Focus 2030
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Sondage - les Français et la lutte contre la malnutrition dans le monde à l’occasion du Sommet Nutrition for Growth 

Publié le 17 mars 2025 dans Sondages

La prochaine édition du Sommet Nutrition for Growth, organisée par la France les 27 et 28 mars 2025 à Paris, constitue une occasion unique d’engager la communauté internationale contre les causes profondes de la malnutrition. En amont de ce Sommet international, Focus 2030 consacre un dossier spécial aux enjeux de (mal)nutrition dans le monde et met en avant les points de vue et attentes d’organisations, de personnalités ou d’acteurs du domaine de la nutrition.

 

Les 27 et 28 mars prochains, la France organise le Sommet Nutrition for Growth , une rencontre de haut niveau visant à mobiliser la communauté internationale pour lutter contre les causes profondes de la malnutrition.

Dans ce contexte, Focus 2030 a commissionné un sondage auprès de l’institut YouGov dans le cadre du projet de recherche-action Development Engagement Lab piloté par les universités UCL et Birmingham University. Cette enquête d’opinion a été réalisée en ligne du 27 février au 5 mars 2025 auprès d’un échantillon de 1.001 adultes représentatifs de la population française selon la méthode des quotas (marge d’erreur ±2 %).

Il ressort de cette étude qu’en dépit d’une connaissance imparfaite des enjeux et causes de la malnutrition, les Français attendent de la France qu’elle soutienne la lutte contre ce fléau, tant en France que dans le reste du monde.

69 % des Français se prononcent en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’engagement financier de la France pour lutter contre la malnutrition dans le monde.

Si les Français se déclarent particulièrement pessimistes quant à la capacité de la communauté internationale à éradiquer la malnutrition d’ici 2030 comme elle s’y est engagée, ces derniers comptent tout particulièrement sur les organisations internationales, les États et les ONG pour s’attaquer à ce défi planétaire à l’origine de la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans dans le monde.

Les résultats de cette enquête d’opinion mettent en avant le rôle essentiel des entreprises dans l’amélioration de l’offre et de l’accès à des aliments sains et de qualité, justifiant qu’elles soient tenues comptables des avancées ou des reculs vers un monde sans malnutrition.

Ce que la malnutrition veut dire selon les Français

Interrogés à partir d’une question ouverte sur ce qu’ils entendent par «  malnutrition  », les répondants ont démontré un certain niveau de connaissance de l’enjeu dans la mesure où ils déclarent spontanément que le sujet couvre à la fois les questions de quantité de nourriture accessible au plus grand nombre, mais aussi la qualité nutritionnelle des aliments à disposition. Viennent également à l’esprit le lien entre pauvreté, inégalités, disparités géographiques avec les populations les plus affectées, à savoir les enfants.

Définition : Selon l’OMS, la malnutrition sous toutes ses formes comprend la dénutrition (émaciation, retard de croissance, insuffisance pondérale), les carences en vitamines ou en minéraux, le surpoids, l’obésité et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation.

 

Les grands défis planétaires qui préoccupent le plus les Français  : la possibilité d’un conflit mondial

Interrogés au milieu du tumulte engendré par les déclarations de Donald Trump et le retournement des Etats-Unis vis-à-vis de l’Ukraine, les répondants ont classé de prime abord parmi les grands défis planétaires qui les préoccupent le plus : la guerre et les conflits, le changement climatique, la situation de l’économie mondiale et l’accès à la santé.

La faim et la malnutrition se classent au 5ème rang, témoignant d’une prise en considération continue de l’enjeu sans qu’il soit nécessairement relié à une actualité «  chaude  ».

Les Français et les causes de la faim dans le monde : des perceptions plutôt justes

Alors que les Français sont particulièrement préoccupés par les conflits, ils considèrent également ces derniers - et à juste titre - comme la cause principale de la faim dans le monde. Le manque d’accès à l’eau et l’absence de volonté politique des gouvernements figurent respectivement parmi les deuxième et troisième causes principales de la faim citées.

A noter que si le manque d’engagement éthique des entreprises du secteur agroalimentaire figure en dernière place parmi les causes de la malnutrition proposées, les répondants semblent toutefois conscients des potentielles externalités négatives du secteur, comme en témoigne leur appétit à boycotter des entreprises aux pratiques néfastes (cf. question sur les modes d’engagement ci-dessous).

L’engagement de la France dans la lutte contre la malnutrition dans le monde : une aspiration citoyenne manifeste

A l’approche du Sommet Nutrition for Growth qui vise à susciter des engagements politiques et financiers pour lutter contre la malnutrition, les Français ont, semble-t-il, choisi leur camp.

Ainsi, en dépit du contexte économique actuel, 69 % des Français se déclarent en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’engagement financier de la France pour lutter contre la malnutrition dans le monde. Seuls 16 % des Français s’y opposent.

Comme à l’international, lutter contre la malnutrition en France importe

A l’échelle domestique, les Français privilégient également et dans des proportions similaires une augmentation ou un maintien des engagements financiers en la matière. Seuls 10 % se prononcent en faveur d’une baisse.

Une méconnaissance de l’étendue de la malnutrition dans le monde

Afin de saisir le niveau de connaissance du public, la moitié du panel a été interrogée sur la proportion des pays affectés par la malnutrition à l’échelle mondiale, tandis que l’autre moitié a été questionnée sur le nombre de pays confrontés au surpoids et à l’obésité de leur population.

Une sous-estimation de l’étendue de la malnutrition dans le monde selon les Français

Interrogé sur la prévalence de la malnutrition dans le monde, seul 8 % du panel considère que tous les pays sont affectés et 22 % que la plupart des pays sont concernés.

Dans les faits, la malnutrition - toutes ses formes comprises - concerne tous les pays du monde, quels que soient leurs niveaux de richesse. La dénutrition et les carences en micronutriments affectent tout particulièrement les pays en développement, tandis que le surpoids et l’obésité affectent principalement les pays industrialisés. Toutefois, ces deux tendances se conjuguent désormais dans un nombre grandissant de pays, on parle ainsi du « double fardeau » de la malnutrition.

 

Une conscience de l’étendue du surpoids et de l’obésité dans le monde

S’agissant du surpoids et de l’obésité dans le monde, les Français sont conscients du caractère planétaire de ces deux enjeux : 86 % considèrent qu’un pays sur deux, voire plus, sont concernés.

Dans les faits, le surpoids et l’obésité sont des problèmes de santé qui touchent de plus en plus de pays à travers le monde, mais leur prévalence varie considérablement en fonction des régions, des pays et des groupes socio-économiques.

Une récente étude publiée dans The Lancet dévoile que cet enjeu de santé publique progresse rapidement. Selon les projections du IHME, l’obésité et le surpoids pourraient en effet affecter plus de la moitié des adultes (60 %) et un tiers des enfants et adolescents d’ici 2050.

L’élimination de la malnutrition d’ici 2030 selon les Français : une mission impossible  ?

73 % des personnes interrogées se déclarent plutôt pessimistes (49 %) ou très pessimistes (24 %) quant à la capacité de la communauté internationale à éradiquer la malnutrition d’ici 2030, soit l’atteinte de la cible relative à la nutrition de l’Objectif de Développement durable n°2 lié à la lutte contre la faim.

De fait, le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’ODD 2 et l’état de la nutrition dans le monde est préoccupant. Les Nations unies estiment qu’en 2030 plus de 600 millions de personnes dans le monde souffriront de la faim tandis que l’obésité pourrait concerner 1,2 milliard d’adultes dans le monde en 2030, contre 880 millions en 2022.

 

Qui peut faire la différence pour lutter contre la malnutrition dans le monde ?

Interrogés sur les acteurs les plus susceptibles de faire la différence pour lutter contre la malnutrition, les citoyens perçoivent les organisations internationales, les États et les ONG comme les plus mieux positionnés pour faire face à ce fléau.

Dans les faits, la gouvernance du Sommet Nutrition for Growth repose pour sa part sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la malnutrition en mobilisant les États du Nord et du Sud, les organisations internationales, les ONG mais également les fondations, le secteur de la recherche et le secteur privé. A noter que pour prendre part à la démarche collective, les entreprises privées ont l’obligation de respecter certaines conditions ou « principes d’engagement  » incitant au respect de bonnes pratiques éthiques et nutritionnelles.

L’action des entreprises agroalimentaires pour lutter contre la malnutrition  : une question de responsabilité

Alors que les entreprises sont considérées comme le 5e acteur le plus à même de lutter contre la malnutrition dans le monde, les Français considèrent en grande majorité que les entreprises agroalimentaires ont un rôle à jouer en améliorant leurs pratiques.

Tout se passe comme si les pour les Français, les entreprises portaient une responsabilité plus grande dans la prévention de la malnutrition que de ses conséquences en termes de santé.

Une large majorité des répondants attend tout particulièrement des entreprises agroalimentaires qu’elles :

  • fournissent des produits plus sains et équilibrés (84 %)
  • sensibilisent les consommateurs à une alimentation saine (75 %)
  • soient transparentes et affichent clairement la composition de leurs produits (85 %)

Enfin, une large majorité de Français (61 %) considère que les entreprises devraient être tenues responsables des problèmes de santé liés à la malnutrition et à la surconsommation d’aliments transformés. Seule une minorité est indécise (18 %) ou considère que cette responsabilité ne leur incombe pas (21 %).

Dans les faits, les entreprises privées du secteur agroalimentaire sont à la fois le problème et la solution au défi de la malnutrition. Raison pour laquelle les États, les organisations internationales et les ONG tentent de réguler les pratiques du secteur afin de réduire les externalités négatives de ses pratiques et encourager les initiatives vertueuses.

Engagement citoyen et lutte contre la malnutrition  : une envie d’agir

Parmi les actions individuelles proposées pour contribuer à la lutte contre la malnutrition à l’échelle mondiale, les répondants ont majoritairement exprimé leur prédisposition à :

  • boycotter les entreprises ayant des pratiques alimentaires néfastes (33 %)
  • signer une pétition à ce sujet (28 %)
  • faire un don à une organisation de lutte contre la malnutrition (24 %)

Illustration d’une incontestable envie d’agir, parmi les actions listées, seuls 17 % des répondants déclarent ne pas souhaiter entreprendre l’une des actions citoyennes envisagées.

 

En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyens sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Royaume-Uni. Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes pour mettre en œuvre leurs activités de communication, de mobilisation et de plaidoyer.

 

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