dollars est issu de réallocation de fonds initialement prévus pour l’initiative Covax, qui s’est achevée à la fin de l’année 2023.
Depuis 50 ans, les vaccins ont permis de préserver au moins 154 millions de vies à travers le monde. Pour autant, d’importantes disparités d’accès aux vaccins subsistent entre les pays.
Gavi, l’Alliance du vaccin, est un partenariat entre les gouvernements, l’OMS, l’Unicef, la Banque mondiale, la Fondation Bill & Melinda Gates, l’industrie pharmaceutique et les instituts de recherche en santé, établi en 2000 afin d’améliorer l’accès aux vaccins dans les pays les plus pauvres. L’organisation soutient l’accès à la vaccination de plus de la moitié des enfants dans le monde contre 20 maladies infectieuses.
Gavi accélère l’accès à la vaccination dans les pays les plus pauvres en regroupant leurs demandes en vaccins auprès des fournisseurs, en garantissant un financement durable et en « façonnant » le marché des vaccins telle une centrale d’achat planétaire. Gavi participe également à l’amélioration de la sécurité sanitaire mondiale en soutenant les systèmes de santé et la réponse aux épidémies. Aujourd’hui, un enfant né dans un pays soutenu par Gavi a 70 % moins de chances de mourir avant son cinquième anniversaire qu’en 2000.
Gavi a démontré sa capacité à répondre aux menaces sanitaires émergentes à travers des actions rapides et coordonnées avec ses partenaires. Depuis 2022, l’Alliance surveille attentivement l’épidémie de Mpox et a pris un certain nombre de mesures pour y répondre. En juin 2024, son conseil d’administration a approuvé la création d’un stock mondial de vaccins contre le Mpox, en collaboration avec l’OMS et les CDC Afrique. Gavi soutient également la riposte à l’épidémie en RDC et dans les pays voisins, tout en investissant dans des mécanismes innovants et des formations pour renforcer les réponses futures. La poursuite de ces efforts demeure toutefois dépendante des financements qui seront accordés à Gavi pour la mise en œuvre de sa prochaine phase stratégique.
L’un des objectifs transversaux de Gavi vise à renforcer les systèmes de santé et de vaccination des pays soutenus par ses programmes.
Entre 2021 et 2022, Gavi avait déjà investi plus d’1,3 milliard de dollars en faveur du renforcement des systèmes de santé.
Face aux changements climatiques qui contribuent à la propagation de certaines maladies, Gavi a également investi massivement dans des vaccins contre les maladies « sensibles au climat », notamment le choléra, la méningite, la fièvre jaune et depuis peu le paludisme.
Gavi a pour ambition de se concentrer sur les pays les plus pauvres et entend faciliter leur autonomisation jusqu’à une prise en charge totale des dépenses de vaccination en fonction de leurs moyens. Ainsi, Gavi soutient désormais 57 pays, contre 78 à son lancement en 2000.
À l’heure où les progrès accomplis ces dernières années en matière de vaccination sont menacés en raison d’un endettement exponentiel des pays les plus pauvres, des polycrises en cours et de la contraction des ressources des pays industrialisés, il importe plus que jamais que la communauté internationale se mobilise à la hauteur des besoins.
Lors de la précédente reconstitution de Gavi, en 2020, 31 gouvernements et huit organisations avaient promis de consacrer collectivement 8,8 milliards de dollars au financement de la stratégie 2021-2025 de Gavi et à la lutte contre le Covid-19.
Parmi les premiers contributeurs figuraient dans l’ordre : le Royaume-Uni (2,1 milliards de dollars), les États-Unis (870 millions), la France (813 millions) et la Norvège (796 millions).
Depuis 2021, ces contributions ont déjà permis de vacciner plus de 130 millions d’enfants et d’éviter 2,4 millions de décès futurs.
Gavi a également développé plusieurs instruments de financement « innovants » pour mener à bien ses activités, visant à diversifier les donateurs et mobiliser davantage de fonds sur les marchés. Ils représentent à ce jour environ un quart des financements totaux de l’Alliance.
Parmi ces mécanismes, la Facilité de financement internationale pour la vaccination (IFFIm) a été conçue pour assurer à Gavi des financements à la fois stables, flexibles et durables à long-terme. Son fonctionnement repose sur l’émission d’obligations sur les marchés des capitaux (les « obligations vaccinales ») en partenariat avec Gavi et la Banque mondiale. Entre 2006 et 2023, l’IFFIm a permis à elle seule de financer 18 % des programmes de Gavi.
Le 20 juin a également marqué le lancement de l’AVMA, ou Accélérateur pour la production de vaccins en Afrique. Ce mécanisme soutiendra financièrement la production régionale de vaccins sur le continent africain à hauteur d’un milliard de dollars sur les dix prochaines années.
Environ 99 % des vaccins administrés en Afrique ne sont pas produits sur le continent. Ce manque de souveraineté vaccinale s’est traduit, lors de la pandémie de Covid-19, par un retard considérable dans le lancement des campagnes de vaccination : fin 2021, 9 % de la population africaine était vaccinée, contre 48 % de la population mondiale. À l’heure actuelle, le continent africain compte 13 centres de production de vaccins répartis dans huit pays, dont seulement quatre pays d’Afrique subsaharienne : Sénégal, Nigéria, Éthiopie et Afrique du Sud.
L’implantation de nouvelles entreprises de production de vaccins sur le continent implique cependant de relever plusieurs défis, tels que l’investissement dans le capital humain, les transferts de technologies et l’entrée sur un marché mondial compétitif.
L’AVMA vise particulièrement à agir sur ce dernier point, à travers deux types de financements conçus pour compenser certains coûts initiaux de production, qui peuvent s’avérer élevés pour de nouveaux arrivants sur le marché. Ces financements incitatifs seront plus importants pour les fabricants de vaccins d’intérêt pour le continent africain, tels que les vaccins contre le choléra, le paludisme, la rougeole-rubéole, Ebola, etc.