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Faible augmentation de l’aide publique au développement en 2023

Publié le 11 avril 2024 dans Décryptages , Actualités

L’OCDE a publié, le 16 janvier 2025, les données définitives des montants alloués par les pays donateurs à l’aide publique au développement (APD) en 2023. L’APD émise par les membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE s’est élevée à un montant historique de 223,3 milliards de dollars en 2023, soit 0,37 % du revenu national brut combiné des pays du CAD. C’est le plus haut niveau jamais atteint, malgré une faible augmentation de 1,6 % en termes réels.

Pour autant, 17 pays donateurs, dont la France, ont diminué leur APD par rapport à 2022, ce, en dépit des besoins croissants à l’échelle internationale. Décryptage.

 

L’APD atteint un nouveau sommet en 2023

 

Pour la cinquième année consécutive, l’APD des pays donateurs du CAD a atteint un nouveau record, s’établissant à 223,3 milliards de dollars, soit une hausse de 1,6 % en termes réels par rapport à 2022. Les États-Unis demeurent le premier donateur (66 milliards de dollars), suivis de l’Allemagne, du Japon, du Royaume-Uni et de la France.

La hausse de l’APD en 2023 s’explique toutefois principalement par l’aide apportée à l’Ukraine (qui a atteint 18,2 milliards de dollars et représente 8 % de l’APD nette totale) et à l’aide humanitaire (26,1 milliards, 11,6 % de l’APD nette totale) et aux contributions à des organisations multilatérales. En outre, seuls 14 des pays membres du CAD ont augmenté leur APD, quand 17 l’ont diminuée.

Les coûts d’accueil des réfugiés dans les pays donateurs, qui peuvent être comptabilisés en APD la première année d’accueil et expliquaient largement la hausse de l’APD en 2022, ont représenté 32,5 milliards de dollars en 2023, soit 14,6 % de l’APD totale (-1,6 % par rapport à 2022).

 

 

 

Cette somme équivaut à 0,37 % du revenu national brut (RNB) combiné des pays du CAD, soit la même proportion qu’en 2022. Seuls cinq pays ont atteint l’objectif d’allouer 0,7 % de leur RNB à l’APD, pourtant adopté par les pays industrialisés en 1970 aux Nations unies : la Norvège, le Luxembourg, la Suède, l’Allemagne et le Danemark.

 

 

Une hausse de l’APD depuis l’adoption des Objectifs de développement durable

Depuis l’adoption des Objectifs de développement durable en 2015, l’APD totale des pays du CAD a plus que doublé en termes réels. Par rapport à 2019, elle a augmenté de 34 %, en réponse aux multiples crises mondiales engendrées notamment par la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, les changements climatiques et leurs conséquences en cascade. Il est toutefois à noter que les frais d’accueil des réfugiés dans les pays donateurs déclarés en APD, qui ne contribuent par nature pas à la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement, ont été multipliés par trois depuis 2019.


 

En dépit de ses engagements, la France diminue son APD de manière conséquente

 

L’APD de la France a atteint 15 milliards de dollars en 2023 (13,9 milliards d’euros), soit une diminution de 13 % par rapport à l’année précédente (-2,1 milliards de dollars en termes réels). Elle perd ainsi une place au classement des pays donateurs pour se ranger à la 5ème place, repassant loin derrière le Royaume-Uni (19,1 milliards en 2023).

Ce montant représente 0,48 % de son RNB (contre 0,56 % en 2022), en contradiction avec la trajectoire pourtant inscrite dans la loi 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales. Celle-ci envisageait en effet l’atteinte de 0,61 % du RNB de la France dédiés à l’APD en 2023.

La trajectoire de l’APD française ne devrait pourtant pas repartir à la hausse en 2024 et en 2025 : quelques mois après le report de cinq ans de l’objectif d’allouer 0,7 % de la richesse nationale à la solidarité internationale, le gouvernement français a annoncé des coupes successives de 742 millions d’euros dans le budget de l’APD en 2024 et de près de 2 milliards d’euros dans le projet de loi de finances pour 2025 (avant la censure du gouvernement en décembre 2024). Cet abandon de l’objectif d’atteindre 0,7 % en 2025 combiné aux coupes envisagées pourraient représenter un manque à gagner de près de 22 milliards d’euros pour le développement entre 2025 et 2030.



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