Publié le 12 février 2024 dans Sondages
En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyen·ne·s sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Grande-Bretagne. Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes pour mettre en œuvre leurs activités de communication, de mobilisation et de plaidoyer. Les résultats présentés ci-dessous sont issus de plusieurs vagues de sondage administrés par l’institut YouGov entre 2019 et 2023 auprès d’échantillons représentatifs de la population adulte en France (entre 1 000 et 6 000 personnes interrogées suivant les vagues d’enquête). Marge d’erreur retenue : ±2 %. |
Grâce au projet de recherche Development Engagement Lab, nous disposons de données récurrentes, mesurées trois fois par an entre septembre 2019 et octobre 2023, dans quatre pays : France, Allemagne, Royaume-Uni et États-Unis.
Cette publication met en évidence l’évolution (ou la stabilité) des résultats obtenus au cours de ces années d’enquête, quand il s’agit de mesurer et/ou de comparer ce que les personnes interrogées en France savent, estiment, attendent ou font, à propos de la solidarité internationale, et, par extension, des enjeux de l’Agenda 2030.
Les questions de sondage analysées permettent d’observer les champs d’évolution suivants :
Évolution du niveau de préoccupation en matière de solidarité internationale
La préoccupation des citoyens vis-à-vis de la pauvreté dans les pays en développement est stable
Entre septembre 2019 et octobre 2023, la moitié des Français·es se déclarent préoccupés par la pauvreté dans les pays en développement, tandis qu’en moyenne, 13% d’entre eux reconnaissent ouvertement ne pas être préoccupés. Mis à part un léger fléchissement en octobre 2021, soit pendant la pandémie de Covid-19, ces proportions sont stables au fur et à mesure des enquêtes menées. On remarque que le niveau de préoccupation dépend principalement du niveau d’étude déclaré, de l’orientation politique, et, dans une moindre mesure, de l’âge.
A titre de comparaison, quand on considère les dernières données recueillies (septembre/octobre 2023), les Français (48%) et les Britanniques (50%) sont proportionnellement plus nombreux à déclarer être préoccupés à l’égard de la pauvreté dans le monde que les Allemand·es (43%).
Une diminution des préoccupations environnementales à mesure qu’augmentent les préoccupations économiques
Les Français·es ont été invités trois fois par an depuis 2019 à classer une liste d’enjeux dont ils se soucient. Les questions environnementales (climat, environnement, biodiversité, pollution) arrivaient généralement en tête des préoccupations, un peu au-dessus des enjeux économiques (crise, chômage, pouvoir d’achat) jusqu’en octobre 2020, soit au moment où l’inflation post-pandémie, puis la guerre en Ukraine, a réduit drastiquement le pouvoir d’achat des individus.
Parmi les préoccupations scrutées, on observe donc un recul progressif des enjeux environnementaux par rapport aux enjeux économiques. L’écart entre ces deux préoccupations s’est creusé davantage entre juin 2023 et octobre 2023 : la proportion des Français·es ayant sélectionné les enjeux économiques (57 %) a augmenté de 4 points tandis que la proportion des Français·es ayant sélectionné les préoccupations environnementales (46 %) a chuté de 8 points de pourcentage. On observe le même mouvement des opinions en Allemagne. De plus près, en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, les personnes interrogées de 18 à 24 ans demeurent plus nombreuses à souligner une préoccupation à l’égard des enjeux environnementaux (+6 points en France) et moins nombreuses à avoir sélectionné les enjeux économiques (-9 points en France).
Si l’on constate une hausse du niveau de préoccupation à l’égard de « la guerre, des conflits et du terrorisme » en octobre 2022, soit quelques mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a en 2023 retrouvé son niveau de 2019, en dépit de l’émergence de nouveaux conflits (terrain effectué entre le 17 septembre et le 17 octobre 2023, soit avant et après l’attaque du Hamas le 7 octobre).
Enfin, la préoccupation pour « les grandes pandémies » diminue progressivement, après avoir atteint un pic en 2020, soit au moment de la pandémie de Covid-19.
Évolution de la connaissance des Objectifs de développement durable et de l’adhésion aux enjeux de l’Agenda 2030
La connaissance faible (et stable) des Objectifs de développement durable (ODD)
Le niveau de connaissance des ODD est plutôt stable à travers les années, comme si rien de ce qui pouvait être dit et fait en la matière n’imprimait dans l’esprit des populations interrogées à propos de l’Agenda 2030.
En comparant le pourcentage des personnes interrogées qui déclarent avoir entendu parler des ODD sans savoir « vraiment de quoi il s’agit » en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, on observe que c’est en France que le concept (ou l’appellation) « Objectif de développement durable des Nations unies » semble le plus familier, ce pour 35% des personnes interrogées.
Parallèlement, c’est en France et au Royaume-Uni que le taux de « je ne sais pas » est le moins élevé. Ajouté au pourcentage des individus qui déclarent « avoir entendu parlé (des ODD) et savoir de quoi il s’agit », c’est donc en France que l’on identifie la dynamique la plus marquée en matière de connaissance des ODD de l’Agenda 2030. Dans les quatre pays interrogés, les répondants les plus jeunes sont beaucoup nombreux à déclarer connaitre les ODD, une proportion qui décroit progressivement avec l’age.
Pour autant, si ces résultats donnent une indication quant à la connaissance ou l’ignorance des ODD en tant qu’Agenda international, ils ne veulent pas dire que les Français·es ignorent ou s’opposent aux thématiques et aux valeurs portées par les 17 ODD.
Par exemple, on mesurait en mars 2023 que la proportion des individus qui souhaitent que leur gouvernement fasse davantage d’efforts en faveur de l’égalité femmes-hommes (à l’échelle domestique et à l’échelle du monde) était particulièrement élevée en France (53%), davantage encore qu’en Allemagne (41%), en Grande Bretagne (42%) ou aux États-Unis (40%). Parallèlement, la proportion des individus s’opposant à cette question s’avérait modeste (10%). Sur cette question précise, les femmes sont toujours plus nombreuses (+13 points en France) à souligner la nécessité de faire progresser l’égalité entre les sexes que les hommes.
De la même manière, indépendamment de la connaissance des ODD ou de l’Agenda 2030 en tant que feuille de route mondiale, on mesure aussi à quel point les personnes interrogées en France sont conscientes et préoccupées par les enjeux climatiques et par la nécessité de mettre en place une solidarité internationale pour soutenir les pays les plus affectés et les plus pauvres dans la lutte contre les changements climatiques.
La majorité des Français·es souhaitent que la France fasse plus d’efforts pour réduire la pauvreté, les inégalités, l’accès inégal à la santé ou à l’éducation et l’impact du changement climatique d’ici à 2030
Même sans connaître l’Agenda 2030 et les 17 ODD dans leurs dénominations officielles, la majorité des personnes interrogées en France sont favorables aux causes promues par la feuille de route, qu’il s’agisse de lutte contre la pauvreté, d’accès à la santé ou à l’éducation et à la lutte contre les dérèglements climatiques.
Pour autant, depuis que cette question est posée (septembre 2019), on observe à partir d’octobre 2020 (soit pendant la pandémie de Covid-19) une légère diminution de la proportion de ceux qui estiment que la France devrait faire plus d’efforts pour atteindre ces objectifs.
Évolution de ce que les Français·es attendent du gouvernement en matière de solidarité internationale
Pour les Français·es, il est (plutôt) clair que la France doit contribuer à l’aide internationale au profit des pays en développement
Invités à répondre à partir d’une échelle de 0 à 10 pour savoir si, selon eux, la France doit ou ne doit pas contribuer à l’aide internationale à destination des pays en voie de développement, la répartition des réponses des Français·es est relativement stable entre 2019 et 2023. 30% des personnes interrogées reconnaissent le concept de contribution de la France en faveur des pays en développement comme un devoir (ou un principe).
Même si on mesure une augmentation progressive (+3 points en quatre ans) de la proportion des personnes interrogées opposées à cette contribution, la somme des opinions rassemblant ceux qui ne sont ni vraiment favorables ni vraiment opposés, et de ceux qui considèrent que la France devrait contribuer à l’aide internationale, se maintient quelles que soient les crises affectant le national ou l’international : sanitaires (Covid-19), politiques (guerre en Ukraine et conflit israélo-palestinien), ou économiques (inflation).
Le profil type des Français·es souhaitant une contribution de la France est constitué d’individus de 18 à 34 ans (+8 points), déclarant avoir au minimum un Bac +2 (+6 points), sympathisants de gauche (+19 points) ou du centre (+5 points).
Malgré un fléchissement des opinions, une majorité de Français·es demeure en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’aide publique au développement
Même si le pourcentage tend à baisser, en octobre 2023, 61% des personnes interrogées en France souhaitent un maintien ou une augmentation de l’aide au développement à destination des pays les plus pauvres. Depuis 2019, les Français sont toujours plus nombreux que les Allemands, les Américains et les Britanniques à souhaiter que leur gouvernement augmente les sommes allouées à l’APD pour soutenir le développement des pays les plus pauvres.
Plus en détail, on note que depuis 2013, les Français·es sont tendanciellement de plus en plus nombreux à être en faveur d’une augmentation de l’aide publique au développement. La mesure de ce soutien est passée de 18% en décembre 2013 à 26% en octobre 2023, avec un pic à 37% en février 2020. Cette évolution est parallèlement renforcée par une dynamique de baisse entre 2013 et 2023 affectant le nombre de Français·es souhaitant que le gouvernement français diminue le montant alloué à l’aide au développement (43% fin 2013 / 22% en octobre 2023).
Pour autant, on remarque pour la première fois en octobre 2023, que le pourcentage de ceux qui souhaitent une augmentation de l’APD baisse au point de rencontrer le pourcentage, à la hausse, de ceux qui souhaitent une diminution. Autrement dit, dans le contexte économique et politique de la fin d’année 2023, cette dernière vague de sondage entérine une dynamique qui vient contredire les espoirs en matière de soutien à l’APD.
Plus les répondant·es se déclarent à "gauche" de l’échiquier politique et plus ils sont nombreux à se positionner en faveur de l’augmentation de l’APD, tandis que dans les mêmes proportions, affirmer une sympathie à "droite" est le marqueur d’une volonté de réduire l’aide ou de la soutenir dans une moindre mesure, ce, de manière linéaire.
Ainsi, selon l’étude menée en octobre 2023, l’opinion partagée par les sympathisant·es de gauche en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’APD (77%) s’avère proche de celle des sympathisant·es du centre (72%). Cette opinion est moins partagée par les personnes qui se déclarent de droite (62%) et encore moins par ceux qui se déclarent "très à droite" (36%).
Évolution des opinions à l’égard des moyens mis en œuvre en matière de solidarité internationale
La vision des Français·es sur l’efficacité de l’aide publique au développement est stable et critique
Ainsi, seuls 15% des Français·es interrogés jugent efficace l’aide financière apportée par la France aux pays en développement. Cette proportion demeure d’ailleurs stable de septembre 2019 à octobre 2023. Entre juin et octobre 2023, on observe une augmentation (+5 points de pourcentage) de la proportion des individus qui estiment que l’APD n’est pas efficace, ce qui n’affecte pas la proportion des réponses positives.
Plus en détail, on observe que ceux qui se déclarent « préoccupés par la situation des populations dans les pays pauvres » sont deux fois plus nombreux (20%) à considérer que l’APD est efficace que ceux qui ne se disent pas (ou pas du tout) préoccupés par la situation dans ces pays (10%).
Les personnes interrogées de 18 à 34 ans sont également beaucoup plus nombreuses à estimer que l’APD est efficace (21%) que leurs aînés (12%).
On notera que pour la plupart des personnes interrogées, cette question ne repose pas véritablement sur une connaissance des mécanismes financiers de la solidarité internationale, ses contours et périmètres d’action. Les Français ne disposent pas de connaissance précise leur permettant de juger de manière précise dans quelle mesure l’APD est efficace ou pas. Il s’agit davantage d’une question qui interroge des postulats personnels à partir d’une supposition toute théorique à propos de l’efficacité/inefficacité de l’APD. La distribution des réponses n’en demeure pas moins très structurée.
Qui peut vraiment « changer les choses » pour réduire la pauvreté dans les pays en développement ?
Invités à mesurer la capacité de chacun des acteurs, individuels, institutionnels, publics ou privés, nationaux ou internationaux à réduire la pauvreté dans les pays défavorisés, les personnes interrogées identifient d’abord l’action des Nations unies et organisations internationales, puis les entreprises privées et les ONG.
D’un côté, c’est une manière de souligner la nécessité du multilatéralisme, c’est-à-dire que les personnes interrogées reconnaissent que le problème de la pauvreté dans les pays défavorisés exige une réponse mondiale portée par des organisations agissant à l’échelle internationale. Vient ensuite la reconnaissance du rôle des entreprises privées en tant que puissances économiques susceptibles d’agir. Enfin, les ONG sont également citées comme des acteurs susceptibles d’avoir un impact positif en matière de développement.
On observe cependant pour ces trois entités (organisations internationales, entreprises privées, ONG), que l’optimisme (ou la confiance) quant à leur capacité de « faire la différence » en matière de réduction de la pauvreté a respectivement diminué de plusieurs points entre 2019 et 2023.
L’efficacité de l’action du gouvernement français pour réduire la pauvreté dans les pays défavorisés est jugée inférieure à celle des ONG (-8 points), des entreprises privées (-11 points) et des institutions internationales (-17 points). On peut y voir une critique dissimulée (et récurrente) à l’égard de l’incapacité du gouvernement, mais aussi la prise de conscience par les personnes interrogées que la France ne peut, à elle seule, résoudre un défi mondial de ce type.
L’orientation politique à gauche (+13 points) ou au centre (+7 points) est associée à une plus grande confiance dans le rôle du gouvernement à ce sujet en contraste avec celle à droite (-6 points).
Enfin, seuls 12% (stable entre 2013 et 2023) des Français·es déclarent que leur(s) action(s) (dons, bénévolat, pétition, etc.) peut(vent) « faire la différence », un marqueur qui ne plaide pas en faveur de l’engagement personnel citoyen en faveur de la solidarité internationale.
Évolution du comportement des Français·es à l’égard des enjeux de solidarité internationale
Le projet de recherche Development Engagement Lab (DEL) permet de suivre un certain nombre d’indicateurs d’engagement comportemental, à partir de ce que les personnes interrogées déclarent faire, ou non, à propos des enjeux de lutte contre la pauvreté dans le monde. En l’occurrence, si elles se tiennent informées sur ces problématiques, si elles transmettent ou partagent des informations, si elles écrivent à leur élus, font des dons, du bénévolat, si elles manifestent ou boycottent des produits, etc.
C’est en agrégeant ces données trois fois par an depuis fin 2019 que nous sommes en mesure de définir six catégories d’individus en fonction de leur degré d’engagement (ou d’opposition) à la solidarité internationale : très engagé, engagé, informé, modérément engagé, totalement désengagé ou opposé à la cause.
Stabilité du niveau d’engagement des Français·es en faveur de la solidarité internationale
La proportion des personnes très engagées, engagées ou informées sur les enjeux de solidarité internationale, n’a pas véritablement évolué sur l’année 2023.
En revanche la proportion des personnes totalement désengagées ou opposées à la cause de la solidarité internationale a plutôt diminué depuis juin 2023. Ce qui signifie qu’il y a moins de personnes qui s’opposent aux efforts (individuels ou nationaux) mis en place pour lutter contre la pauvreté dans le monde.
On remarque que la proportion des personnes « modérément engagées » n’a jamais été aussi élevée (36%) qu’en octobre 2023. Il s’agit d’individus qui ne démontrent pas une parfaite connaissance des enjeux de développement, qui ne font pas de dons régulièrement, ni ne manifestent en faveur de la solidarité internationale, mais dont certains de leurs comportements (lecture, discussions, transmission d’information) signifient qu’ils ne sont ni indifférents à la cause, ni opposés. C’est le segment de la population que les campagnes de mobilisation doivent investir en particulier, pour transformer ce faible degré de sensibilisation aux enjeux de développement en un engagement plus prononcé.
Ce que les Français·es font ou ne font pas en faveur de la lutte contre la pauvreté dans le monde
En mesurant les actions et comportements de Français·es en lien avec la lutte contre la pauvreté dans le monde et le développement, on constate que les modes d’engagement les plus courants relèvent du domaine informationnel : lire - regarder - écouter - discuter - partager.
Agir en tant que consommateur (achat/boycott) se range au second rang des types de pratiques comme une manière de s’engager ou de s’opposer à des situations relatives au développement des pays pauvres. Cette pratique est plus souvent déclarée à mesure que les personnes interrogées sont diplômées (écart de 11 points entre ceux qui n’ont pas le Bac et ceux qui ont au minimum un Bac+2).
La pratique du don demeure conséquente, davantage que l’engagement militant ou bénévole dans une association. En matière d’âge, la pratique du don est décorrelée du pouvoir d’achat : les personnes de 18 à 24 sont plus nombreuses à déclarer avoir fait un don à une organisation agissant en faveur du développement, que leurs aînés (écart de 9 points).
Les plus jeunes (de 18 à 34 ans) sont plus deux fois nombreux que leurs aînés à déclarer avoir participé à des rassemblements/manifestations, soit +9 points par rapport à la moyenne des réponses. On observe des variations proportionnelles à propos des signatures de pétitions/exprimer son opinion, du bénévolat ou de l’investissement personnel en tant que membre adhérent.
Si l’on compare les données collectées en octobre 2023 avec celles d’octobre 2019 (soit avant la pandémie de Covid19 ou la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques), on observe une chute de toutes les pratiques d’engagement, avec un écart de plus de 12 points en matière de boycott, transmission d’information, expression/pétition, etc. D’autres pratiques semblent moins affectées.
Évolution de la générosité des Français·es à l’égard des pays les plus pauvres
20% des personnes interrogées en France déclarent avoir fait un don à des associations œuvrant dans le domaine du développement sur les douze derniers mois
La mesure de la générosité des personnes interrogées dans les quatre pays de DEL (France, Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis) est effectuée trois fois par an depuis septembre 2019. En France, 20% des adultes ayant pris part à cette enquête en septembre 2023 déclarent avoir fait un don dans les 12 derniers mois à une association ou une ONG travaillant sur "la lutte contre la pauvreté et pour le développement des pays pauvres". En France, cette proportion est stable depuis octobre 2022. Auparavant, il fluctuait modérément selon les enquêtes avec un écart maximal de 6 points de pourcentage entre 17% (juin 2020 - après le Covid-19) et 23% (janvier 2020 – avant le Covid-19).
Dans les trois autres pays dans lesquels DEL mène cette enquête (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis), on constate depuis le début de l’année 2023 une baisse de la proportion des personnes déclarant avoir fait un don "dans les 12 dernier mois". Soit une baisse concomitante avec l’inflation. En octobre 2023, c’est en France que l’on mesure le pourcentage le plus élevé de personnes déclarant avoir fait un don pour soutenir le développement des pays les plus pauvres, soit :
– +4 points par rapport aux donateurs britanniques (16%)
– +5 points par rapport aux donateurs allemands (15%)
– +7 points par rapport aux donateurs américains (13%)
Ce qui incite à faire un don à une association caritative de lutte contre la pauvreté dans le monde
Quand on observe les raisons qui incitent les personnes interrogées en France à faire un don pour soutenir le développement des pays les plus pauvres, la reconnaissance du travail effectué par l’association et la réputation des ONG qui reçoivent le don, arrivent en tête de ce qui déclenche l’acte de générosité. Tout se passe comme si la démarche du don reposait sur un double mécanisme :
En deuxième position, on note que la générosité est simplement rendue possible par le fait d’avoir les moyens de donner, soit un argument à la fois rationnel et factuel. Cette réponse peut, à elle seule, expliquer les légères variations dans les pourcentages de ceux qui déclarent avoir fait un don, au regard d’une disponibilité fluctuante de la capacité à donner, à distance d’une cause spécifique et en fonction des périodes de l’année.
La qualité de l’appel au don (15%) ou le sentiment que le don va changer les choses (10%) sont deux arguments assez relatifs.
On observe que les personnes interrogées de 18 à 44 ans sont proportionnellement plus nombreuses (23%) à déclarer avoir fait un don à des organismes de solidarité internationale sur les 12 derniers mois que leurs aînés (17%).
On note également que c’est à partir de 40.000€ de revenus annuels que l’occurrence du don augmente.
Enfin, les sympathisants de gauche et du centre de l’échiquier politique sont proportionnellement plus nombreux à déclarer faire un don, soit un écart de +12 points par rapport aux sympathisants de droite.
Ce qui dissuade de faire un don à une association caritative de lutte contre la pauvreté dans le monde
Pour 38% des personnes interrogées, c’est, en toute logique, l’incapacité (le manque d’argent disponible) qui dissuade le plus de faire un don à une organisation de solidarité internationale.
Les deux raisons suivantes invoquées ont trait à la crainte que les sommes allouées ne soient pas pertinemment utilisées au service de la cause (25%), et à un enjeu de confiance dans les structures récipiendaires (22%). Le fait de ne pas donner repose donc en partie sur un sentiment de doute, quant à l’utilité/efficacité du geste ou quant à la capacité/probité de l’acteur récipiendaire.
Seuls 7% déclarent ne pas avoir été sollicités sur cette question, ce qui laisse supposer que les Français·es sont fréquemment invités à être généreux en faveur d’acteurs de la solidarité internationale. C’est à partir de cette mesure que l’on doit considérer les 20% de donateurs déclarés dans les 12 derniers mois en France.
Ces données sont issues de nos sondages réalisés par l’Institut YouGov et pilotés par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab. Information et méthodologie disponible ici. |