Focus 2030
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L’IDA, l’Association internationale de développement : l’institution de la Banque mondiale pour financer le développement durable des pays les plus vulnérables

Publié le 1er avril 2024 dans Décryptages

La Banque mondiale est, avec le FMI, l’une des deux institutions financières internationales créées en juillet 1944 à Bretton Woods, Etats-Unis, instaurant un cadre de coopération économique visant à créer une économie mondiale plus stable et prospère susceptible de garantir la paix.

L’Association internationale de développement (IDA), instrument original de la Banque mondiale, fait l’objet d’une attention particulière de la part des pays en développement, tout particulièrement dans le cadre de la réforme des banques multilatérales de développement actuellement à l’oeuvre. Décryptage.

Créée en 1960, l’Association internationale de développement (IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui vise à stimuler la croissance économique, à réduire les inégalités et à améliorer les conditions de vie dans les pays les plus pauvres. Sous la supervision de 174 pays actionnaires qui composent le Conseil des gouverneurs, l’IDA représente la plus grande source de financement du développement pour les 74 pays les plus pauvres de la planète.

Les parties prenantes à l’IDA (donateurs, représentants des pays emprunteurs, organisations de la société civile, think tanks) se réunissent tous les 3 ans lors de « reconstitutions » afin d’assurer la disponibilité des financements nécessaires pour soutenir la mise en œuvre de programmes de développement par les pays récipiendaires.

À 6 ans de l’échéance de l’Agenda 2030 pour le développement, la 21ème reconstitution des ressources de l’IDA (IDA-21), qui se tiendra en décembre 2024, représentera une opportunité cruciale afin de permettre aux pays les moins avancés (PMA) d’obtenir les financements nécessaires pour répondre aux besoins de leurs populations, surmonter les crises, lutter contre les changements climatiques et atteindre les Objectifs de développement durable.

Comment fonctionne l’Association internationale de développement (IDA) ?

L’IDA est principalement financée par les apports des États donateurs (États contributeurs IDA-20). Ces contributions sont regroupées dans les Programmes de prêts concessionnels de partenaires (CPL) qui permettent à l’IDA d’allouer des financements à long terme à des conditions préférentielles.

En accordant des prêts (appelés « crédits ») et des dons aux pays les plus pauvres, l’IDA complète l’action de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) qui fournit des prêts aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres solvables. Grâce à sa politique de financement du développement durable, l’IDA aide également les pays à emprunter à des conditions viables et à coordonner l’allègement de la dette des pays les plus pauvres.

Les prêts de l’IDA sont très concessionnels, avec des taux d’intérêt nuls ou inférieurs à ceux du marché et des échéances de remboursement allant de 30 à 40 ans. Ces conditions ne dépendent pas directement des taux d’intérêt des marchés mondiaux, ce qui signifie que l’IDA fournit des liquidités à un coût bas, même en temps de crise financière. Pour de nombreux pays, l’IDA représente ainsi la seule source fiable de financement durable à long terme.

Enfin, le Mécanisme de réponse aux crises (CRW) de l’IDA contribue à la stabilité et au renforcement des capacités des pays qui font face à des chocs économiques ou à des catastrophes naturelles. Depuis sa création, en 2010 (IDA-16), le CRW a fourni 3 milliards de dollars à 26 pays tels que le Yémen, Haïti ou encore le Népal.

Afin d’être éligible aux ressources de l’IDA, un pays doit satisfaire les conditions suivantes :

  • Faire face à une situation de pauvreté relative, à savoir un revenu national brut (RNB) par habitant inférieur à un seuil établi et actualisé chaque année, soit 1 315 dollars pour l’exercice 2024 ;
  • Présenter une cote de crédit ne lui permettant pas d’emprunter aux conditions du marché, et donc avoir besoin de ressources concessionnelles, c’est-à-dire de prêts accordés à des conditions plus avantageuses que celles du marché, pour financer son programme de développement.

IDA-20 : une reconstitution historique de 93 milliards de dollars

Le bilan à mi-parcours de l’IDA-20 qui s’est tenu à Zanzibar du 6 au 8 décembre 2023 a permis de dresser les premières conclusions de cette reconstitution :

  • 17,8 milliards de dollars de flux financiers nets ont été attribués aux pays IDA à des conditions très favorables
  • 13 milliards de dollars de financement de l’IDA ont été alloués pour le climat – dont plus de la moitié consacrée à l’adaptation
  • 100 millions de personnes en Afrique orientale et australe devraient avoir accès à une énergie durable et propre d’ici 2030
  • 6,5 millions de personnes ont bénéficié d’un accès aux services financiers, dont près de la moitié étaient des femmes

En décembre 2021, le Japon a accueilli la réunion finale des reconstitutions de l’IDA-20 et s’est engagé à verser 3,4 milliards de dollars à ce mécanisme. Le contexte de la pandémie de Covid-19 a aggravé la pauvreté et compromis les perspectives d’un développement résilient et inclusif. En effet, la crise sanitaire a accru les besoins en financements des pays en développement tout en augmentant le coût des emprunts ce qui a directement affecté leur capacité à financer des services publics essentiels comme la santé, l’éducation et l’accès à l’eau potable. Dans ce contexte, la coalition des partenaires de 52 pays à revenu élevé et intermédiaire a annoncé une contribution à l’IDA-20 de 23,5 milliards de dollars qui s’ajoutent aux contributions de la Banque mondiale, ainsi qu’aux remboursements des prêts antérieurs.



Au total, 93 milliards ont été réunis pour aider les pays à faible revenu à construire un avenir plus vert, plus résilient et plus inclusif et à répondre à la crise du Covid-19. Il s’agit de l’enveloppe financière la plus importante depuis la création de l’IDA. La reconstitution de cette somme a notamment été permise par le modèle d’effet de levier unique de l’IDA, qui combine les promesses de dons des donateurs à des fonds levés sur les marchés des capitaux, c’est-à-dire que chaque dollar promis par les donateurs génère près de 4 dollars de financement de l’IDA. Si la reconstitution de l’IDA-20 était destinée à de nombreux pays à travers le globe tous continents confondus, 70 % de ces fonds ont été destinés au continent africain.

La 20ème reconstitution de l’IDA (2022-2025) a bénéficié à 74 pays à faible revenu à travers le monde dans le but de :

  • Répondre à la pandémie de Covid-19 : en réponse à la pandémie, l’IDA a engagé plus de 56 milliards de dollars sous forme de prêts concessionnels ou de dons (avril 2020-septembre 2021)
  • Lutter contre les changements climatiques
  • Renforcer les systèmes de santé
  • Faciliter les investissements de qualité  dans les infrastructures
  • Garantir la transparence et la viabilité de la dette
  • Investir dans le capital humain

IDA-21 : un appel à des négociations ambitieuses pour parvenir à la « plus ambitieuse » reconstitution des ressources de l’IDA jamais réalisée

La multiplication des conflits armés, des crises alimentaires, des populations déplacées, des maladies et des risques environnementaux agit comme un frein au développement mondial et menacent l’atteinte des Objectifs de développement durable.

Au cours de l’année 2024, différentes réunions auront pour objectif d’identifier les opportunités de changement et tenter de répondre aux défis mondiaux. Les investissements de la 21ème reconstitution de l’IDA seront consacrés à l’autonomisation des femmes et des jeunes, à l’accès à l’énergie, aux objectifs climatiques, à la numérisation ou encore à la création d’emplois.

D’après Ajay Banga, président de la Banque mondiale, les gouvernements des pays donateurs doivent redoubler d’efforts pour que la prochaine reconstitution de l’IDA-21 soit « la plus importante de tous les temps ». En ce sens, les parties prenantes à l’IDA-21, et notamment le gouvernement français, appellent à atteindre la reconstitution la plus élevée jamais enregistrée.

À travers plusieurs forums régionaux, la 21ème reconstitution de l’IDA impliquera les partenaires de la société civile et sollicitera leur contribution sur les orientations stratégiques proposées par IDA-21. C’est la première fois qu’IDA s’engage aussi largement dans toutes les régions pour développer un ensemble de mesures de réapprovisionnement. Les partenaires de la société civile qui souhaitent participer à l’un de ces engagements peuvent s’inscrire à ce lien.

Les orientations et le cadre de financement d’IDA-21 seront négociés au cours de quatre réunions tout au long de l’année 2024, qui se clôtureront par l’annonce finale des contributions les 10 et 11 décembre 2024. L’agenda ci-dessous présente les dates clés du financement du développement et du climat en 2024, dont les réunions et forums de reconstitution d’IDA-21 :