Focus 2030
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Sommet du G7 2022 : quelles conclusions ? Quel bilan en dressent les ONG ?

Publié le 13 juillet 2022 dans Actualités

Du 26 au 28 juin 2022, les chefs d’États et de gouvernements du Groupe des Sept (G7) se sont réunis à Elmau en Allemagne pour la 48ème édition du Sommet. Les gouvernements de l’Afrique du Sud, de l’Argentine, de l’Inde, de l’Indonésie et du Sénégal ainsi que le Président de l’Ukraine étaient invités à se joindre au rassemblement annuel.

Campagnes, pétitions, envois d’emails, vidéos : cette année encore, de nombreux acteurs de la société civile se sont mobilisés à l’occasion du G7. Pourtant, à la lecture du communiqué paru le 28 juin, les ONG n’ont pas caché leur déception : ONE « regrette l’inaction du G7 alors que le monde entier fait face à de multiples crises », Global Citizen souligne des résultats « décevants », un constat partagé par Action Santé Mondiale qui relève le « manque d’engagements et de livrables concrets ». Si des progrès sont à constater du côté de l’égalité femmes-hommes avec l’inclusion de certaines demandes du Women7 dans le communiqué, l’ensemble des associations semble s’accorder sur un G7 qui « n’a pas pris la mesure de l’enjeu » (Oxfam). Absence d’échéances, engagements vagues, oubliés, ou trop faibles, la plupart des observateurs déplorent l’issue du G7, voire une perte de crédibilité selon l’IDDRI.

Focus 2030 se propose de faire la synthèse des engagements nouveaux ou réaffirmés des membres du G7, mais également des réactions ayant précédé la sortie du communiqué.

Les dirigeants du G7 réunis à Schloss Elmau en Allemagne. Source : Page d’accueil du Cabinet du Premier ministre japonais.

 

Retour sur le communiqué du G7 : que faut-il retenir ?

Dans son communiqué, le G7 réaffirme son engagement en faveur d’une coopération multilatérale fondée sur les valeurs démocratiques et les droits humains et liste l’ensemble de ses engagements. Ce qu’il faut en retenir :

En matière de santé mondiale, les dirigeants renouvellent leur soutien à l’Accélérateur ACT (ACT-A) pour un accès mondial équitable aux outils de lutte contre la pandémie de Covid-19, ainsi qu’à l’accroissement des capacités de production de produits médicaux aux niveaux local et régional ; sans toutefois exprimer d’engagements financiers concrets. Pour ce qui est de la préparation aux pandémies, ils reconnaissent le rôle essentiel de la recherche et du développement, réaffirment leur engagement pour la couverture sanitaire universelle (CSU) via l’approche « One Health », approuvent le Pacte du G7 pour la préparation aux pandémies et se félicitent de la création d’un nouveau fonds, hébergé à la Banque mondiale, pour mobiliser les investissements mondiaux en matière de prévention, préparation et riposte aux pandémies. Enfin, ils réaffirment l’importance de placer l’égalité femmes-hommes au cœur des actions en santé mondiale et soulignent la pertinence du Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents.

Concernant l’égalité femmes-hommes dans le monde, le communiqué final souligne l’engagement des dirigeants du G7 en faveur du renforcement des droits, ressources et opportunités pour toutes les femmes et les filles, conformément à une politique étrangère, commerciale et de développement « féministe ». Par ailleurs, le communiqué reconnaît l’importance de réaliser l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les personnes trans et non binaires. L’accès à l’éducation pour les filles demeure un objectif clé, relève le document. En pratique, les dirigeants entendent mettre en œuvre ces engagements par l’adoption d’un mécanisme de suivi des engagements pris, en prenant en compte les conséquences différentes pour les femmes et les hommes des grands enjeux internationaux, et via l’augmentation de l’aide publique au développement en faveur de l’égalité femmes-hommes. Enfin, 79 millions de dollars ont été promis pour le Fonds d’incitation à la garde d’enfants de la Banque mondiale pour étendre l’accès à des infrastructures de gardes d’enfants.

S’agissant des actions à mener en faveur de la relance économique, les pays du G7 encouragent l’accélération d’une coopération élargie dans le cadre du G20. Ils se félicitent des progrès réalisés pour la réallocation des droits de tirages spéciaux (DTS) du FMI et appellent les autres pays à se joindre à cet effort collectif par le biais d’engagements envers les fonds fiduciaires du FMI pour la réduction de la pauvreté et la croissance et celui pour la résilience et la durabilité. Enfin ils rappellent leur volonté de mettre en œuvre l’accord du G20 et de l’OCDE pour résoudre les défis fiscaux soulevés par la numérisation de l’économie et par la mondialisation.

Un « Club climat » devrait être opérationnel d’ici à la fin de 2022 pour renforcer et élargir la coopération en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Pour le climat et l’énergie, les sept s’engagent à intensifier leurs efforts pour prévenir et combattre les pertes et préjudices, notamment dans les pays en développement, et augmenter leurs financements de l’action climatique et des assurances contre les risques climatiques et les catastrophes naturelles. Ils s’engagent (de nouveau) à mobiliser 100 milliards de dollars US en financement climatique dès que possible et jusqu’en 2025, et à doubler le financement de l’adaptation aux changements climatiques par rapport aux niveaux de 2019. Enfin, ils s’engagent à ce que l’aide internationale au développement n’ait pas d’effets néfastes sur l’environnement d’ici 2025.

En matière de sécurité alimentaire mondiale, les dirigeants du G7 s’engagent à nouveau à « sortir 500 millions de personnes de la faim et de la malnutrition d’ici à 2030 ». Pour cela, ils entendent s’appuyer sur la nouvelle Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (GAFS) mais aussi sur des initiatives comme celle de la « Team Europe », FARM. Des contributions additionnelles ont été annoncées, portant à 4,5 milliards de dollars les efforts du G7 pour les plus vulnérables face à la crise alimentaire, dont 700 millions d’euros par la France, soit un doublement de sa contribution.

Enfin les sept déclarent se tenir aux côtés de l’Ukraine par leur soutien financier, humanitaire, militaire et diplomatique face à la Russie. Ainsi, 29,5 milliards de dollars d’aide budgétaire sont prévus en aide. Les sanctions contre la Russie se poursuivront et se renforceront indique le communiqué final.

 

Les réactions des ONG au communiqué final du G7 2022 sous présidence allemande

De manière générale, les ONG dressent un bilan décevant du Sommet du G7 en pointant du doigt des engagements oubliés, vagues ou trop peu ambitieux.

ONE dénonce l’inaction du G7 face aux crises majeures qui traversent le monde et estime qu’il n’a pas su fournir un leadership à la hauteur des enjeux, se contentant de promesses désincarnées qui ne rencontrent pas d’actions concrètes. ONE évoque entre autres une réponse financière à la crise alimentaire bien en deçà des demandes formulées par le Programme alimentaire mondial, un manquement financier pour la lutte contre le Covid-19, le non-respect de la redistribution promise des droits de tirage spéciaux aux pays vulnérables et un désengagement vis-à-vis de la réduction de la dette qui pèse sur ces pays. Lire également leur communiqué en ligne.

Dans un article publié en amont du sommet du G7, Global Citizen rappelait à quel point les décisions prises au cours de cette rencontre pourraient s’avérer décisives pour des milliers de personnes, compte tenu du contexte de crises climatique, alimentaire, sanitaire et liberticide. Pourtant, à l’issue du sommet, Global Citizen a exprimé sa déception dans un article détaillant le manque d’ambition des engagements formulés au sein du communiqué, et ce, malgré la mobilisation citoyenne que le Sommet a occasionnée.

La santé mondiale semble être reléguée au second plan des ambitions du G7, dont les engagements trop faibles ne permettront pas de faire face à la crise alimentaire

Action Santé Mondiale déplore la manière dont les pays du G7 ont «  évacué la santé mondiale de leurs priorités  » et ne cache pas une déception face, là aussi, au manque d’engagements concrets. L’ONG a repris la déclaration du G7 pour y ajuster les engagements à l’aune des besoins et y souligner les oublis.

Oxfam parle d’un «  échec du G7  » face à la crise alimentaire. Les leaders se sont accordés sur une donation de 4,5 milliards de dollars, une somme bien insuffisante pour freiner la faim qui menace 866 millions de personnes cette année. Elle y pointe du doigt l’inaction du G7 qui n’envisage pas d’annuler les dettes des nations les plus pauvres ou de taxer les grandes entreprises qui tirent profit de la crise alimentaire, tel qu’elle le demandait en amont du Sommet.

Du côté de l’égalité femmes-hommes, une meilleure compréhension des enjeux a été soulignée

Sur Twitter, Women Deliver salue des engagements manifestes en faveur de l’égalité femmes-hommes. Des mesures pour améliorer la participation de toutes et tous dans toutes les sphères de la société, une meilleure prise en compte des droits et de la santé sexuels et reproductifs, la considération des impacts genrés de la pandémie de Covid-19 sur le travail de soin, et une augmentation de l’aide bilatérale pour l’égalité femmes-hommes : Women Deliver salue les promesses formulées lors du Sommet, non sans rappeler que celles-ci devront être accompagnées d’actions concrètes et que les gouvernements devront faire preuve de responsabilité. «  The world is watching  », conclue-t-elle.

50-50 magazine évoque un « bilan mitigé » du G7 avec trop peu d’engagements, ou bien sans calendrier ou suffisamment de précisions comme c’est le cas pour l’augmentation annoncée de l’APD pour lutter contre les inégalités de genre. Le magazine retient toutefois les 70 millions de dollars annoncés pour le Fonds d’incitation à la garde d’enfants de la Banque mondiale, qui traduisent la reconnaissance de l’impact négatif de la pandémie sur les inégalités de genre.

Le bilan du G7 est donc mitigé, l’IDDRI questionne sa crédibilité

Dans un billet de blog, l’IDDRI dresse un bilan marqué par un manque de crédibilité du Groupe des sept, devenu «  un acteur minoritaire de la communauté internationale  ». Seul point positif marquant de ce dernier sommet, un changement de méthode semble être opéré au sein des négociations qui tendent vers un changement de méthode en tentant de s’assurer que les pays du Sud aient autant de capacité de mise en œuvre des Objectifs de développement durable que ceux du Nord. Enfin, l’IDDRI soulève que les engagements réaffirmés par les pays du G7 ne se semblent pas explicitement compris comme étant dans l’intérêt de tous et toutes.


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