Focus 2030
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Les Français·es et le climat en amont de la COP26

Publié le 27 octobre 2021 dans Sondages

En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyens sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Royaume-Uni.

Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes et renforcer l’impact de leurs actions de communication, de mobilisation citoyenne, de recherche et de plaidoyer. C’est dans ce cadre qu’en mai et en août 2021, les équipes du projet DEL ont réalisé un sondage destiné à interroger les Français·es sur les enjeux climatiques en amont de la COP26.

La 26e Conférence des parties (COP26) est attendue comme la plus importante depuis la COP21 en France, celle qui avait vu naître l’Accord de Paris par lequel les pays s’étaient engagés à contenir l’augmentation de la température globale sous les 2°C, de préférence à 1,5°C.

La COP26 en question


La COP26 à Glasgow prévue du 31 octobre au 12 novembre 2021 devrait réunir plus de 190 dirigeants gouvernementaux, des milliers de représentants de collectivités territoriales, d’ ONG et d’acteurs économiques (entreprises et investisseurs).

Les négociations attendues au cours de cette 26ème Conférence des parties s’articuleront autour de quatre objectifs :

1) Limiter le réchauffement climatique en augmentant les engagements des États en faveur de la réduction des gaz à effet de serre à horizon 2050.

2) Mettre en place des mécanismes d’adaptation aux conséquences des changements climatiques notamment à destination des populations les plus vulnérables.

3) Mobiliser des financements pour le climat afin de réaliser l’engagement des pays développés à soutenir les pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025.

4) Établir une coopération entre les États et les acteurs non-étatiques autour de multiples initiatives par grands secteurs d’activités.

Décryptage des opinions des Français·es en amont de la COP26

Le pessimisme des Français·es quant aux avancées en matière de lutte contre le changement climatique


Interrogés entre le 30 avril et le 5 mai 2021, seuls 18% des Français se montrent optimistes sur la capacité qu’auront les chefs d’État réunis à l’occasion de la COP26 de prendre des décisions permettant de limiter le changement climatique.

Interrogés sur l’aspect plus technique de la limitation de l’augmentation de la température globale à 1,5°, les Français se montrent encore moins optimistes. Ainsi, seuls 13% d’entre eux pensent que cet objectif de l’Accord de Paris sera effectivement atteint d’ici la fin du siècle.

Attentes (ou exigences) des Français·es en matière climatique


73% des Français estiment que la France devrait faire plus (un peu ou beaucoup) d’efforts pour lutter contre le réchauffement climatique. En particulier, cette opinion est partagée par 77% des femmes, soit un écart de 8 points par rapports aux hommes.

De la même manière, 79% des Français de 18 à 44 ans partagent cette opinion, soit un écart de 9 points par rapport à leurs aînés de 45+ ans.

Enfin, cette opinion est particulièrement partagée par 84% des sympathisants de gauche, soit un écart de 21 points par rapport aux sympathisants de droite. Les Français se réclamant du centre se situent dans la moyenne des réponses (73%).

A la lumière des réponses liées au vote du second tour de l’élection présidentielle de 2017, on remarque que les opinions (73%) des Français qui ont voté pour Emmanuel Macron rejoignent les opinions (71%) de ceux qui ont voté Marine Le Pen. Cette préoccupation est donc plutôt transversale quelles que soient les colorations politiques.

Les priorités attendues par les Français·es à l’occasion de la COP26


La réduction des gaz à effet de serre est classée comme la première des priorités par 37% des Français. Vient ensuite la nécessité d’organiser une collaboration entre le monde politique, le monde de l’entreprise et les associations représentant la société civile. La lutte contre le changement climatique est donc perçue comme un combat nécessairement commun. Le volet financement de la lutte contre le changement climatique est l’option la moins souvent sélectionnée, peut-être perçue comme étant trop à distance des enjeux de terrain qui nécessitent d’être nommés pour être maitrisés. C’est aussi l’aspect de la COP26 qui recueille le plus fort pourcentage de "je ne sais pas".

Le changement climatique : une affaire de pays riches ou de pays en développement ?


Pour 56% des Français, il parait évident que les pays riches ou développés sont tenus de soutenir financièrement la lutte contre le changement climatique. Cette réponse est particulièrement identifiée chez les Français de plus de 55 ans (+6 points de pourcentage), les Français au moins titulaires d’un Bac (+7 points), et les sympathisants de gauche (+13 points).

Pour 53% des Français, il semble clair que les pays riches ou développés sont principalement responsables du changement climatique par rapport aux pays pauvres ou en développement. Cette opinion est particulièrement partagée par 60% des Français au moins titulaires d’un Bac (+7 points), les sympathisants de gauche (+10 points), et 59% des Français de plus de 55 ans (+6 points). En revanche, les Français de 18 à 44 ans sont moins nombreux à adhérer à cette répartition des responsabilités en matière de changement climatique (-6 points).

Si 53% des Français pensent que tous les pays du monde sont touchés de la même manière par le changement climatique, 32% reconnaissent que les conséquences vont être plus difficiles pour les pays en développement et seuls 7% estiment que les pays riches vont être davantage touchés. Autrement dit, les Français sont nombreux à reconnaitre une inégalité dans la manière dont les pays vont être affectés par le changement climatique. Ce pourcentage est particulièrement élevé chez 43% des sympathisants de gauche par rapport aux sympathisants de droite, soit un écart de 17 points.

Qui est le plus susceptible de lutter contre le changement climatique ?


Les réponses à cette question sont très partagées. Les gouvernements sont attendus dans des proportions (43%) quasiment identiques aux citoyens (42%) ou aux entreprises (39%) quand il s’agit de "contribuer" à lutter contre le changement climatique. Il est donc avant tout question de politiques nationales, d’entente entre les pays et de modifications des comportements individuels.

Les entités internationales de type ONU ou inter-régionales telles que l’Union européenne sont moins regardées comme susceptibles de faire la différence. De même, les entités de recherche scientifique (18%) ou les ONG œuvrant sur cette question (14%) ne sont que modestement attendues pour contribuer à la lutte contre le changement climatique.

La lutte contre le changement climatique est prioritaire parmi les autres enjeux environnementaux


54% des Français perçoivent le changement climatique comme devant être la priorité parmi tous les autres enjeux environnementaux auquel le gouvernement devrait s’attaquer.

La biodiversité représente ensuite le second enjeu le plus important aux yeux des Français, tandis qu’à un troisième niveau de préoccupation, les pollutions diverses affectant l’eau, l’air ou la terre sont perçues de façon équivalente.

Les Français·es sont nombreux à vouloir changer de comportements pour lutter contre le changement climatique


Les Français sont très majoritairement d’accord pour modifier leurs comportements personnels afin de prendre part à la lutte contre le changement climatique.

En priorité, 65% d’entre eux acceptent de réduire leurs déchets, ce qui n’empêche pas de consommer mais suppose une consommation différente, avec plus de recyclage et moins d’emballages.
51% des Français déclarent vouloir réduire l’impact climatique de leur habitation.
La préférence pour les produits locaux est signifiée par 42% des répondants, sans qu’il soit fait mention d’une différence de prix.
Les efforts en matière de transport pourtant si souvent décriés, ne sont choisis qu’en 4ème position.
Enfin, réduire l’impact en matière alimentaire n’est choisi en dernière position que par un quart des Français.
Pour lutter contre le changement climatique, les efforts sont d’autant plus consentis s’ils n’affectent pas l’alimentation et le plaisir qui va avec.

Ces données sont issues de notre sondage réalisé par l’Institut YouGov et piloté par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab. Information et méthodologie disponible ici.