Publié le 15 avril 2024 dans Faits et chiffres
Selon les dernières données disponibles (2021), 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, ne sont pas entièrement couvertes par les services de santé essentiels. Cette réalité implique que ces individus sont privés de l’accès aux services de santé nécessaires tout au long de leur vie, incluant la prévention, le traitement, la réadaptation et les soins palliatifs, sans pouvoir en bénéficier où et quand ils en ont besoin, et ce, sans subir de contraintes financières.
Pourtant, l’accès de tous et toutes à une couverture sanitaire universelle est l’une des cibles de l’Objectif de développement durable 3 (ODD 3), qui vise à permettre au plus grand nombre de vivre en bonne santé et à promouvoir le bien-être à tout âge d’ici à 2030.
D’importants progrès sont donc nécessaires pour atteindre les objectifs que la communauté internationale s’est fixés en matière de santé mondiale. Pour y parvenir, l’OMS estime entre 200 et 328 milliards de dollars par an le montant à allouer jusqu’en 2030 à destination des pays en développement.
La détérioration récente de l’économie mondiale affecte tout particulièrement les pays les plus pauvres. Entre 2019 et 2021, 62 pays en développement consacraient plus de ressources au remboursement de leur dette qu’à leur système de santé. Ils étaient 34 entre 2012 et 2014.
Face à ce constat, un choc de financement en faveur de la santé mondiale apparaît indispensable pour atteindre l’ODD 3 d’ici à 2030. Si le Programme d’action d’Addis-Abeba pour le financement du développement durable appelle à une plus grande mobilisation des ressources domestiques pour atteindre les ODD, l’aide internationale au développement demeure un outil crucial pour soutenir les services essentiels de nombreux pays. En 2022, près de 34 milliards de dollars ont été alloués à la santé dans les pays en développement par les pays industrialisés du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE.
Les années 2024 et 2025 seront à cet égard des années charnières, puisque se tiendront les reconstitutions des ressources de plusieurs institutions multilatérales visant la promotion de la santé : OMS, Gavi, l’Alliance du vaccin, Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Fonds de lutte contre les pandémies, etc.
Décryptage des principaux financements alloués à la santé dans le monde par les pays industrialisés, notamment la France.
En 2021, les montants investis par les pays à haut revenu, qui rassemblent 16 % de la population mondiale, représentaient 79 % du total des dépenses de santé dans le monde, contre 3,8 % pour les pays à revenu faible et moyen inférieur, qui rassemblent pourtant 52 % de la population mondiale. L’un des objectifs de l’aide publique au développement est de réduire ces inégalités dans l’accès à la santé et permettre à toutes et tous d’avoir accès à des services de santé de qualité.
Selon l’IHME, 60 % des dépenses totales de santé dans le monde proviennent des gouvernements nationaux, mais ce montant varie considérablement d’un groupe de revenu à l’autre et d’un pays à l’autre. Il est de 26 % en moyenne dans les pays à faible revenu (contre 66 % dans les pays à revenu élevé), et 36 % des dépenses sont couvertes par l’aide publique au développement.
Entre 1995 et 2020, la part couverte par les gouvernements des pays à faible revenu est restée stable, mais celle couverte par l’APD a considérablement augmenté de 8 % à 32 % : cela a contribué à réduire les dépenses prises en charge par les individus de 60 % à 37 % des dépenses totales de santé dans les pays à faible revenu en 25 ans.
Ainsi, en 2001, l’Organisation mondiale de la Santé a recommandé aux pays industrialisés de consacrer 0,1 % de leur revenu national brut (RNB) au financement de la santé mondiale, dans le cadre de leur aide publique au développement. Pourtant, en 2022, les pays du CAD y consacraient 34 milliards, soit 0,06 % de leur RNB. Seul un pays, le Luxembourg, respectait la recommandation de l’OMS en 2022 (0,12 %), suivi par l’Allemagne et la Norvège (0,09 %).
La proportion d’APD consacrée à la santé en 2022 est cependant l’une des plus élevées jamais observées : entre 2012 et 2019, elle oscillait entre 0,04 et 0,05 % du RNB des pays du CAD. Ce n’est qu’en 2021 qu’elle a dépassé les 0,06 %, notamment en raison de la pandémie de Covid-19 : la lutte contre la pandémie représentait 49 % de l’APD bilatérale en santé des pays du CAD en 2021 et 2022.
En 2022, la France se classe 5ème parmi les pays donateurs du CAD en APD totale (bilatérale + multilatérale) allouée à la santé mondiale (1 822 millions de dollars) et 8ème en proportion de son RNB (0,064 %, légèrement au-dessus de la moyenne des pays du CAD qui se situe à 0,060 %). Selon Action Santé Mondiale, la hausse de l’APD de la France en santé depuis 2020 est en grande partie due à la réponse à la pandémie de Covid-19 : les dons de vaccins et autres stratégies de réponse à la pandémie représentaient 58 % de l’APD bilatérale de la France en 2021 et 45 % en 2022.
Une partie de l’aide publique au développement de la France est allouée à des organisations multilatérales en santé. Elle est la deuxième donatrice historique du Fonds mondial et se distinguera en 2024 en accueillant à Paris l’événement de lancement de l’opportunité d’investissement de Gavi. Le tableau ci-dessous récapitule les contributions françaises allouées lors des dernières reconstitutions des principales institutions multilatérales en santé.
À lire également : Action Santé Mondiale - La solidarité internationale de la France en santé (infographie)