Publié le 25 octobre 2019 dans Sondages
Environ 87% des Français déclarent s’identifier, à des degrés divers, à ceux qui prennent soin de la nature et de l’environnement. En quelques années, le souci de la planète est devenue une vertu citoyenne au point qu’il est probablement devenu politiquement incorrect d’affirmer son indifférence à l’égard des questions environnementales.
Quelles que soient les déclinaisons les plus souvent exprimées relatives à la protection de la nature (biodiversité, réchauffement climatique, gaz à effet de serre, surconsommation, etc.), en France, l’environnement est devenu un point cardinal pour juger les politiques publiques et évaluer les comportements individuels.
Quoique d’un niveau très élevé, cette sensibilisation ne préfigure pas la vertu réelle des comportements individuels. Il y a d’un côté l’intention et de l’autre les actions. En 2019, c’est une chose d’être préoccupé par les questions environnementales, c’est autre chose d’adapter sa consommation et l’ensemble de ses attitudes individuelles aux préconisations exprimées par les spécialistes de l’environnement. Ces chiffres attestent que le souci de la planète est devenue une valeur presque universelle à l’échelle nationale, ce qui n’exclut pas que les Français sont également, dans leur grande majorité, soumis à leurs propres paradoxes. Leurs opinions relatives aux questions environnementales les font ressembler à Saint Paul, celui qui regrettait de ne pas faire le bien qu’il voulait et de continuellement faire le mal qu’il ne voulait pas.
Ces chiffres suggèrent que les Français semblent prêt à penser des stratégies pour sauvegarder la planète. En revanche, ils ne permettent pas de mesurer les efforts auxquels les Français seraient réellement prêts à consentir, tant en matière de changement de comportements qu’en matière de coût de la transition vers une existence plus compatible avec la nature.
A la manière d’un cercle vertueux, il y a une corrélation entre la sensibilisation à la question du développement des pays les plus pauvres et la sensibilité à l’environnement. Ainsi, c’est parmi les Français qui s’identifient le plus à la nécessité de prendre soin de la nature qu’on observe le plus fort soutien à l’aide publique au développement versée par la France.
Ces réponses ne nous disent pas la prise de conscience des Français des conséquences environnementales spécifiques dans les pays en développement. En revanche, cette corrélation atteste la prise de conscience par les Français d’appartenir à une même espèce aux besoins identiques vivant sur une même planète. Une manière comme une autre de penser la solidarité internationale.
Dans une moindre mesure mais selon la même cohérence, on peut identifier une corrélation similaire entre le fait d’être préoccupé par la nature et la pratique personnelle du don à destination des populations les plus pauvres.
Le sentiment de préoccupation à l’égard de la pauvreté dans les pays en développement est également corrélé au souci des Français à l’égard de la nature et de l’environnement. Ces deux dimensions se conjuguent comme si le fait de se soucier de la nature ou le fait de se préoccuper de la pauvreté dans le monde, dessinait, dans les deux cas, une conscience commune des enjeux collectifs sur une planète en partage.
Ces données sont issues de notre sondage réalisé par l’Institut YouGov et piloté par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab visant à mesurer l’évolution des opinions, ressentis, connaissances & comportements sur les enjeux de solidarité internationale et sur les Objectifs de développement durable, dans quatre pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, États-Unis).