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Le Fonds mondial : canaliser les ressources de la planète pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme

Publié le 18 mai 2022 dans Décryptages , mis à jour le 28 mai 2025

Le Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme est un partenariat international mis en place afin de lutter contre ces trois maladies infectieuses, parmi les plus mortelles que le monde ait jamais connues. Sa mission est d’attirer, mobiliser et investir les fonds des donateurs internationaux afin de vaincre ces trois maladies, réduire les inégalités et contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable en matière de santé.

C’est en 2000 que les dirigeants des pays du G8 ont reconnu la nécessité d’affecter des moyens bien plus importants à la lutte contre ces trois maladies, très peu de personnes dans le monde ayant, à l’époque, accès aux outils nécessaires. Cette nécessité a été réaffirmée l’année suivante au Sommet de l’Union africaine, puis à l’Assemblée générale des Nations unies, et approuvée lors du Sommet du G8. Le Fonds mondial a finalement vu le jour en janvier 2002.

Basé à Genève, ce partenariat entre les autorités publiques, la société civile, les communautés touchées par la maladie, les partenaires techniques, le secteur privé, les organisations confessionnelles et les autres bailleurs de fonds, investit stratégiquement dans des programmes visant à en finir avec ces épidémies.

Le modèle unique du Fonds mondial a été créé sur la base de principes fondateurs qui continuent à le guider : le partenariat, l’appropriation par les pays, la transparence, et le financement basé sur les résultats et l’impact.

Ses investissements ont permis de préserver 65 millions de vies et de réduire le nombre de décès annuels liés aux trois maladies de 61 % depuis 2002.


 

Fonctionnement

Le modèle de partenariat du Fonds mondial a été conçu pour promouvoir des solutions innovantes répondant aux défis de la santé mondiale. Collectivement, le Fonds mondial tire parti des meilleurs atouts des secteurs public et privé, en termes d’expérience, de connaissances et d’innovation, afin de combattre les maladies et de construire des systèmes résistants et pérennes pour la santé.

Concrètement, le Fonds mondial agit comme plateforme de financement, concentrant les ressources internationales vers les contextes les plus affectés. Il repose sur un modèle de gouvernance partenariale associant l’ensemble des parties prenantes. Les pays donateurs financent le mécanisme et participent aux décisions stratégiques. Les pays bénéficiaires définissent leurs priorités nationales et pilotent les interventions. Les organisations de la société civile sont impliquées à tous les niveaux, de la conception à l’évaluation des programmes. Les personnes affectées par les maladies participent également de manière institutionnalisée à la gouvernance. Les partenaires techniques, tels que l’OMS ou l’ONUSIDA, ainsi que les bailleurs internationaux, apportent appui et expertise. Enfin, les acteurs privés et philanthropiques sont mobilisés pour leur capacité d’innovation, de financement et d’action rapide.

Le Fonds mondial octroie des subventions à des programmes publics, privés, et non gouvernementaux, à l’appui d’interventions techniquement viables et efficaces, en priorité dans les régions ayant la charge de morbidité la plus élevée. Chaque pays adapte sa riposte en fonction du contexte politique, culturel et épidémiologique, et décide où et comment combattre au mieux le sida, la tuberculose et le paludisme.


Source : Fonds mondial

 

Impact sur les enjeux de santé mondiale

Entre sa création en 2002 et juin 2025, le Fonds mondial a décaissé plus de 69 milliards de dollars US à l’appui de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et de programmes de renforcement des systèmes de santé dans plus de 120 pays. Chaque année, ce sont plus de 5 milliards de dollars US investis par le Fonds mondial à l’appui de programmes dirigés par des spécialistes locaux.

Les investissements du partenariat ont permis de préserver 65 millions de vies et réduit le nombre de décès annuels liés aux trois maladies de 61 % depuis sa création en 2002.

Dans ces pays, la proportion de personnes vivant avec le VIH et bénéficiant d’un traitement antirétroviral est passée de 0 % en 2002 à 78 % en 2023, soit 25 millions de personnes sous traitement cette dernière année. La même année, 13,1 millions de tests ont été réalisés auprès des populations clés, 17,9 millions de personnes ont accédé à des services de prévention, et 695 000 mères vivant avec le VIH ont reçu un traitement pour éviter la transmission à leur enfant. Concernant la tuberculose, la couverture du traitement a presque doublé sur cette même période, de 45 % en 2010 à 75 % en 2023. En 2023, 7,1 millions de personnes ont ainsi été traitées contre la tuberculose. Enfin pour le paludisme, si 4 % des populations avaient accès à une moustiquaire imprégnée d’insecticide de longue durée en 2002, elles étaient 61 % en 2023. En 2023, 227 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide ont été distribuées.


 

Actualités

En novembre 2021, le Conseil d’administration du Fonds mondial a approuvé sa stratégie pour la période 2023-2028. Son objectif premier, conformément à l’Objectif de développement durable n°3, est de mettre fin au sida, à la tuberculose et au paludisme, en mettant l’accent sur les investissements catalytiques et l’innovation pour accélérer les progrès, en s’attaquant aux obstacles structurels à l’amélioration des résultats et en renforçant l’équité, la pérennité et l’impact durable.

Pour mener à bien cette stratégie, la septième conférence de reconstitution des ressources financières du Fonds mondial s’est tenue le 21 septembre 2022 à New-York aux États-Unis. Elle a permis de mobiliser 15,7 milliards de dollars de la part des donateurs, un montant sans précédent, bien qu’en-deçà de la cible de 18 milliards.

Depuis le Fonds mondial a approuvé 152 nouvelles subventions couvrant plus de 70 pays pour la période 2024 - 2026, représentant un montant de 9,2 milliards de dollars. Ces financements visent non seulement à intensifier la lutte contre les trois pandémies, mais aussi à renforcer les systèmes de santé face aux changements climatique, aux conflits armés et aux crises politiques.

En février 2025, le Fonds mondial a lancé l’argumentaire d’investissement pour sa huitième reconstitution des ressources, prévue à l’automne 2025. Cet appel vise à mobiliser 18 milliards de dollars pour la période 2026-2028. Ce niveau d’investissement permettrait de préserver 23 millions de vies supplémentaires entre 2027 et 2029, de réduire de 64 % la mortalité liée au VIH, à la tuberculose et au paludisme par rapport à 2023, et d’éviter environ 400 millions de nouvelles infections. Le Fonds mondial estime que chaque dollar investi générera un rendement de 19 pour un, soit un impact total de 323 milliards de dollars entre 2027 et 2029. Cette approche permettrait aussi d’économiser 42 milliards de dollars en soins de santé primaires, en évitant 3,1 milliards de consultations et 1,6 milliard de journées d’hospitalisation. Un tiers des ressources sollicitées sera destiné au renforcement des systèmes de santé et communautés. Cette priorité recouvre le développement des infrastructures critiques, la formation du personnel, la surveillance épidémiologique, et le soutien aux acteurs de première ligne, en particulier dans les contextes fragiles ou affectés par des crises multiples.

 

Réponse à la pandémie de Covid-19

En 2020, la pandémie de Covid-19 a eu un effet dévastateur sur la lutte contre les autres maladies. Pour la première fois dans l’histoire du Fonds mondial, certains des indicateurs clés des programmes ont enregistré des reculs. Ainsi, par rapport à 2019, les tests de dépistage du VIH ont enregistré une baisse de 22 % dans les pays où le Fonds mondial investit, 18 % de personnes en moins ont été traitées pour la tuberculose, et le nombre de personnes testées pour le paludisme a reculé de 4,3 %.

Cependant, la situation serait encore pire sans les interventions du Fonds mondial. Celui-ci a lancé, dès 2020, le dispositif de riposte au Covid-19 (C19RM), destiné à aider les pays à combattre la pandémie, à atténuer ses impacts sur leurs programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et à renforcer d’urgence leurs systèmes de santé. Ce dispositif a permis de déployer plus de 5,4 milliards de dollars en appui à 130 pays entre 2020 et 2023. Les deux tiers de ces ressources ont été alloués à l’achat de tests, d’oxygène médicale, d’équipement de protection individuelle et de traitements essentiels. Les autres financements ont soutenu l’adaptation des programmes de lutte contre les trois maladies, ainsi que le renforcement des systèmes de santé communautaire. Le C19RM a également servi de levier pour renforcer les capacités de laboratoires nationaux, des chaînes logistiques, et des mécanismes de surveillance sanitaire.

Le Fonds mondial était l’une des organisations coordonnant l’Accélérateur ACT (ACT-A), le dispositif mondial pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre le Covid-19 partout dans le monde. Le Fonds mondial co-dirigait deux des quatre composantes de l’ACT-A : celle œuvrant à la distribution mondiale équitable des diagnostics, et celle s’attachant à renforcer les systèmes nationaux de santé et de riposte aux menaces sanitaires. A ce titre, il a contribué à la livraison de plus de 185 millions de tests, à la fourniture d’équipements d’oxygénothérapie dans près de 80 pays et à la distribution de matériel de protection d’une valeur de plus de 600 millions de dollars.


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