Focus 2030
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Les Français·es et la solidarité internationale, ce que nous apprend le projet de recherche-action Development Engagment Lab (DEL)

Publié le 14 décembre 2021 dans Sondages

Soutien à l’aide publique au développement, implication personnelle dans la lutte contre la pauvreté, rôle que la France devrait jouer dans la réponse mondiale à la pandémie, préoccupations environnementales, soutien à la politique étrangère féministe de la France : cet article permet de visualiser dix enseignements-clés du projet Development Engagement Lab.

 

 

 

En partenariat avec l’University College London (UCL) et l’Université de Birmingham, Focus 2030 mène un programme de recherche-action destiné à analyser les perceptions, attitudes, comportements et ressentis des citoyens sur les enjeux de solidarité internationale dans quatre pays : France, Allemagne, États-Unis et Royaume-Uni.

Intitulé Development Engagement Lab (DEL), ce projet vise à alimenter en données chiffrées et représentatives des opinions françaises les acteurs du développement (ONG, fondations, think tanks, ministères, institutions publiques, organisations internationales) afin de leur permettre de mieux saisir les attentes citoyennes et renforcer l’impact de leurs actions de communication, de mobilisation citoyenne, de recherche et de plaidoyer. Le projet DEL (2018-2023) a succédé au projet Aid Attitudes Tracker (2013-2018), ce qui permet de mesurer, à partir de dix questions spécifiques, l’évolution des opinions sur plusieurs années.

 

1 - L’évolution du soutien des Français·es à l’aide publique au développement (APD)

Depuis 2013, soit le début du projet de recherche DEL (initialement AAT de 2013 à 2018), le pourcentage des Français·es en faveur d’une augmentation de l’aide publique consacrée par la France aux pays en développement est passé de 18 % en décembre 2013 à 24 % en janvier 2022, avec un pic à 37 % en février 2020.

Selon les mêmes proportions, le pourcentage de Français·es en faveur d’une diminution de l’APD a baissé de 43 % en décembre 2013 à 27 % en janvier 2022.

Bien que l’on observe un fléchissement de cette tendance depuis juin 2020, le pourcentage de Français·es en faveur d’une augmentation de l’APD et celui de ceux et celles favorables au maintien d’un même niveau d’APD démontrent qu’une majorité de Français (55 %) ne souhaitent pas la diminution du montant de l’APD.

 

 


En comparant les pourcentages de citoyen·ne·s Français, Allemands, Britanniques et Américains en faveur d’une augmentation de l’APD, soit les données mesurées dans les quatre pays du projet DEL, c’est en France que l’on trouve le plus fort soutien (+6 points par rapport aux trois autres pays).

 

 

 

2 - Ce que les Français·es sont prêt·es à faire pour lutter contre la pauvreté

De nombreux Français·es se mobilisent pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Sur les douze derniers mois, 35 % déclarent avoir fait un don, 34 % ont signé une pétition, 21 % ont fait du bénévolat. On remarque que 36 % déclarent avoir boycotté des produits, c’est à dire avoir orienté leurs pratiques de consommation au regard de cette cause.
 

 

 

3 - Ce qui déclenche la générosité des Français·es en matière de solidarité internationale

Parmi les Français·es qui déclarent faire des dons à des associations caritatives ou des ONG œuvrant dans le domaine du développement international :

  • 38 % (en pourcentages cumulés sur trois réponses possibles) sont motivés par le fait de "croire en la cause représentée par l’ONG et au travail qu’elle effectue".
  • 20 % déclarent donner au regard de la réputation de l’ONG.

 Dans ces deux cas, il s’agit d’un plébiscite du sentiment de confiance en tant que susceptible de déclencher l’acte de don.

  • Par ailleurs, pour 25 % des Français, le don repose sur la capacité à être généreux, en d’autres mots, c’est en ayant assez pour soi que l’on peut plus aisément porter intérêt aux autres.

 

 

 

4 - Les Français·es soutiennent une solidarité entre tous les pays en matière sanitaire dans le contexte de la pandémie de Covid-19

51 % des Français·es estiment que, dans le contexte d’une pénurie de vaccins, la priorité devrait être de protéger équitablement toutes les populations vulnérables et tous les personnels de santé de tous les pays en même temps (« développés » ou « en développement »).

Cette opinion fait consensus tout en étant surreprésentée chez les sympathisant·e·s de gauche (+ 14 points) et sous-représentée chez les sympathisant·e·s de droite (-7 points).

 

 

 

  • 78 % des Français·es estiment que les laboratoires pharmaceutiques devraient baisser le prix des vaccins pour permettre aux populations des pays en développement d’en bénéficier.
  • 69 % des Français·es sont favorables à la transparence des prix des vaccins anti-Covid-19.
  • 60 % des Français·es sont en faveur de la levée des brevets afin de permettre aux pays en développement d’être autonomes pour fabriquer les vaccins.

 

 

 

5 - Connaissances et méconnaissance des Objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris

Des sujets abondamment mentionnés dans les médias généralistes demeurent parallèlement très peu connus des Français·es. Ainsi, on observe que les Objectifs de développement durable, en tant qu’agenda international, ne sont connus que par 9 % des Français·es, un pourcentage qui n’évolue pratiquement pas depuis 2018. Ce qui n’empêche pas les Français·es d’être attentifs, voire sensibles à certaines thématiques développées par les ODD, notamment les enjeux environnementaux, l’égalité entre les sexes, la lutte contre les inégalités et la pauvreté, etc.

 

 

 

Pour autant, l’opposition à certains des objectifs majeurs des ODD sans que l’agenda international ne soit mentionné, est relativement faible (entre 10 % et 14 %). En moyenne, 69 % des Français·es sont donc d’accord pour que la France ne diminue pas ses efforts dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités, la faim, l’accès inégal à la santé et à l’éducation, et l’impact du changement climatique.

 

 

 

29 % des Français·es interrogés déclarent connaitre l’Accord de Paris, 39 % en ont entendu parler sans vraiment savoir ce que c’est. Les hommes sont deux fois plus nombreux (40 %) que les femmes (19 %) à déclarer savoir ce que c’est.

 

 

 

6 - Les enjeux environnementaux représentent une des préoccupations prioritaires des Français·es

En septembre 2019, le changement climatique et les questions environnementales représentaient la préoccupation sélectionnée en premier ressort par 52 % des Français·es. Le terrorisme était alors cité en seconde position par 42 % des répondant·e·s, suivi par "les inégalités" et "les flux migratoires".

Au fur et à mesure des enquêtes, les Français·es se sont davantage déclarés soucieux des crises économiques, du chômage et du pouvoir d’achat que des enjeux environnementaux.

Dès l’arrivée de la Covid-19, les grandes pandémies ont gagné 8 points de pourcentage parmi les préoccupations spontanément sélectionnées en premier. La préoccupation quant aux flux migratoires ou aux inégalités varie un peu ces deux dernières années, tandis que, du fait d’une répartition différente des préoccupations, les guerres, conflits et le terrorisme inquiètent de moins en moins sur cette même période.

 

 

 

7 - Les Français·es sont de plus en plus impliqués et conscients des enjeux environnementaux

68 % des Français·es déclarent faire plus attention à leur de manière de consommer au regard des enjeux environnementaux depuis ces cinq dernières années. Ce changement de comportement est particulièrement déclaré par les femmes (+8 points par rapports aux hommes), les jeunes de 18 à 34 ans (+5 points par rapport à leurs aînés), ceux·elles qui ont au moins le Bac (+8 points par rapport à ceux·elles qui n’ont pas le Bac), les sympathisant·e·s de gauche et du centre (+15 points par rapport à la droite), et les personnes un peu plus aisées.

Le marqueur principal de cette prise de conscience traduite en comportements personnels est donc l’orientation politique.

 

 

 

8 - Le soutien majoritaire des Français·es à l’égalité entre les femmes et les hommes

61 % des Français·es approuvent la décision de la France d’adopter une diplomatie féministe. Même si cette approbation est majoritairement partagée par tous les Français·es quels que soient les catégories socio-démographiques, on remarque que cette proposition est davantage soutenue par les femmes (68 %) que par les hommes (54 %), par les sympathisant·e·s de gauche (69 %) davantage que par les sympathisant·e·s de droite (55 %), par les Français·es à partir de 45 ans (64 %), que par les Français de 18 à 44 ans (56 %).

 

 

 

61 % des Français·es estiment que faire en sorte qu’il y ait le même nombre de femmes et d’hommes dans toutes les instances de décision est une bonne manière de faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes.

 

 

 

9 - Qui lit quoi pour s’informer sur l’actualité internationale ?

90 % des Français·es déclarent « consommer » entre 30 minutes et 3 heures par jour d’informations sur les actualités nationales ou internationales, quel qu’en soit le format ou le support de diffusion.

La télévision demeure, toutes catégories d’âges confondues, la source principale d’information sur les actualités internationales. Tout en restant dominant, cet usage spécifique de la télévision augmente avec l’âge : 30 % chez les 18-34 ans contre 51 % chez les plus de 35 ans. En revanche, en moyenne, les 18-29 ans sont plus nombreux à utiliser les réseaux sociaux (30 %, soit +25 points de pourcentage) comparé à la moyenne (5 %) des personnes de plus de 40 ans.

 

 

 

L’usage des supports médiatiques pour se tenir informés des informations relatives à l’international est cependant varié en fonction des catégories socio-professionnelles. Les étudiant·e·s sont par exemple beaucoup moins nombreux à déclarer regarder la télévision (-25 points de pourcentage). Ils privilégient massivement l’usage des réseaux sociaux.

 

 

 

10 - La sensibilité très relative des Français·es aux enjeux des migrants qui fuient leurs pays pour venir en Europe

La solidarité des Français·es vis-à-vis des personnes fuyant leur pays et arrivant en Europe (migrant·e·s et réfugié·e·s) est très relative et n’évolue pas. Les jeunes de 18 à 24 ans sont plus nombreux à penser que tout doit être fait pour leur venir en aide (+11 points de pourcentage). Cette solidarité vis-à-vis des migrant·e·s en Méditerranée est marquée chez les sympathisant·e·s de gauche (+29 points) et du centre (+7 points) en comparaison avec les sympathisant·e·s de droite (-16 points).

 

 

 

Ces données sont issues de nos sondages réalisés par l’Institut YouGov et pilotés par l’équipe de recherche du University College London et de l’Université de Birmingham dans le cadre du projet Development Engagement Lab. Information et méthodologie disponible ici.