Publié le 2 juin 2021 dans Décryptages , mis à jour le 22 octobre 2024
Gavi, l’Alliance du vaccin est un partenariat public-privé fondé en 2000 visant à garantir l’accès aux vaccins aux populations des pays les plus pauvres en encourageant une baisse des prix des vaccins via des mécanismes de solidarité internationale. En effet, à la fin des années 1990, les programmes internationaux d’immunisation faisaient face à une stagnation, entraînée par une défaillance des marchés : tandis que de nouveaux vaccins performants devenaient disponibles dans les pays les plus riches, les pays en développement n’avaient pas les moyens de les financer, avec des effets désastreux sur la santé des populations.
Gavi (Global Alliance for Vaccines and Immunizations) vise à accélérer l’accès aux vaccins, en particulier pour les enfants, en « façonnant » les marchés de produits vaccinaux, afin qu’ils répondent aux besoins des pays à faible revenu via un approvisionnement fiable, cohérent et abordable. Gavi a également pour objectifs de renforcer les systèmes de santé pour accroître l’équité en matière d’immunisation, et d’améliorer la durabilité des programmes de vaccination.
Basée à Genève, Gavi soutient aujourd’hui l’accès de 57 pays à des vaccins contre 20 maladies infectieuses, et travaille avec 19 fabricants produisant les vaccins dont elle a besoin (dont plus de la moitié dans des pays à revenu faible et intermédiaire). Elle assure la vaccination de plus d’un enfant sur deux dans le monde.
Gavi finance des programmes de vaccination dans les pays où vivent la majorité des enfants non vaccinés dans le monde. Elle participe également au renforcement des systèmes de santé pour un accès universel aux vaccins.
Gavi est née d’un partenariat entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui apporte ses connaissances scientifiques, l’UNICEF, premier acheteur et fournisseur mondial de vaccins destinés aux pays en développement, la Banque mondiale, qui apporte son savoir-faire financier, et la Fondation Bill & Melinda Gates.
Dans chacun des pays soutenu par Gavi, ce sont les gouvernements qui dirigent les activités, en collaboration avec les bureaux régionaux et pays de l’OMS. Les gouvernements identifient leurs besoins en vaccins, cofinancent et mettent en place leurs programmes de vaccination. Les organisations de la société civile assurent une partie des services de vaccination, participent au renforcement des systèmes de santé et à la formation du personnel, et soutiennent la logistique. Les instituts de recherche étudient sur des bases factuelles l’impact des programmes de vaccination.
La stratégie de Gavi repose sur la correction des défaillances des marchés des vaccins, dans lesquels les fabricants ne sont pas incités à investir dans les pays à faible et moyen revenu et proposent des prix inabordables. Pour ce faire, Gavi rend l’achat de vaccins plus accessible en utilisant des pratiques telles que les économies d’échelle. Par exemple, les 11 vaccins recommandés par l’OMS pour la petite enfance coûtent environ 1 100 dollars par enfant dans les pays de l’OCDE, tandis que Gavi dépense seulement 28 dollars pour les mêmes vaccins. Cette réduction significative est possible grâce au volume important de vaccins achetés par l’Alliance, qui agit en 2024 dans 57 pays.
Dans cette même optique, Gavi a adopté une stratégie pour la période 2021-2025 visant à assurer des marchés sains pour les vaccins et les produits connexes. Cette stratégie repose sur la diversification des fournisseurs afin de stimuler la concurrence et faire davantage baisser les prix des produits, la stimulation de l’innovation et le développement de nouveaux produits, services et pratiques.
Le modèle de financement de Gavi repose sur un cofinancement public-privé, avec pour finalité la prise en charge complète des programmes de vaccination par les gouvernements au fur et à mesure de leur degré de développement.
Plus précisément, cette politique de co-financement se déroule en trois phases, qui vont de concert avec l’augmentation du PIB des pays partenaires :
À la conclusion de ce cycle de soutien par Gavi, les gouvernements assument entièrement les coûts des vaccins. Cependant, même après leur pleine autonomisation, les tarifs préférentiels négociés par l’Alliance demeurent inchangés pour les gouvernements partenaires pendant une période définie.
Pour mener à bien ses activités, Gavi dispose de quatre sources de financements :
Depuis 2000, le soutien de Gavi a permis de vacciner plus d’1,1 milliard d’enfants dans 78 pays, évitant environ 18,8 millions de décès. Fin 2022, 19 pays avaient commencé à financer eux-mêmes l’intégralité de leurs programmes de vaccination.
Il est estimé que pour chaque dollar investi dans les vaccins dans les pays bénéficiant du soutien de Gavi, 54 dollars d’économies sont réalisées grâce au double impact de la prévention des maladies et des avantages sociaux découlant d’une vie plus longue et plus saine.
Grâce aux efforts de façonnage du marché, le coût de la vaccination complète pour un enfant – comprenant notamment les 11 vaccins recommandés par l’OMS – coûte aujourd’hui 28 dollars dans les pays soutenus par Gavi contre environ 1 300 dollars aux États-Unis.
Pour la période 2021-2025, Gavi a pour objectifs d’atteindre 300 millions d’enfants supplémentaires et de préserver la vie de 7 à 8 millions de vies supplémentaires. À ces fins, le Sommet mondial sur la vaccination du 4 juin 2020 a permis à Gavi de mobiliser 8,8 milliards de dollars de la part de 31 gouvernements et 8 fondations, dépassant son objectif de 7,4 milliards pour la période.
La nouvelle opportunité d’investissement de Gavi pour la période 2026-2030 a été lancée le 20 juin 2024 à Paris, à l’occasion du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales organisé par la France et le CDC Afrique. Elle détaille des besoins à hauteur de 9 milliards de dollars, dont 1,7 milliard pour la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFIm), afin de vacciner 500 millions d’enfants supplémentaires d’ici à 2030 et préserver 8 à 9 millions de vies.
2,9 milliards de dollars ont d’ores et déjà été promis par les États contributeurs et organisations philanthropiques, dont 1,58 milliard de la part des États-Unis et au moins 813 millions de la France. La reconstitution de Gavi se poursuivra tout au long de l’année, durant laquelle les bailleurs publics et privés seront invités à faire part de leurs contributions financières. L’événement final de reconstitution des ressources devrait se tenir au premier trimestre de l’année 2025.
Gavi est également l’une des organisations co-organisatrices de l’Accélérateur ACT (ACT-1). Elle coordonnait, avec Cepi, le pilier Covax, dont l’ambition était de vacciner près de 30 % de la population mondiale d’ici fin 2021.
Le sommet mondial sur la vaccination de juin 2020 a marqué le lancement de la garantie de marché (AMC) Covax de Gavi, un instrument de financement innovant pour faciliter l’accès des pays à revenu faible et intermédiaire au vaccin contre la Covid-19. L’AMC Covax visait à inciter les entreprises pharmaceutiques à produire 1,8 milliards de doses de vaccins et à garantir leur disponibilité pour 92 pays à faible revenu d’ici fin 2021.
Pour atteindre son objectif, l’AMC Covax a reçu, à partir du Sommet de l’AMC Covax organisé par le gouvernement du Japon et Gavi le 2 juin 2021, des promesses de financement à hauteur de 9,6 milliards USD, au-delà de l’objectif initial.
Le Covax a clôturé ses activités le 31 décembre 2023, après avoir distribué plus de deux milliards de doses de vaccin anti-Covid-19 à 146 pays, contribuant ainsi à éviter au moins 2,7 millions de décès dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Cette initiative a fourni 74 % des doses de vaccin anti-Covid-19 livrées aux pays à faible revenu pendant la pandémie.
En plus de préserver des vies, le Covax a joué un rôle crucial dans l’acquisition de connaissances essentielles pour préparer et répondre aux futures pandémies. Parmi ces enseignements, on retient notamment l’importance de diversifier la production de vaccins sur le plan géographique et de placer les populations les plus vulnérables au centre des stratégies d’intervention en cas d’urgence sanitaire.