Publié le 6 septembre 2021 dans Décryptages , mis à jour le 17 décembre 2021
La Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI, Coalition for Epidemic Preparedness Innovations) a été créée en 2017, à l’occasion du forum mondial de Davos, afin de financer le développement de vaccins contre les maladies infectieuses émergentes et à en garantir un accès équitable à l’ensemble des populations affectées.
Elle est l’héritière d’un terrible constat : alors que l’épidémie ouest-africaine du virus Ebola faisait rage, en 2014, les laboratoires hébergeaient plusieurs vaccins restés au stade expérimental, faute de marché (entre 2014 et 2015, cette épidémie a fait plus de 11000 victimes et a représenté une charge économique d’environ 53 milliards de $US). La CEPI est ainsi née d’un consensus selon lequel contrer l’émergence d’épidémies futures avant qu’elles ne prennent de proportions trop importantes, nécessite une action coordonnée au niveau international et intergouvernemental.
Fondée par les gouvernements de la Norvège, de l’Inde, les fondations Bill & Melinda Gates et Wellcome, ainsi que le Forum économique mondial, la CEPI s’est appuyée sur les conclusions du « R&D Blueprint for Action to Prevent Epidemics » publié par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2016, pour déterminer la liste des virus sur lesquels concentrer ses efforts.
A sa création, la CEPI était dotée de 460 millions de $US. Outre ses fondateurs, elle a, à ce jour, reçu le financement de 28 États - mais pas de la France - ainsi que de l’Union européenne et l’USAID. Elle a également obtenu du soutien du secteur privé et du grand public à travers l’UN Foundation COVID-19 Solidarity Response Fund.
Outre celui du Covid-19, la CEPI se concentre à l’heure actuelle sur les virus responsables de la fièvre de Lassa, du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), d’Ebola, du Nipah, de la fièvre de la vallée du Rift, ainsi que du Chikungunya. Elle investit également dans des technologies à même de développer des vaccins de façon rapide contre de potentiels pathogènes inconnus (Maladie X).
Afin de mener sa mission d’accélération du développement de vaccins contre les maladies infectieuses émergentes et de leur distribution équitable, la CEPI s’attache à :
Source : CEPI, L’urgence d’aujourd’hui : inverser la tendance contre les maladies infectieuses épidémiques et pandémiques.
La CEPI dispose d’un comité consultatif scientifique, composé de 33 spécialistes d’un large éventail de disciplines scientifiques, qui apportent des informations et des recommandations scientifiques pour guider le travail de la CEPI.
La CEPI octroie des fonds par le biais d’appels à propositions publiés sur son site web. Chaque appel à propositions a des critères d’éligibilité distincts basés sur les objectifs du projet, mais aucune candidature ne peut prétendre à un financement sans accepter d’adhérer à la politique d’accès équitable de la CEPI. Les candidatures sont évaluées selon des critères scientifiques et soumises à un examen par des pairs indépendants.
Depuis sa création en 2017, la CEPI a publié de nombreux appels à propositions pour le financement de recherches sur ses priorités. Elle a ainsi tissé des partenariats avec plus de 30 institutions de recherche et organismes de développement ou de production de vaccins.
Cette période a été marquée par la survenue de plusieurs avancées scientifiques importantes en matière vaccinale, notamment contre le Chikungunya (premiers essais cliniques de phase 3, dernière étape avant l’homologation d’un vaccin) ainsi que les virus du Nipah et de la fièvre de Lassa (premiers essais de phase 1).
En mars 2021, CEPI a lancé un plan d’action de cinq ans de 3,5 milliards de $US destiné à réduire, voire éliminer les risques de pandémies et d’épidémies futures, et prévenir ainsi des millions de décès et des milliards de dollars de dommages économiques.
Parmi ses principaux objectifs figurent :
Plus de détails sont à retrouver dans la Stratégie 2022-2026 de la CEPI (en anglais). En amont de la conférence de reconstitution, qui se tiendra les 7 et 8 mars 2022 au Royaume-Uni, la CEPI a lancé la campagne #100DaysMission.
Selon une analyse de la CDC Afrique, du Pandemic Action Network et de Volta Capital, financer intégralement cette stratégie serait la première étape en vue d’une meilleure préparation mondiale aux futures pandémies.
La CEPI joue un rôle de premier plan dans la réponse mondiale à la crise de Covid-19. Elle est co-organisatrice – avec Gavi, l’Alliance du vaccin et l’Organisation mondiale de la Santé – de l’axe « vaccins » de l’Accélérateur ACT, également appelé COVAX. Alors qu’il visait initialement à rendre équitablement accessibles 2 milliards de doses de vaccin aux populations de 190 pays d’ici fin 2021, COVAX ne pourra finalement en répartir que 1,4 milliard selon les projections de septembre, en raison du déficit de doses disponibles.
Au sein de COVAX, la CEPI coordonne et contribue au financement des efforts de recherche et de développement de vaccins. COVAX a ainsi soutenu 14 vaccins candidats, dont l’un de l’Institut Pasteur en France. Trois des vaccins candidats soutenus par CEPI ont été autorisés par l’OMS pour une utilisation d’urgence (Moderna, Oxford AstraZeneca et Novavax). En retour, les développeurs financés par la CEPI doivent, comme condition de leurs accords de subvention, fournir une partie des vaccins à un prix abordable aux pays à revenu faible et intermédiaire, via COVAX. COVAX a ainsi pu conclure des accords pour 2,6 milliards de doses de vaccins développés grâce aux financements de la CEPI, que le mécanisme recevra d’ici fin mars 2022.
La CEPI investit également dès à présent dans la « prochaine génération » de vaccins candidats, afin d’offrir des options supplémentaires pour contrôler la Covid-19 à l’avenir.
Le 15 juillet 2021, CEPI et ses partenaires ont lancé le COVAX Marketplace, un outil destiné à faciliter les échanges et la coopération entre les fabricants de vaccins et les fournisseurs de ses composants.