Publié le 1er avril 2024 dans Décryptages , mis à jour le 22 novembre 2024
L’association internationale de développement (IDA), est la filiale de la Banque mondiale dédiée au soutien économique des 78 pays les plus pauvres de la planète. Basé à Washington, ce partenariat mondial vise à stimuler la croissance économique, à réduire les inégalités et à améliorer les conditions de vie dans les pays les plus pauvres.
Créée en 1960 dans l’objectif d’octroyer des financements aux pays considérés peu solvables, l’IDA contribue aujourd’hui à améliorer les conditions de vie de 1,5 milliard de personnes. En finançant des projets de long terme sur des enjeux aussi variés que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, l’agriculture, les infrastructures et les institutions, l’IDA est également une pierre angulaire de la réalisation des Objectifs de développement durable.
À 6 ans de l’échéance de l’Agenda 2030, la 21ème reconstitution des ressources de l’IDA (IDA-21), qui se tiendra les 5 et 6 décembre 2024, représentera une opportunité cruciale de permettre aux pays les plus pauvres d’obtenir les financements nécessaires pour répondre aux besoins de leurs populations dans un monde marqué par des multiples crises.
Décryptage.
L’IDA octroie des financements aux 78 pays les plus pauvres de la planète, sous la supervision de 174 pays actionnaires qui composent son Conseil des gouverneurs. Chacun de ces pays possède un certain nombre de voix, dont la distribution est déterminée à chaque nouveau cycle de reconstitution en fonction de plusieurs paramètres (principalement les contributions pour les pays donateurs et les cotisations pour les pays destinataires) et qui déterminent son pouvoir de décision sur les activités de l’IDA.
Approximativement 20 % des financements d’IDA sont alloués sous la forme de dons, le reste étant des prêts à faible taux d’intérêts (appelés “crédits”). Elle complète l’action de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) qui fournit des prêts aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres solvables. Depuis sa création en 1960, l’IDA a accordé 533 milliards de dollars de ressources à 115 pays.
Les prêts de l’IDA sont très concessionnels, avec des taux d’intérêt nuls ou inférieurs à ceux du marché et des échéances de remboursement allant de 30 à 40 ans. Ces conditions ne dépendent pas directement des taux d’intérêt des marchés mondiaux, ce qui signifie que l’IDA fournit des liquidités à un coût bas, même en temps de crise financière. Pour de nombreux pays, l’IDA représente ainsi la seule source fiable de financement durable à long terme, sur des enjeux-clés du développement tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, l’agriculture, les infrastructures et les institutions.
Afin d’être éligible aux ressources de l’IDA, un pays doit satisfaire les conditions suivantes :
Le financement de l’IDA repose sur un modèle hybride innovant qui combine trois ressources :
Ce modèle permet d’optimiser les financements accordés par les États donateurs : pour chaque dollar fourni, l’IDA génère jusqu’à 3,5 dollars sur les marchés financiers.
Tous les trois ans, les États donateurs sont appelés à annoncer leurs engagements financiers lors de « reconstitutions » afin d’assurer la disponibilité des financements nécessaires pour soutenir les activités de l’IDA.
Lors de sa dernière reconstitution pour la période 2022-2025 (IDA-20), l’IDA a reçu des engagements de 23,5 milliards de dollars. Grâce à son modèle de financement hybride, le montant final de la reconstitution s’est finalement élevé à 93 milliards de dollars, un montant historique malgré la stagnation des financements accordés par les pays industrialisés.
En ciblant les pays les plus vulnérables, l’IDA joue un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté et dans l’atteinte des objectifs de développement durable. Depuis sa création, 36 pays sont sortis de ses programmes de financement dont certains sont eux-mêmes devenus donateurs, comme la Corée du Sud, l’Inde ou le Nigeria.
Entre 2012 et 2023, près de 1,9 milliard de personnes ont accédé à des services de santé essentiels grâce à l’action de l’IDA, tandis que 118 millions ont bénéficié de meilleures infrastructures d’eau et 92 millions ont eu accès à l’électricité. Entre 2015 et 2020, 83 millions de personnes ont bénéficié de programmes de protection sociale et 13 millions d’enseignants ont été recrutés et/ou formés.
En 2023, l’IDA a alloué 17,8 milliards de dollars de financements, dont 75 % étaient dirigés vers le continent africain. Ces investissements ont permis à 100 millions de personnes en Afrique de l’Est et du Sud d’accéder à l’électricité, et à 6,5 millions d’obtenir des services financiers, dont 50 % de femmes. L’IDA agit également pour le climat : 13 milliards de dollars étaient orientés vers cet enjeu en 2023, avec un accent mis sur l’adaptation aux changements climatiques.
Le bilan à mi-parcours de l’IDA-20, qui s’est tenu à Zanzibar du 6 au 8 décembre 2023, a permis de dresser les premières conclusions de la 20ème reconstitution. Ainsi, entre juillet 2022 et juin 2023, les financements de l’IDA ont permis de fournir des programmes de protection sociale à près de 24 millions de personnes, d’améliorer l’accès à l’eau pour 8,2 millions de personnes, de vacciner près de 20,8 millions d’enfants.
Afin de poursuivre et amplifier ces efforts dans un monde troublé par des crises multiples, l’IDA a lancé en 2024 la campagne pour sa 21ème reconstitution (2025-2028), dont la conférence finale se tiendra à Séoul, en Corée du Sud, les 5 et 6 décembre prochains.
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, a appelé les gouvernements des pays donateurs à redoubler d’efforts afin de faire de cette reconstitution « la plus importante de tous les temps » - avec un objectif final de 105 milliards de dollars. Cela impliquerait des engagements financiers entre 28 et 30 milliards de dollars de la part des pays donateurs.
L’agenda ci-dessous présente les dates clés du financement du développement et du climat en 2024, dont les réunions et forums de reconstitution d’IDA-21 :