Focus 2030
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Ce que les Français·es attendent du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial

Publié le 12 juin 2023 dans Sondages

En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyen·ne·s sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Grande-Bretagne.

Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes pour mettre en œuvre leurs activités de communication, de mobilisation et de plaidoyer. Les résultats présentés ci-dessous sont issus d’un sondage administré par l’institut YouGov entre le 19 et le 25 mai 2023 auprès d’un échantillon de 2000 personnes représentatif de la population adulte en France. Marge d’erreur retenue : ±2%.
En amont du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, Focus 2030 a réalisé un dossier spécial afin de présenter les enjeux du Sommet et les solutions qu’il pourrait apporter. Retrouvez dans ce dossier des faits et chiffres, infographies, témoignages d’expert·es, campagnes de mobilisation citoyenne et résultats de sondage en rapport avec le Sommet.

L’ampleur des défis mondiaux contemporains, parmi lesquels, la lutte contre l’extrême pauvreté et les changements climatiques, impose de repenser le financement de la solidarité internationale. Tout en interrogeant les modèles actuels de financement de ces luttes ainsi que la possibilité de financements innovants à l’échelle mondiale, il s’agit aujourd’hui d’imaginer de nouvelles relations, politiques et économiques, entre les pays les plus riches d’un côté, et les pays qui font face à ces enjeux avec trop peu de ressources de l’autre.

En amont de la tenue d’un Sommet pour un nouveau pacte financier mondial (22-23 juin 2023 à Paris), nous avons souhaité interroger les Français sur un certain nombre d’initiatives susceptibles de répondre à ces enjeux. Il s’agit davantage d’un recueil d’opinions et de points de vue que d’une véritable mesure des connaissances à propos d’enjeux internationaux, qui certes sont identifiés par l’opinion publique (pauvreté, changement climatique, situation économique des pays pauvres), mais dont les solutions relèvent d’aspects techniques et politiques plutôt méconnus. D’une part, nous avons interrogé les Français sur l’opportunité et l’impact d’un tel sommet, dont ils n’ont sans doute pas (ou peu) entendu parler. D’autre part, nous les avons interrogés sur le principe de certains mécanismes de financement du développement.

Dans cette série de questions, nous observons qu’un niveau d’éducation plus élevé est invariablement associé à une adhésion plus forte aux initiatives interrogées.

 

64% des Français·es interrogé·es estiment que l’organisation de ce sommet est nécessaire

Interrogés sur la nécessité d’organiser un sommet international à Paris pour (tenter de) résoudre les difficultés économiques auxquelles les pays les plus pauvres font actuellement face (notamment du fait de la pandémie de Covid-19 et des conséquences de la guerre en Ukraine), une majorité de Français affichent un soutien au principe de cette rencontre internationale. Seules un quart des personnes interrogées ne la jugent pas nécessaire.

 

 

84% des Français·es interrogé·es estiment que les difficultés financières des pays pauvres auront un impact sur l’économie française et mondiale au cours des trois prochaines années

Interrogés sur l’impact que peuvent avoir à moyen terme les difficultés économiques auxquelles les pays les plus pauvres font actuellement face, les Français montrent qu’ils perçoivent ce que représente la réalité d’une économie mondialisée. Autrement dit, 84 % reconnaissent que ce qui affecte un pays affecte le monde entier. Cette perception est un peu plus marquée chez les 25 à 34 ans (88 %), soit une différence de +9 points de pourcentage par rapport à leurs aînés de 45 à 54 ans. Dans les mêmes proportions, 83 % estiment que l’économie française sera affectée par les difficultés subies par les pays les plus pauvres dans les trois prochaines années.

Il n’est donc pas surprenant que les Français soutiennent l’organisation de ce sommet international, dès lors qu’ils perçoivent que la situation économique de la France d’une part et du monde entier d’autre part, est en jeu, du fait de ce à quoi les pays les plus pauvres font face.

Par ailleurs, 71 % des personnes interrogées en France (soit 13 points de moins) ont le sentiment que leur situation personnelle est également susceptible d’être affectée par la situation des pays pauvres. Cette perception est un peu plus marquée chez les hommes (73 %) que chez les femmes (67 %).

 

 

Les Français·es sont plutôt divisé·es quant à la responsabilité du gouvernement français dans l’organisation de ce type de sommet international

Indépendamment de leur point de vue sur la pertinence d’un tel sommet international pour résoudre les difficultés économiques auxquelles les pays pauvres font actuellement face, en particulier depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, les Français ont été interrogés sur le rôle ou la responsabilité de la France dans l’organisation de cet événement international.

36 % reconnaissent que l’organisation d’une telle rencontre relève (aussi) de la responsabilité de la France, tandis que 34 % estiment l’inverse. 21 % sont indécis sur cette question qui relève de la politique internationale. Plus en détail, on note que les 18-44 ans sont un peu plus nombreux (40 %) que leurs aînés (33 %) à estimer que c’est le rôle de la France d’organiser ce sommet.

 

 

Les Français·es sont dubitatif·ves quant à la capacité de ce sommet de (véritablement) changer les choses

Interrogés sur l’opportunité de ce sommet international pour résoudre les grandes difficultés économiques auxquelles les pays pauvres font face actuellement, les réponses des Français attestent qu’ils sont particulièrement dubitatifs.

Seul un quart d’entre eux (27 %) imaginent que ce sommet sera l’occasion de résoudre les grandes difficultés économiques auxquelles les pays les plus pauvres font face aujourd’hui. De façon plus flagrante, 46 % d’entre eux estiment qu’il ne changera pas les choses, tandis que 21 % sont indécis.

Sur cette question, les femmes sont un peu moins pessimistes que les hommes : 42 % d’entre elles estiment qu’il ne résoudra rien, contre 50 % des hommes. La jeunesse est également associée à une vision plus positive de l’efficacité de ce sommet. Par exemple, 35 % des 18-44 ans estiment que ce sommet va changer les choses contre 26 % des plus de 45 ans.

 

 

61 % des Français·es soutiennent le principe d’une taxe mondiale pour lutter contre la pauvreté dans le monde et les changements climatiques

Interrogés sur l’idée d’instaurer une taxe mondiale dont les recettes seraient affectées à la lutte contre la pauvreté mondiale et les changements climatiques, les Français interrogés soutiennent en majorité le principe de cette initiative. Seuls 12 % se déclarent contre une telle taxe. En associant le soutien à ce financement innovant au pourcentage de ceux qui n’ont pas d’idée très précise à ce sujet (21 %), mais qui ne s’y opposent pas, on remarque que 83 % des personnes interrogées seraient susceptibles d’adhérer, ou de ne pas s’opposer, à cette taxation mondiale qui ferait écho à la mondialisation de l’économie que les Français semblent percevoir dans cette série de questions.

 

 

Les Français·es soutiennent avant tout la taxation des entreprises dont le profit repose sur le faible respect des normes environnementales, et des milliardaires

En considérant l’impact qu’un certain nombre d’acteurs économiques peuvent avoir sur les enjeux mondiaux tels que les changements climatiques et la pauvreté dans le monde, 73 % des Français interrogés estiment que les profits générés par les entreprises qui ne respectent pas les normes environnementales doivent être taxés, afin de financer la lutte contre les changements climatiques et la pauvreté dans le monde.

Dans des proportions similaires, 71 % des Français jugent que les milliardaires devraient également être taxés. Vient ensuite le souhait que les profits générés par l’industrie des combustibles fossiles (64 %) et les entreprises du secteur financier (62 %) soient soumis à ce dispositif fiscal. Enfin, une majorité de Français interrogés considèrent que cette taxe devrait s’appliquer au transport aérien (57 %) et au transport maritime (54 %).

 

 

Les Français·es sont le plus convaincus par les campagnes réclamant la taxation des superprofits des industries fossiles

Trois messages de campagne ont été présentés pour évaluer lequel générait le plus d’adhésion auprès des Français·es interrogés. Taxer l’industrie des énergies fossiles (issu d’une campagne de CARE France) est un message convaincant pour 53 % des individus, suivi d’un message incitant à « redéfinir les règles du jeu » (45 %) (slogan d’une campagne de ONE France) puis d’un message incitant à « redistribuer 2 % de la richesse mondiale pour lutter contre la pauvreté et les changements climatiques » (41 %).

Cette dernière revendication est issue du rapport Songwe-Stern (2022) qui estime que 2 400 milliards de dollars sont nécessaires par an pour lutter contre les conséquences des changements climatiques dans les pays en développement, soit environ 2 % du PIB mondial. Lorsque l’on demande aux Français·es s’ils sont favorables ou opposés « à ce que 2 % de la richesse mondiale soit redistribuée en faveur de la lutte contre la pauvreté dans le monde et contre les changements climatiques », sans mentionner qu’il s’agit d’un message de campagne, le soutien est beaucoup plus marqué : 66 % des répondant·es y sont tout à fait ou plutôt favorables, contre 19 % fortement ou plutôt opposés.

Quels que soient l’âge, le revenu ou le niveau d’éducation, le message de campagne invitant à taxer les industries des énergies fossiles demeure le plus convaincant. 57 % des répondant·es de 18 à 34 ans considèrent que le message invitant à redéfinir les règles du jeu est convaincant pour lutter contre les inégalités mondiales. Ce pourcentage chute à 45 % chez les répondant·es de plus de 35 ans. ​

 

 

Les Français·es en faveur d’un soutien de la France à une taxe européenne sur les transactions financières

Interrogés sur l’éventualité que le gouvernement français soutienne l’adoption d’une taxe sur les transactions financières à l’échelle de l’Europe, 81% soutiendraient (53%) ou ne s’opposeraient pas à cette idée (28%). Il n’y a donc pas d’opposition politique au fait que le gouvernement soutienne l’adoption de cette taxe. Il y a même un fort soutien dès lors que seuls 12% des personnes interrogées s’y opposeraient. Plus en détail, le soutien des hommes à cette mesure est un peu plus marqué que celui des femmes (+ 5 points de pourcentage).

 

 

Les Français·es sont pessimistes quant à la réduction des émissions de carbone d’ici 2030, même si cet objectif semble plus réalisable que l’éradication de l’extrême pauvreté

Interrogés sur la probabilité que les objectifs adoptés par les Nations unies soient atteints d’ici à 2030 en matière de réduction des émissions carbone (Accords de Paris) ou d’éradication de l’extrême pauvreté (Objectifs de développement durable), les Français se montrent plutôt pessimistes.

Pour autant, ils sont plus nombreux à estimer que l’objectif de réduction des émissions carbone sera atteint (22 %) qu’à imaginer l’éradication de l’extrême pauvreté (13 %). De la même manière, le doute quant à la probabilité d’atteindre ces deux objectifs est moins important en matière de réduction des émissions carbone (46 % estiment qu’atteindre cet objectif est improbable), qu’en matière d’éradication de la pauvreté (60 % estiment qu’atteindre cet objectif est improbable).

Sur ces deux aspects, l’optimisme est associé à la jeunesse. 23 % des 18-34 ans estiment qu’il est probable que la pauvreté sera éradiquée en 2030, soit dix points de pourcentage de plus que les réponses obtenues chez les Français âgés de plus de 35 ans (13 %). De la même manière, 35 % des 18-34 ans estiment qu’il est probable que les émissions de carbone seront réduites en 2030, soit 17 points de plus que les Français âgés de plus de 35 ans.

 

 

43 % des Français·es considèrent que le FMI et la Banque mondiale devraient soutenir la lutte contre les changements climatiques

Lorsque l’on demande aux Français·es si, selon eux, les missions historiques (soutenir la croissance économique, la stabilité de l’économie mondiale et lutter contre la pauvreté) des institutions financières internationales (IFI) telles que le FMI et la Banque mondiale devraient évoluer pour inclure la lutte contre les changements climatiques, 43 % d’entre eux estiment qu’elles devraient effectivement évoluer, tandis que 30 % considèrent que ces institutions devraient s’en tenir à leur rôle initial. Il est cependant à noter qu’un quart des individus (27 %) ne savent pas répondre à cette question à propos d’institutions qui s’avèrent être mal connues du grand public.

 

 

Les Français·es souhaitent que les pays pauvres et émergents obtiennent plus de pouvoir au sein des institutions financières internationales

Les Français·es ont été interrogés à propos de la répartition des pouvoir entre les pays riches, les pays émergents et les pays pauvres au sein des Institutions financières internationales (IFI). En regardant la situation des pays pauvres (tels que Haïti, le Niger, l’Ethiopie, etc.), 16 % des Français·es estiment qu’ils devraient se voir attribuer plus de pouvoir dans les IFI, même si cela réduirait le pouvoir des pays riches comme la France, tandis que 32% pensent l‘inverse. En revanche, 33 % des personnes interrogées considèrent que les pays pauvres et les pays riches devraient avoir autant de pouvoir dans les IFI. Par conséquent, 49 % (16% + 33%) des personnes interrogées souhaitent un rééquilibrage des pouvoirs entre les pays pauvres et les pays riches dans les IFI.

 

Concernant les pays émergents, 17 % des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une hausse de leur pouvoir dans les IFI même si cela réduirait celui des pays riches comme la France, et 37 % estiment que les pays émergents et les pays riches devraient posséder autant de pouvoir dans les IFI. Ainsi, 54 % des Français·es interrogés sont en faveur d’un rééquilibrage des pouvoirs entre les pays émergents et les pays riches dans les IFI, contre 30 % qui ne le souhaitent pas.

 

 

Ces données sont issues de notre sondage réalisé par l’Institut YouGov et piloté par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab. Information et méthodologie disponible ici.

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Opinions et attitudes des Français·es